La problématique de la restructuration de la dette extérieure de la RDC telle qu'opérée en 2002( Télécharger le fichier original )par Cédric KALOMBO KABANGU Université officielle de Mbujimayi - Licence 2008 |
11.3 Crise de I'endettement en RDCLa République Démocratique du Congo a vu le poids de sa dette extérieure passer de 380millions de dollars US en 1970 à 12.9 milliards de dollars US en 2002 dont près de 10,5milliards de dollars US d'arrières (80% de la dette du pays sont des échéances impayées).31 Cette progression s'explique surtout par : > Le recours inconsidéré aux mécanismes de rééchelonnement successifs de la dette pratiqué par le Zaïre depuis 1976 en raison des difficultés de paiement de sa dette extérieure ; > L'absence d'une politique responsable en matière d'endettement ; 30 OGEDEP, Politique d'endettement extérieure du Zaïre, note technique, 1990, p. 1 cité par TUNDA Ya Kasende, op. Cit. 31 Fonds Monétaire International (1999), « Cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté ; question d'ordre opérationnel, tiré sur Internet, http://www.imf.org > L'inadéquation entre les conditions d'octroi des prêts et les projets d'investissement financés, nombreux prêts ayant été orientés vers des projets d'investissement à rentabilité financière incertaine ; > L'absence d'une politique économique cohérente et la tendance de plus en plus poussée à des dépenses publiques de prestige telles que la sidérurgie de Maluku, la voix du Zaïre, l'échangeur de Limete, le CCIZ, l'organisation à Kinshasa du combat de boxe ALI-FOREMAN ; la ligne haute tension IngaShaba ; avaient entraîné l'absorption de toutes les ressources générées par la reforme de 196732 Après tout ceci la RDC n'a pas pu honorer ses engagements envers les divers bailleurs de fonds auprès desquels elle s'est endettée. Mais il nous semble important d'ajouter que les fonds provenant de l'emprunt ont servi à asseoir la dictature de Mobutu. Comme le souligne Joseph Stieglitz, ancien vice-président de la Banque mondiale et prix Nobel d'économie : « Quand le FMI et la Banque mondiale prêtaient de l'argent à Mobutu, ils savaient ou auraient dû savoir que ces sommes, ne serviraient pas à aider les pauvres de ce pays mais à enrichir Mobutu. On payait ce dirigeant corrompu pour qu'il maintienne son pays fermement aligné sur l'occident. Beaucoup estiment injuste que les contribuables des pays qui se trouvaient dans cette situation soient tenus de rembourser les prêts consentis à des gouvernements corrompus qui ne les représentaient pas »33 11.3.1 L'aiustement structure!Les conséquences de l'endettement extérieur des pays de l'Afrique ne se limitent pas à la menace de déstabilisation du système financier international ; elles sont également internes et se situent au coeur même de leur processus de 32 http:// www/users.skynet.be/cadtm/pages Décembre 2002 33 J STIGLITZ, la grande désillusion, fayard, 2002, cité par Arnaud Zacharie, op. Cit. p 7 développement et de la croissance de leurs économies, dans la mesure où le poids de cet endettement est devenu un obstacle difficilement surmontable.34 L'obligation des pays Africains d'honorer les échéances, d'une part et la limitation ou le tarissement des flux nouveaux de capitaux extérieurs d'autre part, entraînent une moindre croissance et un prélèvement sur les maigres ressources disponibles. Dans certains cas, les rééchelonnements successifs du capital emprunté et des intérêts aboutissent, par un effet ~ boule de neige , à un accroissement de l'encours nominal, alors même que le pays concerné a accepté de mener pendant des années des politiques d'austérité de rigueur.35 Le programme d'ajustement structurel est un programme de réformes économiques mis en place par le FMI et la banque mondiale pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques de sortir de leur crise économique. La version plus élaborée de ce programme répond au nom de "consensus de Washington" crée en 1989 par l'économiste John Williamson. Sous ce nom, il a résumé tout ce qu'il considérait comme consensus actuel entre le Congrès des Etats-Unis, le FMI, la Banque mondiale et d'importantes « fabriques à penser ».36 Dix recommandations politiques formaient ce consensus concernant la « réforme » d'économies en souffrance :
34 Duruflé, G., L'ajustement structurel en Afrique, Ed KARTHALA, Paris, p.14 35 Duruflé G., Op. Cit. p. 15 36 J. MUALABA Kasangana, Economie des pays du tiers monde, Note de cours, inédits, UM 2004-2005
Il ressort de ce chapitre que la dette extérieure de la RDC est très élevée et entraine une asphyxie de toute l'économie. À cela il faudrait ajouter que la situation politique s'est beaucoup dégradée, et cette dégradation a entrainé beaucoup d'avatars qui ont fait que le pays n'était plus capable d'assurer le service de la dette, et par là incapable de collecter à nouveau l'emprunt sur le plan international ce qui a eu pour effet d'enfoncer le pays dans une crise sans précédent. Pour lutter contre cela la RDC s'est engagée à régulariser sa position financière pour se reconnecter aux circuits internationaux. S'en est suivi une grande opération de restructuration de sa dette extérieure en 2002. Ce qui fera l'objet du chapitre suivant. |
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