Les points de vue sur le travail a domicile peuvent
etre très divergents. Certains condamnent ce type de travail en raison
des conditions d'emploi inférieures et non réglementées
qui y prévalent ; d'autres y sont favorables en raison de la
flexibilité qu'il offre et la source de revenus qu'il
représente.
Le Bureau International du Travail a pu faire le
constat suivant : les travailleurs a domicile sont particulièrement
vulnérables du fait qu'ils ne sont pas suffisamment
protégés sur le plan légal, ils sont isolés et
n'ont qu'un faible pouvoir de négociation ; ils touchent très
souvent moins que le salaire minimum tout en travaillant les longues heures
sans jouir de la sécurité de l'emploi et sans etre capables de
faire respecter les obligations contractuelles souscrites envers eux. Il a
été également constaté que la majorité
d'entre eux sont des femmes et des enfants qui, en raison de leurs
responsabilités familiales ou de leurs manque de qualifications, n'ont
pas pu obtenir un emploi régulier. Par ailleurs, même si les
statistiques, ne fournissent pas d'estimation fiable de l'effectif global des
travailleurs a domicile, il ressort de différentes enquêtes et
études que le travailleur a
domicile est très répandu et qu'il
semble gagner du terrain depuis quelques années.
L'OIT a expliqué sa préoccupation a
plusieurs reprises au sujet des conditions de vie et du travail des
travailleurs a domicile et a insisté sur la nécessité de
concevoir, des moyens permettant de protéger plus efficacement ces
travailleurs.
Afin de donner suite a une décision du conseil
d'administration, le bureau a convoqué, en octobre 1990, une
réunion d'experts sur la protection sociale des travailleurs a domicile.
Cette réunion avait pour mandat d'examiner la nature et l'ampleur du
travail a domicile, les problèmes qu'il pose ainsi que
l'expérience en matière de protection et d'organisation de cette
catégorie de travailleurs. Elle était également
chargée de donner des avis sur l'action future de l'OIT dans le domaine
et d'envisager les besoins d'élaborer des nouvelles normes
internationales du travail. La réunion d'experts a formulé un
certain nombre de recommandations, y compris au sujet de l'action normative de
l'OIT. Ayant constaté que le travail a domicile est largement
répandu de par le monde et qu'il importe d'améliorer les
conditions de travail et de vie des travailleurs qui le pratiquent, les experts
ont suggéré que l'OIT accorde plus d'attention aux
problèmes de ces travailleurs et a la promotion de politiques et des
programmes visant a leurs assurer une protection adéquate. En outre, ils
ont recommandé que le bureau examine dans quelle mesure les normes de
l'OIT existantes assurent une protection aux travailleurs a
domicile.37
Malgré les conventions et recommandations de
l'OIT, les gouvernements excluent généralement les travailleurs
domestiques des protections au travail accordées a d'autres
catégories professionnelles et ne parviennent pas a réglementer
des pratiques de recrutement qui endettent lourdement les travailleurs ou les
informent de fagon erronée sur leurs conditions de travail.
Au lieu de garantir aux travailleurs domestiques la
possibilité de travailler dans la dignité, sans etre
confrontées a la violence, les gouvernements leur ont
systématiquement refusé le bénéfice des principales
regles de protection du travail dont jouissent d'autres catégories de
travailleurs. Le rapport synthétise les recherches conduites par le HRW
depuis 2001 sur les abus commis contre les femmes et les enfants domestiques
originaires du Salvador, du Guatemala, d'Indonésie, de Malaisie, du
Maroc, des Philippines, d'Arabie et des USA ou travaillant dans ces
pays.38