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Les partenariats public-privé : un modèle dans les pays émergents ?

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par Isabelle Le Meur
Conservatoire National des Arts et Métiers - Master 2 en commerce international 2011
  

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c) Les risques liés aux PPP

1) Le risque pays

L'un des cas les plus emblématiques de ce qu'on qualifie soit de « situation intenable », soit de « pillage », selon de quel côté on se trouve, est l'affaire du conflit de Suez contre l'Etat argentin, qui a débuté en 2006 et s'est dénouée en 2010.

Sur fond de querelles politiques et d'idéologies franchement opposées entre l'ancien président argentin Carlos Menem, qui avait décidé au début des années 90 la privatisation du service de l'eau dans les villes de Buenos Aires et Santa Fe, et le nouveau président Nestor Kirchner, investi en 2003 et très hostile aux opérations des « firmes étrangères qui ont pillé l'Argentine », Suez, qui estimait avoir perdu plus de 700 millions d'euros entre 2001 et 2005 depuis la dévaluation du peso lors de la grave crise économique qui a touché le pays, s'est heurté à un refus catégorique de son partenaire public lorsqu'il a voulu augmenter le tarif de l'eau pour compenser la dévaluation du peso.

Illustration du risque-pays s'il en est, l'affaire n'en a pas fini de détériorer les relations entre l'opérateur privé et l'Etat argentin, qui lui reprochait par ailleurs le licenciement sans ménagement de 4 000 salariés de l'usine lors de sa reprise en main en 1993.

Le désaccord s'est soldé par une renationalisation du service de l'eau et l'affaire a eu un retentissement mondial, car elle était devenue le symbole de la question extrêmement sensible de la privatisation de l'eau.

Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) - une cour arbitrale qui, sous l'égide de la Banque mondiale, tranche les conflits entre les Etats et les sociétés privées - a finalement donné raison à Suez à propos de la rupture du contrat de concession de distribution et d'assainissement de l'eau des villes de Buenos Aires et Santa Fe. Il passera sans doute de l'eau sous les ponts avant que les Argentins se réaventurent dans un partenariat semblable...

2) Le risque de la corruption

Il est rare qu'une législation interne spécifique existe en matière de passation des contrats de concession dans les pays en développement, du fait de la spécificité et de la complexité du PPP. C'est pourquoi il faut être prudent lors de la conclusion du contrat, tant du côté de l'entreprise que de l'autorité publique.

Lorsque les opérations se déroulent sous l'égide des bailleurs de fonds, ceux-ci s'efforcent de faire respecter une certaine transparence dans la procédure de sélection du cocontractant et les risques de corruption s'en trouvent réduits.

Le fait que les entreprises des pays membres de l'OCDE candidates à un Partenariat Public-Privé soient désormais liées par les dispositions de la convention anti-corruption du 21 novembre 1997, ne prémunit pas pour autant les partenaires contre ce type de délit, surtout si le pays émergent cocontractant n'est pas signataire de la convention.

En la matière, la mauvaise publicité pour l'entreprise ou pour le pays émergent qui pratiquerait la corruption, la longueur du procès et les éventuelles sanctions encourues, sont des éléments dissuasifs qui devraient les mettre en garde mais ne garantissent évidemment pas que les partenaires s'en abstiendront.

En Chine, la corruption, parmi d'autres délits de nature économique, fait partie des 68 crimes ou délits passibles de la peine de mort, ce qui est assez dissuasif.

Cependant, lors de son ouverture à l'économie de marché, commencée depuis la fin des années 70,

les autorités chinoises, ont admis qu'il fallait non seulement alléger et rationaliser l'administration, mais aussi en limiter le pouvoir. Elles ont engagé la réduction du nombre d'agréments et de licences délivrés par l'administration par une réforme que l'on appelle en Chine « Yifa xingzheng » (mise en conformité de l'administration avec la loi), principalement motivée par une volonté de rendre l'administration plus efficace, plus transparente, et par là même de lutter contre la corruption.

Il faut noter que cette réforme s'inscrivait dans le cadre de la refonte générale annoncée en 1998, mais que, selon l'OCDE, les résultats avaient été peu tangibles dans un premier temps. Il a fallu attendre que la rationalisation de l'Etat central soit menée à bien au début des années 2000 pour constater les premières améliorations.

En tout état de cause, pour prévenir toute issue désastreuse à un éventuel contentieux lié à de la corruption dans quelque pays que ce soit, il est préférable d'introduire dans le contrat une clause d'arbitrage international, afin que, si contentieux il y a, l'affaire ne se retrouve pas devant la juridiction nationale du pays émergent car il y a toujours un risque que celle-ci ne soit pas réellement indépendante.

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