0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce graphique permet de voir que la forme
d'expansion favorisée par les entreprises chinoises, est la
création d'établissements (greenfield investment), avec
40%. Ceci peut aller à l'encontre de certaines hypothèses qui
veut que les entreprises chinoises soient inexpérimentées. En
effet, il semblerait au contraire que ces dernières aient
accumulé une expérience suffisante afin de mener des projets par
elles-mêmes à l'international, même si ce graphique ne
permet pas de montrer le taux de réussite et d'échec de ces
derniers. Or, il est intéressant de regarder le deuxième choix
des firmes chinoises qui est : les joint ventures.
Les entreprises communes (joint ventures) sont des
formes d'expansion caractéristiques d'entreprises qui connaissent des
difficultés pour pénétrer un marché et qui
nécessitent l'aide d'une entreprise présente sur place afin d'y
arriver. En effet, les coentreprises sont caractéristiques des
entreprises qui nécessitent de l'aide de façon très
diverse. Les entreprises communes permettent, en effet, de partager les
coûts liés à la création de l'entreprise et donc de
limiter le montant global de l'IDE. Cela permet alors de rentrer dans les
critères définis par le ministère du commerce de la
République Populaire de Chine, et aussi d'utiliser l'argent
économisé d'en d'autres projets
d'investissements à l'étranger. De plus, les
coentreprises ont comme autres avantages, de permettre de contourner les chocs
culturels qui peuvent apparaître lors de l'entrée sur un nouveau
marché. Il est vrai que s'associer avec un partenaire local peut
permettre de mieux s'adapter aux attentes des consommateurs, ainsi qu'aux lois
et règlements du pays. Enfin, l'entreprise commune peut être aussi
un moyen d'acquérir de nouvelles technologies présentes sur un
marché local. Ainsi, cette autre forme d'expansion semble aller à
l'opposé de notre première constatation qui voulait que les
entreprises chinoises soient autonomes. Cette forme d'expansion
appréciée par une grande partie des entreprises chinoises peut
montrer au contraire, une forme de faiblesse de la part des firmes chinoises
qui nécessitent de l'aide afin d'accéder aux marchés
visés. On se retrouve donc face à un paradoxe : une partie des
firmes chinoises semble suffisamment autonome pour mener des projets à
partir de zéro, et de s'installer par elles-mêmes sur ces
marchés visés, l'autre partie des firmes, quand à elle
semble à l'opposé, incapable de mener des projets toutes seules
et utilisent la forme des entreprises communes afin de pouvoir mener leurs
politiques d'expansion. Cependant même si les projets d'investissement
« greenfield » marquent une maturité certaine de la
part d'une partie des firmes chinoises, ces dernières sont encore peu
nombreuses à choisir l'option des fusions&acquisitions.
Les fusions&acquisitions sont, en effet, encore peu
nombreuses parmi les firmes chinoises (19%). Cette forme d'expansion est sans
doute la plus difficile que peut choisir une entreprise, chose qui peut
s'expliquer par diverses raisons. Tout d'abord, les fusions&acquisitions
nécessitent des moyens financiers bien supérieurs que pour les
entreprises communes. Ce fort montant peut rentrer en conflit avec les plafonds
d'IDE définis par le ministère du commerce de la
République Populaire de Chine (cf. page.37), et toutes les
firmes chinoises ne sont, de plus, pas capables de fournir de tels montants.
Aussi, les fusions&acquisitions obligent à d'autres obligations
comme une parfaite connaissance des lois et règlements du pays
hôte, ainsi qu'une capacité pour l'entreprise acheteuse à
absorber des employés, une culture d'entreprise différente... Il
est vrai qu'audelà des simples aspects matériels, les aspects
immatériels sont à prendre en compte. Or, les entreprises
chinoises peuvent accumuler certaines difficultés comme : une mauvaise
image liée à la qualité des produits chinois, à
l'organisation du travail... On peut pour
illustrer cette affirmation prendre l'exemple du rachat du
journal américain The Onion par l'entreprise
sichuanaise Yu Wan Mei Corporation en juillet 2009. Cette acquisition
fut un échec total pour l'entreprise chinoise qui voulut utiliser le
journal à des fins de propagande prochinoise, alors qu'à la base,
ce journal était d'obédience satyrique69. Ce simple
exemple permet de montrer deux erreurs que l'entreprise a commises en rachetant
ce journal : une mauvaise connaissance des lecteurs américains, et une
mauvaise connaissance de l'esprit d'entreprise du journal acheté.
Cependant, il est intéressant de noter que même
si les fusions acquisitions restent limitées à l'heure actuelle,
ces dernières connaissent une progression lente mais ininterrompue
depuis 2008, en particulier au sein des pays en voie de développement.
La proportion des fusions&acquisitions par rapport aux autres formes
d'expansion (au sein des pays en voie de développement) est
passée de 8% en 2008, pour atteindre 15% en 2009, et finalement 22% en
2010. Selon un rapport de l'OCDE de 200870, les flux d'IDE
concernant des fusions&acquisitions sont passés de 60 millions de
dollars en 1990 pour atteindre 5,3 milliards de dollars en 2005. Ces
dernières sont utilisées par les entreprises chinoises comme des
moyens d'accéder rapidement et relativement facilement à des
hautes technologies (en particulier dans le secteur des
télécommunications), d'acquérir des parts de
marchés, de posséder une nouvelle marque (pouvant contrebalancer
la mauvaise image des marques chinoises)... Mais le rapport permet aussi de
démontrer que même si cette forme d'expansion commence petit
à petit à s'imposer parmi les firmes chinoises, elle reste encore
le panache des grandes firmes multinationales, les plus petites se contentant
encore des entreprises communes pour la grande majorité d'entres
elles.
Malgré une progression du nombre de
fusions&acquisitions, les échecs restent encore nombreux à
cause d'une mauvaise préparation et d'un manque flagrant de conseil. Le
conseil aux entreprises (consulting) reste encore peu populaire en
Chine et amène régulièrement à des échecs
cuisants lors de fusions&acquisitions comme avec le groupe TCL
(cf. page.69). En fait, les entreprises chinoises sont plus
habituées au phénomène de la guanxi (?\u31995OEn
: guânxi), qu'on pourrait traduire en français par :
« les relations ».
69 EuroBiz, juin 2010, p.37.
70 OECD Investment Policy Reviews : China
2008, OECD 2008, page.74.
Cependant, ces relations vont au-delà d'un simple
contact, mais de véritables liens plus ou moins directs avec les
clients, les fournisseurs, le PCC... Sans guanxi, il est totalement
impossible de mener à bien une activité commerciale en Chine, ou,
depuis la Chine71. Or, le problème est, que les entreprises
chinoises sont habituées aux guanxi, et les confondent avec le
conseil aux entreprises, ce dernier est alors sous-estimé et est pris
comme une sorte d'intermédiaire à la réalisation d'un
projet. Néanmoins, malgré ce manque de compréhension de
l'intérêt du conseil aux entreprises par la majorité des
firmes chinoises, certains groupes, parmi les plus puissants, ont
commencé à s'y référer pour n'importe quel projet
appelant à une fusion&acquisition. Ils ont alors traité avec
des groupes comme : JP Morgan, Lehman Brothers, Merril
Lynch... (Voir tableau I.A.2).
Tableau I.A.2 : Les 5 meilleurs contrats de
fusions&acquisitions conseillés
(2008-2010)