4.2.2. Citoyenneté en question
- Regard théorique
La citoyenneté suppose l'appartenance à une
identité
nationale et le respect des droits et devoirs reconnus par la
société. En
accord avec Fred constant (94), nous pouvons retenir
les attributs suivants
à la citoyenneté : idéal, manifestation de
l'identité nationale, ensemble de
droits et d'obligations, participation active à la vie de
la cité, ensemble de
facilités morales. Il retient également trois
dimensions de la citoyenneté à
savoir : les dimensions statutaire, affective et identitaire.
S'agissant de la dimension identitaire, il précise ce qui
suit :
« Loin d'être un simple rouage fonctionnel, la
citoyenneté « marche au symbolique ». Elle est partie de la
« chanson de geste » de l'Etat républicain. Elle tient au
sentiment d'appartenance à une collectivité politique qui utilise
réélabore les liens primordiaux préexistants à
l'Etat en les transférant à son profit. Elle est cette formule
magique qui dissimile la cruauté des rapports sociaux et
l'inégalité des conditions par une projection des individus,
indépendamment de leur localisation dans la structure sociale et la
division du travail, dans la communauté nationale dont le
caractère
94 F. CONSTANT, La Citoyenneté, Paris,
Edition Montchrestien, 1998, pp.26-33.
abstrait n'a d'égale que l'égalité parfaite
de ses membres » (95).
Dans le même ordre d'idées, Alain Touraine ajoute
:
« Historiquement, le sujet moderne s'est incarné
d'abord dans l'idée de citoyenneté, qui a imposé le
respect des droits politiques universels par - delà toutes les
appartenances communautés. Une expression importante de cette
séparation de la citoyenneté et des communautés est la
laïcité, qui sépare l'Etat des Eglises »
(96).
Cette conception théorique est confortable au
phénomène social total qu'est le « mai-maisme »ou le
mouvement de résistance. Des contradictions s'en dégagent dans la
manifestation.
- Regard empirique
Dans l'analyse précédente, il a
été démontré que le déploiement
idéologique des mouvements de résistance se limite aux
entités géographiques et culturelles tribales, et qu'en
conséquence il y a absence d'une rupture entre l'indenté tribale
et l'identité nationale.
Par rapport à la citoyenneté, cette
contradiction entre le tribal et le national fait émerger
l'identité tribale ou locale au détriment de l'identité
nationale facteur de la cohésion sociale et de l'efficacité de
l'Etat. Egalement, les droits et devoirs définis par les traditions et
coutumes prennent une emprise sur les lois nationales et la morale en les
fragilisant et en instituant une culture de la violence. De ce fait, le «
mai-maisme » peut être une source de désintégration
sociale des masses rurales. N'est pas le refus d'un ordre moderniste qui ne
reconnait pas leurs schèmes de pensée et leurs expériences
en tant que sociétés particulières. Dès lors, les
lois sont bafouées notamment en ce qui concerne les droits humains,
les libertés fondamentales et devoirs du citoyen tels que
définis par le texte fondamental du pays.
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