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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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b) Acquisition de parts de marchés :

L'acquisition de nouvelles parts de marchés est pour 85% des firmes multinationales chinoises un objectif prioritaire affiché et vise autant les pays développés que les pays en voie de développement. Ces dernières affirment vouloir utiliser l'expérience acquise sur le marché domestique et les exportations vers les pays étrangers afin de se lancer directement dans l'implantation à l'étranger81. A la base, les premières expansions ont pris la forme de bureaux de vente et de représentation qui avaient pour mission de faciliter les ventes en gros et au détail et de faciliter les importations depuis l'étranger des produits fabriqués par les usines en Chine. Ces bureaux permettaient un lien plus direct avec les consommateurs pour mener des études de marché, évaluer la demande, signer des contrats d'approvisionnement... Mais avec le temps les formes d'expansion ont évolué pour mieux s'adapter aux marchés étrangers avec la mise en place : d'unités de production à l'étranger, et des parties de la chaîne de production globale, qui amena à une diminution (assez limitée) des importations des pays étrangers.

De plus, l'acquisition de nouvelles parts de marchés à l'étranger s'avère vital pour certaines industries chinoises qui ont déjà atteint un certain stade de maturité comme : le

80 Christine KERDELLANT, L'Express, N°3106, semaine du 12 au 18 janvier 2011, page.78.

81 D'après l'International Finance Corporation (IFC) et le Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA).

textile, les chaussures, les bicyclettes, les appareils électriques... Ces dernières, qui connaissaient une pression concurrentielle forte sur le marché domestique, ont vu accroître cette pression avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001. Cette arrivée massive d'entreprises étrangères (parfois des délocalisations) et la fin de barrières protectionnistes a poussé certaines entreprises à trouver des débouchées sur les marchés étrangers comme pour la société Haier. Il faut aussi comprendre que les usines chinoises produisent déjà bien plus que le marché domestique ne peut absorber, et cette surproduction concerne de nombreux biens : 30% de surproduction pour les machines à laver, 40% pour les réfrigérateurs, 45% pour les fours micro-ondes, et 87% pour les télévisions. Le secteur de l'automobile atteignit, quand à lui, une surproduction de véhicules de l'ordre de 3 millions d'unités en 2004.

Un point important à souligner est que, pour accéder à certains marchés afin découler leurs produits, quelques firmes chinoises s'installent d'abord sur d'autres marchés limitrophes moins développés. Ces marchés limitrophes sont en lien avec le marché final visé, et les entreprises chinoises mélangent leurs produits avec les produits locaux afin de les faire rentrer sur ce marché. Les entreprises chinoises acquièrent pour cela des entreprises locales où elles font fabriquer leurs produits, ce qui permet de les estampiller « Made in Turkey », ou « Made in Jamaica ». Cette méthode permet de contourner les quotas ciblant les produits chinois, même si ces produits sont au final réalisés par une entreprise chinoise installée, sur un autre marché. Cela est particulièrement vrai pour le secteur du textile, qui s'installe en Jamaïque et sur l'Ile Maurice afin de pouvoir, par la suite, exporter vers le marché américain, en Turquie avec l'exploitation et le traitement du coton pour le marché européen, et les Îles Fidji pour le marché australien. En effet, depuis l'augmentation massive des produits chinois exportés dans les années 1990, les pays étrangers pour protéger leurs industries locales ont mis en place diverses barrières protectionnistes et quotas pour empêcher que leurs marchés respectifs soient inondés par l'arrivée massive de produits chinois. Les entreprises chinoises pour pouvoir contourner ces mesures, ont commencé à investir à l'étranger et à délocaliser une partie de la chaîne de production. Ainsi donc, l'expansion à l'international de certaines firmes chinoises n'est qu'une réponse adaptée à la mise en

place de barrières protectionnistes par les Etats, afin de pouvoir continuer leur activité économique.

Sur ce plan là, le gouvernement chinois n'aida de façon que relative ses entreprises, même si ce dernier affirme que l'acquisition de parts de marché est un objectif crucial pour l'économie du pays. En réalité, sa politique d'aide fut un échec relatif, car même si grâce à son action le nombre d'investissements augmenta, le montant de ces derniers resta très bas. Néanmoins, plus que l'aide du gouvernement, c'est la menace de la cession d'activité qui poussa les firmes chinoises à se lancer sur les marchés étrangers. On peut s'apercevoir que sur ce facteur bien précis d'expansion, les intérêts économiques en sont à l'origine, et non les intérêts politiques qui restent largement mis de côté.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld