IV- LES DIFFICULTÉS ET LES PERSPECTIVES
Tout apprentissage est un champ nouveau qui présente
ses centres d'attraction et ses difficultés. Et nous n'en sommes pas
épargné. Malgré les moyens mis en oeuvre par
l'équipe pour nous transmettre le savoir-faire pratique, quelques
problèmes non moindres ont pointillé le travail. Ici, nous
regrouperons ces entraves en deux catégories à savoir, les
difficultés liées au fonctionnement de l'association d'une part
et nos propres difficultés rencontrées durant le stage.
1. Difficultés inhérentes au fonctionnement
de l'association
De fait, les conclusions partielles de l'évaluation ont
révélé certaines difficultés techniques et
d'organisation sur le label Villes Internet et du projet Villes Internet
Afrique.
De façon isolée, les difficultés
identifiées dans l'organisation du label national à
l'association Villes Internet sont d'ordre technique, financier et
logistique.
Au plan d'organisation, au-delà des petites
grièffes que l'on peut constater dans la gestion quotidienne, nous avons
noté l'insuffisance de missions de sensibilisation de l'association
à l'intérieur du pays. Toute structure est appelée
à grandir et à s'étendre pour apporter ses services
à un plus grand nombre d'usagers. Il est vrai qu'avec le
développement numérique des techniques de communication les
prestations de service se font de plus en plus à distance. Cependant les
réseaux humains constituent, quoiqu'on dise, des ressources
précieuses pour apporter un service de qualité dans d'autres
territoires.
A cela s'ajoute quelques handicaps techniques qu'on pourra
qualifier de secondaires mais qui peuvent s'avérer des facteurs
bloquants pour le bon fonctionnement de l'appareil associatif. Le premier point
est un problème de visibilité du site à l'extérieur
du territoire français. Dans un contexte de globalisation et
d'intégration régionale, les actions de l'association se doivent
d'aller au-delà des frontières françaises afin de partager
avec les collectivités voisines les expériences de la France en
matière de l'Internet de proximité. Bien que l'association ait
des objectifs nationaux, elle travaille avant avec des outils numériques
et, à ce titre, faire des efforts pour mieux s'ouvrir au reste du mon
monde qui l'entoure. La preuve en est que le site et les initiatives de
l'association sont visités par les français, en moyenne plus de
8000 visites par mois, par contre les chiffres de visite du site sont
en-dessous de 100 visites dans les autres pays de l'union européenne. La
cause de cette différence tient à deux éléments
à savoir la langue de diffusion et d'accessibilité linguistique
et de référencement.
Aujourd'hui la diffusion des contenus numériques se
fait plus dans les langues dites « internationales » comme
l'anglais, l'arabe, le chinois mais l'énorme diffusion de l'association
se fait seulement en français. Les différentes consultations des
données statistiques par territoires et pays montrent le frein que
constitue la langue pour l'accessibilité du site dans les pays
anglophones. En Australie par exemple, dans l'intervalle du 22 mai au 21 juin
2008 aucun internaute n'a visité le site, trois visiteurs en Russie, et
un visiteur en Chine.
A côté de cette carence, s'ajoute le
problème de référencement du site. Sur le plan national,
le site est bien visible de partout mais dans le reste da la francophonie, le
problème demeure entier. Peu d'internautes connaissent le site.
Une autre difficulté logistique que nous avons
jugée gênante pour l'association est le manque de siège
social digne de son nom. En effet, à Paris le manque d'espace vital
est un véritable problème aussi bien pour les personnes que pour
les sociétés. Et Villes Internet traverse ces périodes de
précarité. Actuellement, l'association partage les locaux avec un
autre service. Cette situation contraint une productivité optimale des
agents même si des efforts sont consentis par chacun pour donner le
meilleur de lui-même. Du point de vue administratif, cet état de
fait freine le bon fonctionnement de l'association pour ce qui concerne la
prise de certaines décisions. A plusieurs reprises, la responsable se
sent obligée de sortir du service afin de traiter certaines affaires.
Ces gestes répétés décrivent indirectement
l'inconfort et l'instabilité professionnelle dans lesquels les agents
travaillent au sein de l'association. Non seulement c'est gênant pour les
agents mais aussi pour les collectivités locales avec lesquelles
l'association travaille. Le décor fait partie des
éléments stylistiques dans le marketing stratégique qui
marque le client, malheureusement, les actuels locaux ne sont pas
adaptés à ce genre de présentation pour avoir un impact
visuel sur les visiteurs.
Difficultés de disponibilité
Pour ce qui est de la mission elle-même, les
difficultés rencontrées sont notamment celles qui ressortissent
de la disponibilité, de la communication et de la logistique.
Le stage est programmé dans la même
période que le lancement du label édition 2008 or à cette
période tous les membres de l'association sont pris par les
préparatifs dudit évènement et n'ont pas assez de temps
à consacrer aux stagiaires. Le premier mois fut très rude car il
est consacré à la mise en ligne label 2008 et coïncide avec
nos premiers jours dans l'association. D'emblée prendre en main
certaines tâches s'est avéré difficile car le maitre de
stage est très sollicité et notre encadrement et le planning
élaborés subirent quelques modifications surtout en ce qui
concerne la validation des actes et documents essentiels au projet.
L'équipe était bien favorable à nous accompagner mais elle
n'est toujours pas disponible à répondre à certaines
questions. La solution intermédiaire le plus souvent adoptée est
le report des activités à valider.
2. Difficultés spécifiques liées
au projet Villes Internet Afrique :
Dans la gestion de ce projet aussi, certains handicaps non des
moindres ont jalonné le parcours du projet. Dans ce volet, le
problème le plus dominant est la difficulté de communication et
de décision entre tous les membres du comité de pilotage. Pour
cause, les correspondants pour diverses raisons ne répondent pas
toujours aux courriers électroniques qui leur sont émis pour
traiter de certains dossiers urgents. En Afrique, ce phénomène
est récurrent et bloque par conséquent le workflow
d'exécution des tâches. Et durant tout le pilotage, ce
problème de communication s'est posé avec acuité et a par
conséquent retardé certaines phases du planning.
3. Difficultés personnelles
Pour ce qui nous concerne personnellement, la plus grande
entrave qui a déstabilisé et perturbé notre stage est le
manque de logement. Ce problème s'est posé quelques jours
après notre arrivée à Paris. Il a fallu un sacrifice
supplémentaire pour aller au bout de la mission. Sans logement fixe, il
nous été très pénible de travailler dans la
tranquillité dans le cadre de la rédaction de ce rapport. La
responsable de la structure a en vain tenté de résoudre ce
problème et nous sommes contraint de faire le stage dans les conditions
les plus délicates.
Du point de vue professionnel, certaines contraintes
d'organisations ont retardé le processus de pilotage enclenché
comme énumérées plus haut.
Voilà autant de petites difficultés auxquelles
nous proposerons des pistes de solutions dans le dernier volet qui va
suivre.
4. LES SOLUTIONS ET SUGGESTIONS
Eu égard à tout ce qui précède,
quelques suggestions et propositions nous semblent pertinentes à faire
pour pallier aux manquements constatés ou vécus.
4.1. Dynamiser et éclater l'association en
s'appuyant sur le bénévolat.
Dans les pages précédentes, nous avons
relevé certains manquements d'organisation auxquels il convient de
trouver des solutions. Parmi ces manquements, nous avons insisté sur le
fait que l'association s'élargit très lentement. Redynamiser
cette structure revient dans un premier temps à penser aux
stratégies d'expansion pratiquées par d'autres organismes
similaires à travers le monde entier. En effet, l'éclatement
d'une association en réseaux locaux et régionaux constitue
aujourd'hui une puissante stratégie de son émergence. Sur le plan
continental et mondial, l'exemple des associations comme
l' « IC-Volontaires » ou AEDEC sont
d'actualité. En effet, « IC Volontaires » est une
organisation internationale à but non lucratif spécialisée
dans le domaine de la communication électronique et s'est toujours
appuyée sur des chargés de misions et sur des collaborateurs
bénévoles pour s'implanter sur différents territoires et
s'élargir. Et c'est grâce à cette technique de
« fourmi » que cette association a su gagner du terrain et
le monde entier. Dans ce dispositif, les bénévoles signent les
contrats de sacrifier une partie de leur temps pour travailler avec
l'association.
Si l'association Villes Internet adopte cette pratique dans
les pays voisins d'Europe, elle pourra dans les cinq années à
venir compter s'internationaliser avec de nouvelles perspectives de
fonctionnement et de partenariat. La première phase du projet
d'extension consistera à solliciter simplement des volontaires de
différents pays de l'Union à communiquer sur les programmes de
Villes internet et du label auprès de leurs élus. Étant
donné que les contenus de Villes Internet sont diffusés
gratuitement pour l'édification des citoyens, les
bénévoles s'en serviront pour informer, sensibiliser pour une
meilleure pénétration des objectifs du label.
Ce sera une ouverture de Villes Internet sur le monde et une
raison d'introduire des cahiers de doléances auprès des instances
financières comme la banque mondiale qui financent ce genre d'actions.
L'exemple de « IC Volontaires » est un cas parmi tant
d'autres en ce sens qu'elle est reconnue par l'Organisation des Nations Unies
et s'appuie sur le schéma des volontaires canalisés dans leurs
tâches par une minorité de salariés professionnels.
Expérimenter donc cette stratégie de
déploiement d'abord à l'Intérieur de la France permettra
à l'association d'avoir des succursales dans des pays comme la Suisse,
la Belgique, Luxembourg, Angleterre. Avec ces représentations,
l'association Villes Internet sortira petit à petit de son cadre
national pour s'imposer sur la scène mondiale avec des visions plus
vastes et riches susceptibles d'élargir le cadre du label et partant de
toute l'association.
4.2. Optimiser
l' « internalisation » du site.
Les démarches techniques d'optimisation et
d'intégration de nouvelles fonctionnalités au site sont en cours
mais il convient également de prendre en compte l'universalisme des
objectifs de l'association : offrir un service qui va au-delà des
frontières françaises car le numérique n'a plus de
barrière. Mais il y a un prix à payer pour s'ouvrir à
d'autres nations et collectivités locales. Une analyse statistique de
visites du site dans la période du 1er janvier 2008 au 6
juin 2008 montre clairement que plusieurs pays s'intéressent aux actions
de Villes Internet. Mais le problème auquel ces pays sont
confrontés est celui de moyen de transmission des contenus. Bien que
l'association soit dédiée aux collectivités locales de la
France des internautes d'autres langues et nations visitent le site mais selon
les statistiques recueillies sur le site de l'association le 6 juin 2008, les
contenus et les initiatives diffusés n'ont pas assez d'impacts sur les
pays anglophones et moins encore sur les lusophones comme le témoigne ce
schéma élaboré à partir d'un traitement de
données brutes générées par le site au moyen
Google analystics (Schéma ci-après).
En effet, sur dix pays comparés, la France seule occupe
94% du nombre des visiteurs. Mais dans un contexte de mondialisation des
cultures et des pratiques, l'accessibilité d'un site sur le monde entier
est une fenêtre qui s'ouvre sur des territoires pour des échanges
d'expérience et d'approche territoriale. Dans une perspective
partenariale, l'accessibilité des contenus de l'association serait un
autre moyen de rentrer dans d'autres réseaux mondiaux pour solliciter
des fonds. L'exemple des fonds américains, chinois et indiens en
matière de financement des initiatives de développement des TIC
est remarquable.
C'est à ce seul prix que les actions de l'association
s'imposeront à l'échelle mondiale. Ce faisant, il sera possible
d'envisager d'autres projets innovants pour pérenniser la vie de
l'association. Si l'on parvient à intégrer des outils de
traduction sur le site, l'association pourra librement s'externaliser dans les
pays comme la Chine, le Nigéria , l'Afrique du sud, le Canada pour
promouvoir ses actions et tisser des relations de partenariat solides.
Figure 20 : Proportion de visite par
critères linguistique et d'accessibilité
4.3. Ouverture d'une rubrique « courriel
International »
L'une des propositions qui permettra aussi à
l'association de faire connaître ses actions en aux collectivités
étrangères est la création d'un courriel international
consacré à la diffusion trimestrielle d'initiatives des
collectivités locales sur les sites web des collectivités qui
participent au label Villes Internet Afrique. L'objectif premier est d'amener
ces territoires à s'intéresser aux différents programmes
de l'association pour y tirer profit.
Quelles leçons tirer de cette évaluation
du projet Villes Internet Afrique ? Comme un travail de fourmi et
de la mise en commun des savoirs cette évaluation, nous a aidé
à formaliser d'une manière claire, les lignes directives du
projet avec grand espoir de le déployer partout dans tous les pays
francophones de l'Afrique de l'ouest. Disons que c'est une importante
étape du projet qui est affranchie car elle a permis de mobiliser
toutes les intelligences nécessaires à la maîtrise des
mécanismes du pilotage du projet et les ressources humaines, techniques,
stratégiques et financières à consentir dans la
réalisation de cette initiative.
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