1.2.2.3. Culture politique
Les études les plus citées sur cette
catégorie herméneutique de la sociologie politique sont celles de
Gabriel Almond et Sidney Verba dans leur célèbre ouvrage The
Civic Culture Revisited (1980).
Selon eux, une culture politique est « un ensemble de
savoirs, de perceptions, d'évaluations, d'attitudes et de dispositions
qui permettent aux citoyens d'ordonner et d'interpréter les institutions
et processus politiques ainsi que leurs propres relations avec les institutions
et processus ».(29)
Rapprochée de la précédente, la
définition retenue par Philippe Braud souligne ce qui suit :
« La culture politique est constituée d'un
ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus de donner
sens à l'expérience routinière de leurs rapports au
pouvoir qui le gouverne, et aux groupes qui leur servent de
références identitaires ».
27 Pour D. La Peyronnie cité par
Jérôme Lafargue, plus haut cité (p.102), «
l'objectif d'un mouvement social est de favoriser la promotion des
intérits d'un groupe, c'est-à-dire sa participation sociale ou
économique par le moyen d'une augmentation de sa participation
politique. Un mouvement social est la conjonction d'une action politique
menée par une élite qui vise le pouvoir et de la mobilisation des
intérits d'un groupe social à travers une action collective
».
28 A en croire Touraine, Tout mouvement social se
constitue à partir de trois éléments : la
définition du groupe revendicateur (principe d'identité),
l'indentification de l'adversaire (principe d'opposition), l'élaboration
d'un projet social ou politique alternatif (Principe de
totalité).
29 G. ALMOND et S. VERBA, The Civic culture
Revisited, Boston, Little Brown, 1980, p.340.
En accord avec Widvsky, Braud retient un triple rôle de
la culture politique : meaning function (dégager des catégories
qui fassent sens, notamment sur le plan identitaire) ; responsability function
(poser des normes qui délimitent le niveau de responsabilité des
individus dans leurs comportements), Bovandery maintenance function (identifier
les modes de comportements inacceptables, les Ways of life exclus par le
groupe).
Par ailleurs, Braud relève trois groupes d'approches de
la culture politique : les approches anthropologiques, les approches
sociohistoriques et les approches néo-institutionnalistes.
Les premières ont valorisé les enquêtes
empiriques et établissent une typologie de culture politique
fondée sur les valeurs et les représentations. C'est la culture
politique parochiale (Almond, Verba, Nye). Les deuxièmes
représentées par Max Weber, recherchent les modes de
légitimation du pouvoir. Cette dernière s'obtient soit par la
cérémonie du sacré soit par le suffrage universel
identifiant ainsi une culture politique donnée (sociologie historique
élaborée par Bertrand Badie). Les troisièmes enfin,
représentées par Alfred Schütz, Peter Berger et Thomas
Luckmann se fondent sur la notion d'institution en tant qu'elle renferme non
seulement les normes formelles mais aussi le système de symboles, les
schèmes cognitifs et modèles moraux. Cette approche, dit Braud,
associe intimement les phénomènes purement culturels avec des
phénomènes politiques et juridiques de pouvoir.
Selon Peter Berger et Thomas Luckmann(30), les
processus d'institutionnalisation s'effectuent en trois phases successives :
« la typification réciproque » d'action habituelles par les
acteurs, l'intériorisation des catégories comme fait
extérieur et contraignant, la légitimation par les rôles
assumés par les individus.
Ce regard néo-institutionnel sera pris en compte dans
ce travail sans nier la richesse de deux autres approches. Cependant, il est
possible de dépasser l'orientation fonctionnaliste consacrée de
la culture politique en valorisant le jeu des acteurs historiques qui non
seulement tentent de s'y conformer mais aussi la remettent en question par des
voies protestataires et/ou institutionnelles en vue de transformer les
structures politiques, sociales ou économiques. N'est-ce pas là
une tentative nébuleuse d'élargissement actionniste du concept de
culture politique.
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