15 CHAPITRE PREMIER :
CONSIDERATIONS GENERALES, THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
Introduction
Ce chapitre est à la fois la description de quelques
aspects identitaires du champ d'étude et des mouvements de
résistance relevés au Sud-Kivu ainsi que la présentation
de la démarche scientifique de cette recherche.
Le Sud-Kivu est naturellement caractérisé par
une diversité d'aspects qui lui confèrent une
particularité identitaire par rapport aux autres Provinces de la R.D.
Congo. Il n'est pas question de les relever tous ici sous peine d'une
monographie d'en souligner certains ayant un rapport direct avec le sujet
traité. La recherche scientifique entant que processus rationnel et
méthodique se doit d'être justifiée dans toutes les
étapes qui la fondent. C'est pourquoi, il nous a paru nécessaire
à ce stade de recherche d'expliciter la démarche suivie de la
conception du sujet à la composition voir la rédaction de ce
travail. Ainsi, il sera fait un balisage théorique, conceptuel et
méthodologique de notre recherche.
1.1. Le Sud-Kivu : un espace géographique, politique
et multiculturel
Le Sud-Kivu est un espace où s'agrègent et se
désagrègent plusieurs enjeux dont sont justiciables des processus
sociaux antinomiques et contradictoires : intégration,
désintégration, conflit, ethnicité, étatisation,
richesse, pauvreté, mouvement des populations, compétition
politique, etc.
1.1.1. Le Sud-Kivu comme espace géographique
La Province du Sud-Kivu a une superficie de
69.130Km2. Elle est limitée à l'Est par les
Républiques du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie ; au Sud-Est par la
Province du Katanga ; au Sud, à l'Ouest et au Nord-Ouest par la Province
du Maniema ; au Nord par la Province du Nord-Kivu.
Son relief est varié. En effet, l'Est est
caractérisé par un relief montagneux tandis que le centre et
l'ouest ont respectivement les hauts plateaux et les bas plateaux. Le relief le
plus bas s'observe dans la plaine de la RUZIZI (depuis Uvira jusqu'à
Kamanyola).
Le climat varie selon qu'on se trouve à l'Est, au
centre ou à l'Ouest, dans la plaine de la RUZIZI : le climat de montagne
aux températures douces à l'Est ; le climat équatorial au
centre et à l'Ouest et le climat tropical à tendance sèche
dans la plaine de la RUZIZI. La végétation est montagnarde
à prédominance herbeuse ainsi que la forêt.
L'hydrographie y est abondante avec la présence de deux
lacs à savoir : le Lac Tanganyika (773 m) et le lac Kivu (1.470m) ainsi
que plusieurs cours d'eau appartenant au bassin hydrographique du Fleuve
Congo.
La situation pluviométrique est
caractérisée par des pluies abondantes dans les territoires de
Fizi, Mwenga et Shabunda à raison de 9 mois de saison de pluie et 3 mois
de saison sèche ailleurs.
Le sol est argileux (Kabare, Walungu, Idjwi, Kalehe) et
sablonneux (Fizi, Uvira, Mwenga, Shabunda).
En général, il est fertile et favorable à
l'agriculture. Des minerais divers (or, coltan, cassitérite, orflamite,
etc.) sont signalés à plusieurs endroits particulièrement
à Mwenga, Shabunda, Fizi et Kalehe.
Les activités économiques s'exercent en
plusieurs secteurs, notamment l'énergie (eau, électricité,
braise,...), le transport, la télécommunication, l'environnement
et le tourisme, l'éducation, la santé, les mines, l'industrie,
les banques et autres institutions financières.
L'économie de cette Province est encore faible. A
côté d'une économie informelle en pleine expansion, il
s'observe une insuffisance criante ou une inexistence quasi-totale de
l'industrie lourde, l'industrie de transformation, l'industrie
agro-alimentaire. Le chômage est élevé à la suite du
taux faible des emplois capables de consommer l'importante masse laborieuse
disponible et compétente. Les structures économiques sont
désarticulées au point de limiter la production des richesses
pour un développement local et la compétition économique
nationale et internationale.
Les statistiques démographiques existantes ne sont pas
fiables faute d'un recensement général systématique. Selon
l'Inspection provinciale de la santé, la population du Sud-Kivu est
estimée au mois de septembre 2007 à 4.783.775 habitants.
Les enjeux qui résultent de cet espace
géographique déterminent les réseaux des relations
sociales et économiques qui structurent et restructurent les groupes
sociaux. L'occupation de l'espace devient un objectif des acteurs sociaux pour
assoir sinon améliorer leurs positions sociales dans les réseaux
relationnels, et contrôler les agrégats économiques voire
la structure politique.
En effet, l'occupation de l'espace et partant le
contrôle des ressources a été une motivation à la
création des mouvements de résistance voire des tensions sociales
entre les groupes ethniques ou claniques.
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