1.1.2. Le Sud-Kivu comme espace politique
Le Sud-Kivu est l'une de 24 provinces de la RDC. Il comprend
deux institutions, à savoir un gouvernement provincial et une
Assemblée Provinciale. Il est composé de la ville de Bukavu et de
huit territoires: FIZI (15.786Km2), Idjwi (281Km2),
Kabare (1.960Km2), Kalehe (5.707Km2), Mwenga
(11.172Km2), Shabunda (25.216Km2), Uvira
(3.146Km2), Walungu (1.800Km2) comme l'indique la carte
administrative ci-dessous.
Fig. n° 1 : Carte administrative de la Province du
Sud-Kivu
Les institutions politiques en place sont l'émanation
d'un processus politique des élections pluralistes de 2006. Plusieurs
partis politiques et compris les acteurs de la société civile
sont en compétition pour le contrôle de l'espace politique. A
côté d'eux, se sont développés les groupes informels
qui, par des moyens violents cherchent à contrôler les enjeux
politiques. Ce sont les mouvements de résistance, dits «
MaïMaï ». Ils ont des revendications - souvent mal
cristallisées - adressées à la société
politique, et dont certaines expriment la volonté de participer à
la gestion de la « cité ».
Dès lors, l'espace politique devient un enjeu qui
alimente les mécontentements, les débats politiques, les
positions sociales, les symboles et idéologies dans l'imaginaire
collectif.
1.1.3. Le Sud-Kivu comme espace multiculturel (7)
Le Sud-Kivu est formé des populations appartenant
à plusieurs communautés ethniques. L'ethnographie du Sud-Kivu
retient une diversité de groupes ethniques notamment :
- Babembe : en Territoire de FIZI
- Bafuliro : en Territoire d'Uvira
- Bahavu : en Territoire de Kalehe et Idjwi
- Balega : en Territoire de Mwenga, Shabunda, FIZI
- Banyindu : en Territoire de Walungu et Mwenga
- Bashi : en Territoire de Walungu, Kabare, Kalehe et Mwenga
- Bavira : en Territoire d'Uvira
- Batwa : en Territoire de Kalehe, Idjwi, Kabare
7 Le concept de multiculturalisme «
recouvre en réalité trois grandes significations qui se
superposent : il exprime d'abord un constat, celui de la coexistence au sein de
nos sociétés de plusieurs cultures, il fait ensuite
référence à un idéal ethnique et politique soucieux
de concilier l'égalité et la reconnaissance des
différences culturelles, il sert enfin à désigner les
réponses politiques apportées par certains Etats aux
discriminations liées à l'appartenance à des
minorités ethniques et culturelles ». (Lire J. ETIENNE et
Alii, Dictionnaire de Sociologie, Paris, Hatier, 2004, p.291).
Citant B. Verhaegen, I. Ndaywel et L. de Saint Moulin, G.
Muheme retient les ethnies suivantes au Sud-Kivu : Bafulero, Bavira, Baluna,
Aluba, Ankurshu, Matapa, Bakongolo, Wazimba, Malela, Babembe, Bangubagu,
Bahombo, Babuyu, baholoholo, Batumbwe et Balumbu(8)
Il cite en plus de groupes ethniques comme les Bashi,
Bafuliro, Bahavu, Bulega, Babembe, Babuyu, Bweri, etc.(9) on
retrouve ces groupes ethniques dans la carte élaborée par
Léon de Saint Moulin pour l'ethnographie du Kivu.
Fig. n° 2 : Carte ethnographique du Kivu
Source : L. de SAINT MOULIN, « Conscience nationale et
identités ethniques. Contribution à une culture de la paix »
in Congo-Afrique, n° 372, Février 2003, pp. 93-128
8 G. MUHEME, Les guerres imposées au Kivu,
Intérêt économique ou management social,
Louvain-la-Neuve, Bruylant-academia, 1999, p.44.
9 Ibidem, p.44 et passim
Le Sud-Kivu n'est pas une catégorie socio-culturelle
homogène. Il est plutôt un cadre géographique
multiculturel. En effet, l'existence de plusieurs groupes ethniques au Sud-Kivu
(multiculturalisme) entraîne naturellement des revendications
identitaires qui sont à leur tour source des tensions et de conflits
entre groupes. En effet, ethnicité qui s'observe devient un enjeu, une
ressource de mobilisation des groupes. L'exacerbation de ces logiques
identitaires aux fins économistes ou belliqueuses à travers les
mouvements collectifs est manifestement favorisée par
l'incapacité avérée de l'Etat à positiver ou
à réduire la pertinence de l'ethnicité. A ce sujet, nous
retenons de Benoît Nemery ce qui suit :
« Il n'est pas utile de nier ou de refouler le fait
ethnique, car cela ne fait qu'exacerber l'ethnicisme, mais il faut domestiquer
l'ethnicité et lui faire perdre sa pertinence sur les plans politiques,
sociaux et économiques »(10).
Expliquer un objet d'étude aussi complexe dans un
environnement dynamique et aux enjeux contradictoires impose le respect
rigoureux des principes de la démarche scientifique.
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