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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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b) Les entreprises semi-privées ou semi-publiques :

Les entreprises semi-privées ou semi-publiques sont un cas assez atypique qui fut inventé par le PCC pour résoudre les problèmes d'image et de réputation des entreprises d'Etat tout en gardant un contrôle total de ces dernières. Ces entreprises ont commencé à se multiplier à partir de la fin des années 1990 en parallèle d'une réforme de l'Etat. A partir de 1998 et le début des années 2000, Pékin abandonna petit à petit un contrôle dirigiste et rigoureux des entreprises d'Etat et surtout de leurs politiques d'investissement à l'étranger afin de préparer son entrée à l'OMC en 2001. L'Etat chinois commença à émettre des politiques plus incitatives que réellement dirigistes (à l'exception de secteurs clés comme l'extraction des ressources premières et les hautes technologies) et cela tout en poussant les entreprises d'Etat à se réformer de différentes manières. Ces dernières n'assurent plus les fonctions sociales caractéristiques des entreprises d'Etat et n'ont pour seul objectif que de faire des profits au même titre que des entreprises privées. Pour ces entreprises, l'Etat céda une partie du capital social (tout en restant majoritaire), ouverture aux financements privés chinois et parfois étrangers. Ces entreprises font de plus appel à l'expertise étrangère en faisant entrer des étrangers dans leurs « maisons mères » comme China Mobile, et sont (pour certaines) cotées à la bourse de Shenzhen. Cependant tout en se libéralisant sur le plan de la prise de décision et d'élaboration des stratégies, ces entreprises continuent à recevoir un soutien fort des administrations publiques (même si ce soutien s'exerce de façon plus discrète). Elles bénéficient en effet d'une aide à l'accès au crédit et de procédures administratives simplifiées. En cas de visites officielles du président chinois à un Etat étranger, ces dernières le suivent pour bénéficier d'un appui politique au moment de la signature des contrats, appui qui se poursuit alors après la visite par les services de l'ambassade de la république populaire de Chine dans ce pays. Cette nouvelle forme d'organisation des entreprises d'Etat permit une réelle

modernisation des politiques d'expansion de ces dernières et une meilleure allocation des ressources financières ainsi que du capital humain. Elle permit de plus de débarrasser ces entreprises de tâches coûteuses et non rentables pour ces dernières avec la suppression de l'obligation d'assurer des fonctions sociales. Ces entreprises cumulent donc de nombreux avantages : une plus grande autonomie de gestion avec un soutien toujours extrêmement fort des autorités chinoises. Or l'accumulation de ces avantages n'exclue pas l'existence de problèmes contraignant leurs développements.

En effet, malgré une aide plus fine du gouvernement chinois à ses entreprises d'Etat, les critiques que les entreprises étrangères émettent restent les mêmes. L'influence et le soutien du PCC ne reste qu'une forme de « dumping »21 officieux, qui permet à ces entreprises d'être plus compétitives que d'autres (surtout les entreprises privées chinoises). Or la Chine en 2001 accéda à l'OMC et accepta de libéraliser son économie, mais cette libéralisation rencontre encore des soucis au niveau de son application à l'échelle de grandes entreprises qui se révèlent utiles pour le gouvernement chinois. Cette politique étouffe de plus le développement d'un secteur privé autonome en Chine qui à long terme pourrait se révéler bien plus efficace que le secteur public en terme de croissance et d'expansion vu que ce dernier peut se targuer de ne pas bénéficier de soutiens directs du gouvernement. Cette nouvelle forme d'organisation amena aussi de façon indirecte à un problème de gestion des externalités de l'entreprise, en effet le fait d'avoir pu abandonner les fonctions sociales qui s'exercent aux entreprises d'Etat classiques rend ces entreprises semi-privées réticentes à toute forme de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) 22 . Ce problème se retrouve en dehors de la Chine particulièrement présent en Afrique, où les entreprises chinoises se retrouvent à devoir faire venir des travailleurs chinois pour travailler sur place étant donné que les travailleurs locaux sont plus prompts à protester face à des excès de la hiérarchie. Le cas est particulièrement vrai pour l'extraction des matières premières et le travail dans les mines, qui sont les secteurs souffrant le plus du manque de RSE de la part des firmes

21 Le « dumping », où la vente à prix prédateurs en français est une forme d'aide que les Etats mettent en place pour soutenir une part fragile de leur économie face à la concurrence. Ces derniers poussent les entreprises à vendre leurs produits au prix le plus bas possible (voir à perte) et s'engagent à compléter la différence avec les prix réels du marché.

22 La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un concept en économie qui veut que l'entreprise cherche à gérer ses externalités autant écologiques que sociales. Ce concept s'il est utilisé doit de alors rentrer en compte lors la formation de la stratégie. Pierre Batellier et Emmanuel Raufflet, Responsabilité sociale de l'entreprise, Paris, 2008, Presses internationales Polytechniques.

chinoises : la mine de Chambishi en Zambie exploitée par l'entreprise Non-Ferrous Company-Africa (NFCA) en est une parfaire représentation23. Cependant paradoxalement, un leader dans la mise en place d'une réelle politique en faveur de la RSE est une entreprise semi-privée : China Mobile. Son fondateur et actuel Président Directeur Général (PDG) , du nom de Wang Jianzhou (\u29579%oOE'à : Wáng Jiànzhòu), mit en place une RSE très complète en cinq points : « Ruralité » (politique visant à permettre de relier de nombreux villages isolés à des réseaux de télécommunication : ils sont 60 000 à l'heure actuelle), « Vie » (ce programme a pour but de gérer des crises naturelles et autres : en 2008 la compagnie dépensa 1,15 milliards de Yuan après le tremblement de terre du Sichuan) , « Culture » (le but de ce programme est d'avoir une action positive pour la défense des cultures et des patrimoines : restauration d'une partie de l'ancien palais d'été de Pékin ([1 t : Yuánmíng Yuán), « Environnement » (est le point phare de la RSE développée par China Mobile : recyclage de batteries de téléphones portables et de cartes SIM, utilisation d'éoliennes et de panneaux solaires pour alimenter des relais téléphoniques...), et « Bénévolat » (politique d'aménagement pour des handicapés, soutien à la scolarité dans des pays d'Afrique...). L'ensemble de ces programmes permit à China mobile de devenir la première et seule entreprise chinoise à être cotée au Dow Jones Sustainability Index24.

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