1.2.2.3. Fondement idéologique
- Définir l'idéologie
Ce concept a connu une dédale sémantique à
la base de plusieurs
discussions entre Ecoles. Plus simplement, une idéologie
est une
représentation du monde réel. L'un des
théoriciens modernes de
l'idéologie reste Karl Mannheim.(31) Jean
Etienne et ses compagnies
reprennent de manière admirable les considérations
en ces termes : « C'est à Karl Mannhein que revient le
mérite d'avoir clarifié les différents usages
sémantiques du mot idéologie en les regroupant en deux grands
types de définition : dans son sens évaluatif, l'idéologie
est assimilée à l'erreur, au mensonge politique ; dans son sens
général, le processus d'idéologisation est lié
à toute forme d'engagement politique qui incline à ne voir
le réel que d'un point de vue particulier, en fonction
d'une seule perspective. En ce sens, toutes les classes sociales, y compris le
prolétariat, ont une idéologie »
(32).
31 Son apport élaboré sur
l'idéologie est contenu dans l'oeuvre intitulée
Idéologie et utopie, Paris, Ed. de la Maison des Sciences de
l'homme, 2006.
32 J. ETIENNE, Op. Cit., p.239.
L'idéologie a une dimension représentative et
une dimension axiologique. En effet, l'idéologie fournit une
interprétation de la réalité sociale, elle est un
élément dynamique de la société, elle offre une
autojustification à un groupe social, une représentation de soi
qui définit la place et le rôle joué par l'individu ou le
groupe social.
- Fondements idéologiques
L'interprétation ou l'explication des fondements
idéologiques des mouvements de résistance n'est pas l'histoire
des idées politiques de ces groupes sociaux. Olivier Nay note que :
« L'histoire de la pensée politique permet en
effet de comprendre comment les individus et les groupes produisent des
registres d'intelligibilité pour penser le monde social, son
organisation, son fonctionnement et sa légitimité »
(33).
Dans le cadre de cette étude, les fondements
idéologiques signifient les éléments structurels et les
rationalités qui constituent la base, le soubassement symbolique et
matériel des idéologies véhiculées par les
mouvements de résistance.
1.2.2.4. Actions protestataires
Pour notre étude, les définitions de l'action
sociale proposées par Guy Rocher(34) s'avèrent
inopérantes car teintées des considérations
déterministes lesquelles s'écartent sans réserve de celles
d'Alain Touraine dans l'analyse du social. Malheureusement, ce dernier n'en
donne pas une définition globalisante. Toutefois, il note à ce
propos ce qui suit :
« D'un coté, l'action ne peut se définir
seulement
comme réponse à une situation sociale ; elle est
avant
33 O. NAY, Histoire des idées
politiques, Paris, Armand Colin, 2007, p.5.
34 G. ROCHER, Introduction à la Sociologie
Générale L'action sociale, tome 2, Paris, Ed. HMH, 1968,
pp.25- 30.
tout création, innovation, attribution de sens ; un
mouvement social réel crée des conflits, des institutions, des
rapports sociaux nouveaux, (...)
De l'autre, l'action ne peut pas davantage être
conçue comme l'expression d'un mouvement de l'histoire »
(35).
Les actions protestataires sont des comportements rationnels
ou non observables auprès des mouvements de résistance entant
qu'acteur intégré dans « un système d'action histoire
» (36).
35 A. TOURAINE, Sociologie de l'action, Essai sur
la Société Industrielle, Nouvelle édition, Ed. du
Seuil, 1965, pp. 16-17.
36 Expression chère à Alain Touraine
pour désigner des rapports sociaux, en particulier de domination,
à travers lesquels l'historicité est mise en oeuvre.
43
Figure n°6: Cadre conceptuel de l'étude
Environnement
Culture politique
Motivation Objectif
Structures sociales, politiques et économiques
Mouvements de résistance :
idéologie, actions protestataires ou revendicatrices, acteurs
Stratégies ressources symboliques
et matérielles
1.2.2. Aspects méthodologiques de
l'étude
Ce paragraphe expose la manière dont nous avons
procédé pour récolter les informations sur le terrain et
les analyser. Il précise les moyens méthodologiques
utilisés. Soulignons de prime abord que la méthodologie est selon
une formulation claire de Maurice Angers :
« Ensemble des méthodes et des techniques qui
orientent l'élaboration d'une recherche et qui guident
la
démarche scientifique >>.(37)
Et Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt d'affirmer ceci :
« Il importe avant tout que le chercheur soit capable de
concevoir et de mettre en oeuvre un dispositif d'élucidation du
réel, c'est-à-dire, dans son sens le plus large, une
méthode de travail. Celle-ci ne se présentera jamais comme une
simple addition de techniques qu'il s'agirait d'appliquer telles quelles mais
bien comme une démarche globale de l'esprit qui demande à
être réinventée pour chaque travail
>>(38).
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