2/ Le piratage : une activité frauduleuse
lucrative
Christian MENARD, Député du Finistère, a
décrit trois catégories parmi les pirates : les commanditaires,
les pirates proprement dit et les acteurs secondaires.
- les investisseurs commanditaires : ils
disposent de suffisamment d'argent pour organiser l'attaque,
c'est-à-dire environ de 10 000 à 20 000 dollars pour payer la
location d'un bateau et les armes. Le commanditaire confie l'opération
à un chef de bande et veille à ce qu'un représentant de
son sous-clan fasse partie de l'équipe.
- les pirates proprement dit : ce sont de
« pauvres bougres » ayant trouvé dans la piraterie une
activité opportuniste et lucrative. Certains sont des pêcheurs,
mais d'autres viennent de l'intérieur du pays et n'ont pas de
compétences maritimes particulières. Ce ne sont ni des
7 Rapport d'information déposé le 13 mai 2009, en
application de l'article 145 du règlement, par la commission de la
défense nationale et des forces armées sur la piraterie maritime
et présenté par M. Christian Ménard,
Député.
8 Rapport de M. Jack Lang, Conseiller spécial du
Secrétaire général des Nations Unies, pour les questions
juridiques liées à la piraterie au large des côtes
somaliennes, 18 janvier 2011.
9 Rapport d'information déposé le 13 mai 2009, en
application de l'article 145 du règlement, par la commission de la
défense nationale et des forces armées sur la piraterie maritime
et présenté par M. Christian Ménard,
Député.
combattants, ni des miliciens, ni des bandits professionnels.
Venir avec une arme ou un bateau leur vaut une part de butin
supplémentaire.
- les acteurs secondaires : ce sont eux qui
vivent véritablement de la piraterie. Pour les aider dans les
activités d'attaque puis de gardiennage des bateaux et d'entretien des
otages, les populations des côtes font venir parents et amis du centre du
pays10. Ce peut être des interprètes, des
commerçants, des forces de sécurité.
Selon le rapport de M. Jack LANG, l'augmentation constante des
rançons demandées entraîne un allongement de la
durée moyenne de rétention des otages - 120 jours
désormais, contre 60 jours en 2008-200911 - et alimente de
fait une économie parallèle, particulièrement bien
décrite aux pages 19 et 20 du rapport de M. MENARD.
En 2008, le total du prix payé pour acquitter les
rançons des navires et équipages attaqués dans le Golfe
d'Aden a atteint plus de 30 millions de dollars. « Si
l'activité était encore alors essentiellement opportuniste,
exercée par des pirates amateurs et des investisseurs occasionnels, avec
le succès et l'afflux d'argent, elle devient de plus en plus
structurée et s'opère de plus en plus loin des côtes.
» 12
C'est ce que souligne le rapport de M. LANG, alertant la
communauté internationale sur le caractère de plus en plus
violent des attaques et l'augmentation du nombre de victimes (1 900 personnes
ont été prises en otages depuis 2008).
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