2.2.1.3 Mouvements de résistance nés de
l'opportunisme politique.
A la veille de la Conférence de Goma, plusieurs
mouvements de résistance ont vu le jour justifiant une organisation et
des actions militaires en tant que groupes armés. Bien entendu, outre
les avantages financiers qu'offraient ces assises pour la paix aux Nord- Kivu
et Sud- Kivu, les enjeux politiques étaient de taille : reconnaissance
officielle, nomination aux grades élevés dans l'armée
nationale, nomination aux fonctions ministérielles, ou dans le
portefeuille, l'administration territoriale, etc.
L'on retient dans cette catégorie les mouvements de
résidence suivants : Mai -mai Mahoro, Mai -mai Shabunda. Tous les
mouvements cités plus haut s'accusent mutuellement d'opportunisme. Il
est vrai aussi que, certaines troupes éparpillées ici et
là sous forme de bandes incontrôlées s'étaient
réorganisées sous l'identité groupes armés afin de
participer aux réunions organisées à Goma. Cette
entreprise avait été cautionnée par certains politiques
dans le but de faire nommer les originaires de leurs villages aux postes
élevés dans l'armée particulièrement selon sept
chefs de groupes armés.
Partant des témoignages concordants, nous avons retenu les
mouvements de résistance suivants :
- Mai -Mai Shabunda dirigé par Pamphile Shegi
- Mai -Mai Mahoro dirigé par Mahoro Ngobarufu.
2.2.1.4. Mouvement de résistance de
défense locale.
Dans cette catégorie, on peut ranger un seul mouvement de
résistance appelé « Raiya mutomboki >>58
En effet, « Raiya Mutomboki » n'est pas une
structure milicienne Mai -Mai comme les autres. Il est une initiative
communautaire d'autodéfense populaire pour la protection de la
société contre les abus perpétrés par les F.D.L.R.
et les groupes armés nationaux. Tous les membres de la communauté
sont impliqués dans cette initiative. Cette dernière
résulte d'une prise de conscience de la nécessité d'une
autoprotection contre les ennemis de la paix sociale (Iterahamwe, F.D.L.R.,
Groupes armés) à Shabunda59. Selon Monsieur DEVO'S,
représentant de Raiya Mutomboki dans le programme Amani, c'est en 2004
que ce mouvement a commencé. Il résume en ces termes l'origine de
ce mouvement de résistance :
« Nous n'avons pas existé pendant toutes les
rebellions. C'est en 2004 que nous avons pris la décision de nous
prendre en charge face aux tueries, viols, pillages commis par les Interahamwe,
F.D.L.R., Mai- Mai sur nos populations. Nous assurons seuls l'administration et
la sécurité de notre milieu. Dans ce programme Amani, nous
n'avons besoins ni des grades ni des postes. Nous ne sommes pas un groupe
armé mais une population fâchée qui a besoin de la
sécurité >>60.
Ce type de mouvement de résistance semble particulier
sinon atypique car il lie son existence à un besoin social
immédiat, la paix sans ambition politique ou militaire, et sans
structure de commandement.
58 Cette appellation swahili se traduit par «
peuple fâché » ou « citoyens fâchés
»
59 C'est le plus vaste Territoire de la Province du
Sud-Kivu avec une superficie de 25.216Km2Km2. Cette
superficie avoisine celle de la République de Rwanda. Cette
entité regorge beaucoup de minerais. Il est le bastion de plusieurs
groupes armés.
60 Entretien avec DEVO'S, représentant de Mai
-Mai Raia Mutomboki au Programme Amani en date du 11/4/2009 à BUKAVU.
Dans ce cas, l'on est emmené à parler mieux d'une
mobilisation populaire plutôt que d'un mouvement de résistance.
Le leadership se confond aux structures sociopolitiques
traditionnelles du milieu. La stratégie, les moyens comme le plan des
combats sont arrêtés par les instances décisionnelles. Les
grands féticheurs dits « Docteurs » et autres personnes
respectables sont associés à la prise de toute décision.
D'où, la stabilité et l'efficacité du leadership. Selon
Monsieur Devo's, tous les autochtones, hommes et femmes) sont impliqués
dans les activités de combat. Les femmes sont exclues en période
de menstruation
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