2.3.2 Situation macro-économique du Tchad
L'arrivée du pétrole changera certains
paramètres de cette donne. La croissance s'est fortement
augmentée, de 9% en moyenne entre 2001 et 2002 du fait des
investissements massifs réalisés dans le cadre du projet
pétrolier (SNRT, 2003). Les projections ont tablé sur une
croissance de 37,5% en 2004, tirée par l'exploitation
pétrolière.
Doté par les investissements dans le secteur
pétrolier, le taux de croissance du PIB était de 9,9% en 2003 et
il a été projeté à 37,8% en 2004, et 13,2% en 2005,
comparé à des taux de croissance hors pétrole de 5,6% et
5,1% respectivement pour les deux années (SNRP, 2003). Le taux de
croissance à long terme est projeté pour se stabiliser entre 2,4%
et 2,7%. Le rythme de croissance à long terme sera inférieur aux
7% requis pour réduire la pauvreté (SNRP, 2003).
Le défi est donc de redynamiser l'offre de
l'économie hors pétrole, son intégration dans les
marchés mondiaux, et sa diversification dans les secteurs ayant une
forte potentialité de croissance et de réduction directe de la
pauvreté. Un défi de taille car le problème de trouver les
moyens de soutenir l'accélération de la croissance
apportée par le secteur pétrolier n'est
3 Initiative des Pays Pauvres Très
Endettés.
4 Stratégie Nationale de Réduction de la
Pauvreté.
pas simple pour trois raisons. Premièrement, les
études comparatives montrent que les économies basées sur
l'exploitation des ressources naturelles croissent relativement moins vite que
les économies démunies de ressources. C'est le «
fléau de ressources naturelles » ou le « paradoxe de
l'abondance » qui s'explique par le fait que le secteur exploitant la
ressource forme très souvent un îlot dans l'économie et
n'exerce que peu d'effets d'entraînement sur la croissance du reste de
l'économie. La deuxième raison est que, comme les études
le montrent également, les accélérations de la croissance
de courte durée ne se transforment que très rarement en une
croissance soutenue de long terme. Le Tchad est justement cité parmi les
12 pays africains dont les économies ont connu une telle
accélération de croissance de contre durée (4% pour
l'économie tchadienne dans les années 71) sans enclencher un
mouvement soutenu dans le temps.
2.3.3 La dégradation des conditions
économiques au Tchad
L'ECOSIT (Enquête sur la Consommation et le Secteur
Informel au Tchad) est la seule source des données sur la
dégradation des conditions de vie des populations tchadiennes. L'indice
de pauvreté globale, estimé au niveau national, est de 54%. Il
est de 37,5% dans le Chari Baguirmi dont 34,9% à N'djaména ;
55,9% dans le Logone Occidental dont 39,5% à Moundou ; 50,0% dans le
Moyen Chari dont 58,0% à Sarh ; 50,6% dans le Ouaddaï dont 20,1%
à Abéché. Les ménages les plus pauvres sont ceux
dirigés par les femmes, ils représentent 44% du total à
N'djaména et 67% à Sarh.
Les principales manifestations de la pauvreté humaine
au Tchad liées à des facteurs de risque sont : la faim et la
malnutrition résultant essentiellement du déficit et de
l'insécurité alimentaire ; les fortes mortalités
maternelle et infantile sont la conséquence de l'accès
limité des femmes aux services de santé de la reproduction ainsi
que de l'exposition des enfants à des maladies infectieuses et
parasitaires ; la forte incidence du VIH/sida et du paludisme est due
essentiellement à la non utilisation des moyens de prévention et
de protection ; de l'accès limité à l'eau potable et aux
services d'assainissement est la résultante de l'insuffisance et du
dysfonctionnement des points d'eau modernes, des latrines et des
systèmes d'évacuation ; et la forte déscolarisation au
primaire est causée par l'inaccessibilité économique
(surcoût) ou culturelle (perception) de l'école.
Les faiblesses intrinsèques aux stratégies
structurelles et politiques de développement ainsi que la
fragilité chronique de la sécurité et de la paix sont
considérées comme les déterminants structurels de la
pauvreté humaine au Tchad.
Au Tchad, plus de 500 000 personnes se trouvent chaque
année en situation d'insécurité alimentaire chronique et
conjoncturelle (Ministère de l'Agriculture du Tchad, 2003). La faim
frappe notamment des personnes particulièrement vulnérables en
milieu rural ou urbain : veuves, handicapés, retraités de la
fonction publique, personnes âgées sans soutien, ménage
avec un grand nombre d'enfants en bas âge. Cette situation est
aggravée par les crises humanitaires récurrentes comme celle qui
sévit actuellement à l'Est du pays à la suite des troubles
du Darfour.
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