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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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B) Facteurs politiques de l'expansion :

Malgré un recul des intérêts politiques face aux intérêts économiques, ces derniers n'ont pas encore disparu au sein de « l'empire du milieu ». En effet, la Chine invente son soft power, une alternative à l'occident pour les pays en voie de développement mis en avant par ses succès économiques et son régime autoritaire. Ainsi, dans l'établissement de ce soft power83, les firmes multinationales chinoises ont un rôle stratégique pour Pékin en tant qu'avant poste du succès chinois dans les pays à « séduire » (ASEAN, Afrique et pays en voie de développement) et à « rassurer » (Etats-Unis, Union Européenne, Japon, et Taiwan). Il est de plus facile pour la Chine d'utiliser le levier économique pour promouvoir son succès grâce aux outils dont elle dispose encore en tant que pays communiste. S'intéresser aux facteurs politiques de l'expansion, c'est regarder les moyens dont dispose le pouvoir politique pour agir sur les entreprises chinoises et les objectifs de ce dernier qu'on peut diviser en deux sortes : Une politiques régionale défendant les intérêts de la Chine, et la mise en avant d'une alternative à l'occident parmi le reste des pays en voie de développement. L'analyse de ces facteurs politiques se basera surtout sur les théories de Jean-Pierre Cabestan84, d'autres sources feront l'usage d'une note de bas de page.

a) L'implication directe du gouvernement dans l'économie du pays :

Le PCC possède encore aujourd'hui de nombreux outils qui lui permettent d'influencer les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, et c'est grâce à ces dernières que celui-ci peut imposer des facteurs politiques aux entreprises chinoises. Ce dernier peut agir à différents stades de l'élaboration de la stratégie des firmes en favorisant les investissements dans des marchés ou secteurs spécifiques à travers des aides financières et sa politique du « Going Global », en interdisant certains investissements via les procédures d'évaluation des IDE, ou encore grâce à une absence de financements des banques publiques. Or malgré ces outils, l'impact direct de ce

83 Le soft power est une notion développée par le spécialiste des relations internationales Joseph Nye dans son libre intitulé Bound to Lead : The changing Nature of American Power (1990). Ce concept est présenté comme le moyen pour un acteur d'influencer le comportement d'un tiers sans moyens coercitifs.

84 Jean-Pierre CABESTAN, La politique internationale de la Chine, Paris, avril 2010, Collection Références, Presses de Sciences Po, 460 pages.

dernier tend à disparaître au profit de formes plus indirectes et incitatives que réellement coercitives pour ces firmes, et ce à cause, de méfiances de la part de firmes étrangères, chose qui pénalise dès lors les firmes chinoises.

Tout d'abord, c'est à travers les entreprises d'Etat que les facteurs politiques chinois ont de l'influence surtout que ces dernières sont les plus puissantes du pays sur la scène internationale en contrôlant en 2005, 84% du stock d'IDE. Comme elles sont les premières à avoir investies à l'étranger et à s'être implantées, elles jouissent d'une grande influence. Cette influence rebondit quasi directement sur le gouvernement chinois qui fait de ces entreprises son image de marque principale. De plus ces entreprises, même si elles basent leurs stratégies sur des intérêts économiques, doivent voir leurs dirigeants être validés par les autorités chinoises. Elles ne craignent en plus, ni la cessation de paiement, ni la prise de contrôle, car elles sont sous la coupe directe de l'Etat qui est actionnaire majoritaire, et le plus souvent au-delà des 60%. Cela est particulièrement vrai pour les 200 entreprises directement sous le contrôle de la Commission de Surveillance et

d'Administration des Actifs de l'Etat (\u22269ç?\u-27038%o@çL???\u30563«ÂÇùàÏ?\u20250%oï : Guówùyuàn

guóyöuzichdn jiãndü gudnll wëiyuánhuì), cette administration sous les ordres du conseil d'Etat chinois prend des décisions pour ces firmes dans le domaine des ressources humaines, du budget, et des stratégies d'investissement. Ceci permet à l'Etat de bénéficier d'un moyen direct pour défendre ses intérêts sur la scène économique mondiale. Ceci permet de montrer, que même si les effets des intérêts politiques chinois dans les stratégies des entreprises se font moins sentir qu'avant, ils n'ont pas totalement disparu et les outils sont toujours en place afin de permettre au gouvernement de reprendre le contrôle total de ces quelques firmes.

L'autre point principal est celui de la procédure d'évaluation des IDE et de financement des entreprises. Ces outils permettent à la Chine de contrôler indirectement le choix des firmes qu'elle ne peut influencer directement, en particulier les entreprises privées. A travers ces procédures, le PCC peut limiter ou augmenter la quantité de flux d'IDE par années et donc la quantité de capital quittant le territoire. Il peut aussi s'accorder un droit de regard sur les investissements faits en coopération avec des entreprises étrangères, de cette manière, le gouvernement peut éviter de perdre une fois

de plus le contrôle des investissements au profit d'entreprises étrangères. L'obtention de financements est aussi un moyen de contrôler les firmes privées chinoises. Comme ces dernières ne peuvent faire appel à des capitaux étrangers, elles doivent, dès lors, obtenir des financements domestiques, le plus souvent à travers les banques nationales. Or, tout investissement qui ne va pas dans l'intérêt du PCC peut être bloqué, avant même que le crédit ne soit accordé. Ceci oblige alors des firmes privées à s'enregistrer en tant que firmes publiques : se sont les « chapeaux rouges » que nous avons pu décrire précédemment (cf. page.24).

Cependant, à cause de ces influences directes, les pays (surtout les pays développés) ont érigé des barrières protectionnistes contre l'implantation des firmes chinoises. Ces derniers ont peur que ces investissements soient plus dans l'intérêt de Pékin, que de l'économie locale visée. En effet, l'Europe craint de voir des secteurs clés de son économie (industrie de haute technologie...) quitter son territoire pour s'installer sur le sol chinois après une acquisition. Les firmes étrangères craignent aussi que s'associer avec une entreprise chinoise dans un projet quelconque, à cause d'une hypothétique influence de l'Etat chinois. Face à cet ensemble de critiques et de vagues de protectionnisme, Pékin cherche la parade sans lâcher ses leviers, et commence à agir de façon plus subtile comme avec sa politique du « Going global ».

La politique du « Going global » mise en place en 2004 visait à accorder des aides financières aux entreprises chinoises sous différentes formes : crédit d'impôt, prêts à taux préférentiels..., si ces dernières investissaient dans des secteurs ou des marchés que le régime estimait stratégique comme : le marché africain et des membres de l'ASEAN. Ces aides financières sont couplées, de plus, avec les aides au développement du gouvernement chinois qui prépare ainsi la signature de futurs contrats. Cette politique marche particulièrement bien en Afrique, où le gouvernement échange des aides au développement (création d'écoles, d'hôpitaux...) contre des signatures de contrat pour l'établissement d'entreprises spécialisées dans l'extraction et l'exploitation de ressources naturelles85.

85 Chiffres officiels de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China 2008.

Ainsi, l'ensemble de ces outils montre bien que le gouvernement chinois peut influer largement le choix stratégiques des firmes chinoises. Or, il faut désormais s'attacher à étudier les facteurs politiques en eux-mêmes, du gouvernement de la République Populaire de Chine.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault