II.6. La gestion piscicole
II.6.1. L'empoissonnement d'un étang
1. Généralités
L'empoisonnement, c'est l'action de peupler
des poissons en l'occurrence dans un étang. L'empoissonnement doit
être raisonné ; quelques règles de base permettent
d'éviter les mauvaises surprises. Le stock de poissons à
introduire dépend des multiples considérations entre autre la
capacité biogénétique de l'étang,
l'équilibre biologique, et les objectifs du propriétaire.
ü La surveillance d'aspect sanitaire des
poissons fournis
Il convient de vérifier le bon état du poisson
à l'aide de certains critères visuels comme la couleur du
poisson, la forme des nageoires ou encore la présence des certains
parasités externes.
Le poisson est un animal à sang froid, il
supporte mal les variations thermiques ; mélanger progressivement
l'eau de l'étang a l'eau de bac de transfert permet d'éviter les
chocs thermiques pour les alevins.
ü L'empoissonnement de
départ
Cet empoissonnement va permettre de tester d'une part la
productivité de l'étang et d'autre part les espèces
adaptés à l'étang. Ces deux teste permettront de
déterminer la formule optimale de mise en charge. Il est
réalisé au minimum un mois après la remise en eau, dans un
étang vide de poisson.
Le mieux est d'introduire des sujets représentant des
classes d'âges mélangés et des espèces
variées afin d'exploiter au minimum le milieu aquatique et donner une
idée du potentiel de l'étang. Mais pour des raisons pratiques
(approvisionnement, débouchés ...) le nombre de classes et
d'espèces sera limité.
D'une manière générale, le rendement de
l'étang peut être évalué en comparant la mise en
charge totale de l'empoissonnement à la production obtenue à la
fin de l'année. Par exemple : pour un empoissonnement de 70 kg, une
récolte de 120 kg représente un étang de faible
productivité ; par contre une récolte de 300 kg à 400
kg met en évidence un étang à forte productivité. A
noter aussi que la mortalité représente environ 10 % de
l'empoissonnement.
Lorsque le rendement de l'étang est faible, la mise en
charge pourra être réduite ou la production primaire sera
améliorée par des apports minéraux ou organiques
(fertilisants, fumure organique, amendements calciques ...)
Par ailleurs dans les étangs pauvres, il est
préférable de mettre des poissons âgés d'un an.
Ainsi l'utilisation de nourriture naturelle sera meilleure du point de vu de
l'augmentation du poids.
L'introduction d'une densité trop élevée
de poisson provoque une croissance individuelle faible pouvant aller jusqu'au
phénomène de nanisme.
Estimation de la croissance individuelle par
espèce.
Tableau : Poids moyen de quelques espèces en
étang sans nourrissage
Espèce
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1 été
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2 étés
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3 étés
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Carpe
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30-80 g
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200-500 g
|
1 à 2 kg
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Tanche
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3-5 g
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10-30 g
|
100 à 300 g
|
Gardon
|
3-5 g
|
10-30 g
|
50-100 g
|
Brochet et Sandre
|
100-300 g
|
> 600 g
|
1 kg
|
Source : Bachasson, 1997
Lors de la pèche, une estimation de la croissance
individuelle peut être réalisée en faisant la moyenne du
poids d'une vingtaine de poisson pour chaque espèce
représentative. L'échantillon prélevé doit
être représentatif de la population, ensuite on effectue une
comparaison de la valeur de poids moyen calculé avec celle
observée en moyenne dans les étangs.
Cette méthode permet d'évaluer d'une part la
productivité de l'étang en évaluant la croissance des
poissons sur une année et d'autre part l'adaptation d'une espèce
particulière à un type d'étang. Lorsque la valeur
calculée est largement inférieure à celle observée,
la croissance de l'espèce étant peu conséquente, on peut
estimer que l'espèce n'est pas acclimatée à
l'étang.
Il est intéressant de mettre quelques reproducteurs dans
l'étang afin de tester la capacité de reproduction des
différentes espèces. Et chaque saison de production apporte des
informations pour ajuster l'empoissonnement.
2. Les différents types
d'empoissonnements
En fonction de l'usage d'un
étang, l'empoissonnement et la gestion de l'étang sont
variables :
ü L'étang piscicole de
particulier
Dans ces étangs, il est nécessaire de respecter
à la fois l'équilibre biologique (les carnassiers, les poissons
fourrages comme gardons, rotengle, les poissons de fonds comme carpe, tanche,
goujon) et l'adéquation de l'ensemble de ces poissons à
l'alimentation naturelle de l'étang. Par ailleurs, chaque espèce
possède des particularités écologiques.
En pratique piscicole, l'introduction de deux espèces
carnivores est déconseillée sur les petits étangs. Les
espèces fourrages (gardons, rotengle) servent de nourriture aux
carnassiers ; Les alevins de cyprins sont aussi une source alimentaire
pour les jeunes carnassiers. L'introduction de jeunes carnassiers
possédant tous la même taille permet d'éviter le
cannibalisme.
Tableau. Exemples de formules d'empoissonnement (BACHASSON
,1997).
Types d'empoissonnement
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Formules
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Formules
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Cyprinidés (étang riche)
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Carpe : 150 tetes d'étés
Tanche : 50 tetes de 2 étés
Gardons : 30 kg de toutes tailles
|
Carpe : 100 têtes de 2 étés
Tanche 100 têtes de 2 étés
Rotengle 20 kg d'adultes
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Cyprinidés et Brochet (étang moyennement riche)
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Carpe 30 kg de 2 étés
Tanche 9 kg de 2 étés
Gardon 15 kg d'un été
Brochet 3 kg de brochetons (100 g)
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Carpe 200 g d'un été
Tanche 20 kg de tanchons+3 kg d'étés
Gardons 10 kg de toutes tailles
Sandres : têtes de 150 g
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Sandres et Cyprinidés
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Carpe 150 têtes de 2 étés
Rotengle 30 kg d'un été
Sandre 300 alevins de 6 semaines
|
Carpe 100 têtes de 2 étés
Gardons 25 kg toutes tailles
Sandre têtes de 150 g
|
3. Cycle de l'exploitation et suivi de
l'empoissonnement
Le propriétaire
d'étangs peut choisir des cycles de vidanges variables. Plus la
période entre deux vidanges est longue, plus les capacités
alimentaires du milieu seront sollicitées (croissances et reproduction
des poissons). La mise en charge devra être donc diminuée en
fonction de la longueur du cycle d'exploitation. Cependant le cycle de vidange
ne doit pas dépasser 3 ans afin de garantir une eau de
qualité.
En été, durant l'exploitation une simple
pêche à la ligne permet de contrôler la croissance des
poissons et d'évaluer la nécessité d'ajouter de la
nourriture complémentaire (céréales, granulés).
Cette technique permet aussi d'évaluer l'état sanitaire des
poissons.
La vidange permet d'effectuer un point sur le cheptel et de
réévaluer la formule d'empoissonnement le tri du cheptel doit
être alors effectué afin d'éliminer les espèces
nuisibles comme le poisson chat, la perche, les poissons parasités et
les poissons anormaux (nanisme, difformités).
4. L'étang piscicole destiné à
la pêche
Cet étang nécessite un mode de gestion
spécifique et rigoureux. Il constitue des atouts importants pour le
maintient de la vie économique rurale. Le repeuplement est important,
les poissons n'effectuant qu'un faible séjour dans l'étang. L'eau
ne constitue ainsi qu'un simple support d'une population piscicole de transit,
fluctuante et sans cesse renouvelée. L'empoissonnement se compose des
poissons possédant une taille satisfaisante pour un pêcheur (carpe
1 à 2 kg, tanche de plus de 500g, carnassiers de plus d'1kg...).
Le gestionnaire doit ainsi comptabiliser les entrées et
les sorties (pression de pêche) de poisson afin d'évaluer la
composition du cheptel restant dans l'étang durant la mise en eau.
Une vidange fréquente est conseillée afin de trier
les poissons indésirables qui concurrencent les espèces
économiquement rentables.
5. L'étang de production piscicole
destinée à la vente.
Un propriétaire d'étang peut vendre son poisson
pour le repeuplement en eau libre à condition de posséder un
numéro d'agrément. Une telle exploitation
nécessite :
§ L'application d'une gestion rigoureuse de
l'étang
§ Les associations d'espèces devront être bien
choisies pour éviter les pertes
§ La vidange bi- annuelle ou annuelle
§ La réalisation de foyères pour
améliorer la reproduction des poissons...
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