c) L'Amérique du Nord et l'Europe, un marché
plus tardif ?
Les pays occidentaux sont souvent décris, par la
presse, comme le nouveau lieu d'investissement et d'installation des firmes
multinationales chinoises, cependant l'étude des IDE chinois peut
prouver l'erreur partielle de cette affirmation57. Il peut aussi
sembler logique à première vue de réunir dans une
même catégorie, des pays développés, les
marchés nord américains et européens. Or, le
réflexe ne doit pas être aussi naturel, en effet, les
différences entre les Etats-Unis, le Canada, les Bahamas, les Bermudes,
les Îles Caïmans, Cuba, la République Dominicaine,
Haïti, Dominique, la Jamaïque, le Mexique, et Antigua et Barbuda sont
bien réelles : les deux premiers pays sont respectivement
55 Pan WEI, Le modèle chinois : une
lecture de soixante ans de République populaire, Pékin,
2009, Editions Zhongyang Bianyi Chubanshe.
56
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20090812175902/petrole-chine-commerce-cooperationrien-neva-plus-pour-les-chinois-d-algerie.html
(le 1 mars 2011).
57
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/354501-faut-il-avoir-peur-de-la-chine
(le 1 mars 2011).
classés première et onzième puissance
mondiale en 2009 58 , ont des monnaies différentes... Pour
l'Europe, les différences sont encore plus grandes avec d'un
côté les pays de l'Europe de l'Ouest (Royaume-Uni, Allemagne,
France, Belgique...) et de l'Est (Pologne, Ukraine, Russie...), ainsi qu'entre
les pays membres de l'Union Européenne, ceux qui postulent à
l'adhésion, et ceux qui s'y refusent. Pouvoir parler des entreprises
chinoises s'installant dans ces marchés respectifs, c'est d'abord
distinguer ces derniers et leurs caractéristiques spécifiques.
Tout d'abord, le marché nord américain n'est
pas une destination récente des investissements chinois, bien au
contraire, il est avec l'Océanie le tout premier lieu à avoir
reçu les premiers IDE chinois en 1979. Ces derniers regroupaient 80% des
flux chinois de 1979 à 1991, mais ils restaient, en valeurs absolues,
très faibles et n'excédaient jamais un milliard de dollars par
an. La majorité de ces investissements étaient de plus
effectués par des entreprises d'Etat sans expériences qui
hésitaient encore à s'aventurer sur les marchés
extérieurs. Cette inexpérience, plus qu'un défaut, est la
cause du choix du marché nord-américain et Océanique.
L'Océanie était proche et plus développée que la
Chine, et l'Amérique du Nord, quand à elle, était un
marché très actif et ouvert aux capitaux étrangers. Dans
les deux cas, le placement était sur et ne comportait aucun risque
majeur à l'époque. Cette absence de risque permet de comprendre
cette décision de venir très tôt s'installer sur ces
marchés. Or, à près 1991, les entreprises chinoises se
sont détournées de ces marchés pour pouvoir se recentrer
sur de nouvelles destinations comme l'Asie, il faudra attendre alors 2003 pour
voir ces derniers regarder de nouveau vers le marché originel.
En 2010, parmi les entreprises qui ont investi en
Amérique du Nord, la majorité a investi ni aux Etats-Unis, ni au
Canada, et ont préféré d'autres destinations comme les
Bahamas, le Mexique... (Voir graphique II.B.5, voir page suivante).
58 Classement provenant du Fond Monétaire
International (FMI), sur une base de calcule du Produit Intérieur Brut
(PIB). World Economic Outlook Database d'avril 2010.
Graphique II.B.5 : Destinations des investissements
des FMN chinoises en Amérique du Nord
10%
Etats-Unis
Canada
Etats-Unis et Canada Autres destinations
5%
53%
32%
Source: Source: China council for the promotion of
international trade.
Cependant, même si la majorité des entreprises
chinoises qui investissent en Amérique du Nord choisit une autre
destination que celle des Etats-Unis et du Canada (53%), ces deux derniers pays
regroupent 47% des autres investissements. Plus clairement, sur douze pays qui
composent l'Amérique du Nord, dix d'entre eux se partagent 53% des
investissements chinois, tandis que les deux autres s'en partagent 47%. Ainsi
les Etats-Unis et le Canada reçoivent de plus gros montants, et les
autres pays doivent se partager à plusieurs, une somme qui est pourtant
plus importante. Dans ces autres pays, les Bahamas, les Îles
Caïmans, et le Mexique occupent une place importante. Les Bahamas et les
Îles Cayman ont une place particulière en tant que paradis
fiscaux59 et attirent de nombreux flux d'IDE au
détriment de l'Asie (cf. pages.54/55). Le Mexique, quand
à lui, est classé quatorzième puissance mondiale, et la
Chine depuis la visite de son ministre des affaires étrangères
Yang Jiechi en 2010, a décidé d'accélérer
l'établissement de relations économiques avec cette puissance
montante qui pour avantage, de disposer d'une main d'oeuvre qualifiée et
de bon marché, et d'une frontière commune avec les Etats-Unis.
D'après une étude sur les entreprises ayant
investis en Amérique du Nord durant l'année 2009/2010, la grande
majorité d'entre elles sont satisfaites de leurs investissements
(voir graphique II.B.6, voir page suivante).
59 Les paradis fiscaux sont des territoires qui
disposent d'une fiscalité très basse en comparaison des pays
développés. Christian CHAVAGNEUX et Ronen PALAN, Les paradis
fiscaux, Paris, 2007, Collection REPERES, Editions La
Découverte.
Graphique II.B.6: Degré de satisfaction des
investissements en Amérique du Nord
12%
3%
17%
8%
60%
Très satisfaits Assez satisfaits Plutôt
déçus Très déçus Sans avis
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, 68% d'entre elles estiment être satisfaites
de leurs investissements, contre 15% qui sont déçues. Cette
majorité écrasante de satisfaction montre l'intérêt
que le marché nord américain peut avoir pour les firmes
chinoises, qui estiment avoir reçues un bon retour sur investissement.
Il est aussi intéressant de noter que 17% des firmes multinationales
chinoises sont sans avis, pour la simple raison qu'elles jugent que leurs
investissements sont encore trop récents pour pouvoir se prononcer sur
un quelconque degré de satisfaction. Ceci prouve que le marché
nord américain a bel et bien attiré de nombreux investissements
récemment (2003/2006), et peut faire preuve du dynamisme de ce
dernier.
Les raisons de satisfaction sont nombreuses, même si
elles n'empêchent pas l'existence de problèmes pouvant
décourager de nombreuses firmes chinoises à venir investir sur ce
marché. Du point de vue des aspects positifs, les entreprises chinoises
définissent trois grands critères positifs au marché nord
américain : la facilité d'entrer sur ce marché (83% des
entreprises sont d'accord sur ce point), la facilité pour s'agrandir et
prospérer (75%), et la présence de services recherchés par
les entreprises (69%). Il en existe bien d'autres, mais ces trois derniers sont
les seuls à recevoir un tel consensus des firmes chinoises. Le
marché nord américain semble donc facile d'accès et
prospère pour les entreprises qui souhaitent s'y installer, et sont des
qualités primordiales pouvant expliquer le haut degré de
satisfaction que rencontre ce marché pourtant très
hétérogène. Cependant d'autres critères, qui
auraient pu expliquer aussi cette satisfaction, ne sont pas relevés par
les firmes chinoises comme des critères principaux de satisfaction, tel
que :
l'accès à des technologies, l'accès aux
énergies et ressources naturelles, les efforts des gouvernements locaux
pour attirer des entreprises chinoises... (Voir tableau II.B.1).
Graphique II.B.1 : Tableau d'évaluation du
marché nord américain
Evaluation du marché
nord américain
|
Pourcentage d'approbation
|
Présence de services recherchés par
les entreprises
|
69%
|
Coûts d'exercice de l'activité sur
le marché nord américain sont plus bas que dans les autres
pays développés
|
51%
|
Facilité pour s'agrandir et prospérer
|
75%
|
Accès aux énergies et
ressources naturelles
|
51%
|
L'accès à des technologies
nécessaires pour l'activité de l'entreprise
|
60%
|
Facilité d'entrer sur le marché
|
83%
|
Efforts des gouvernements locaux pour attirer les
entreprises chinoises
|
52%
|
L'Amérique Nord est l'une des régions qui
possède globalement un meilleur niveau de vie
|
66%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, les politiques mises en place afin d'attirer
spécifiquement les entreprises chinoises ne rencontrent pas
d'échos particuliers (pour seulement 52% d'entre elles), et
l'accès aux énergies et ressources naturelles n'ont un
intérêt que pour 51% d'entre elles. A contrario, le meilleur
niveau de vie global du marché nord américain trouve un
intérêt pour 66% des entreprises chinoises présentes sur ce
marché. Niveau de vie d'ailleurs en pleine expansion pour des pays comme
le Mexique, qui a vu son Indice de Développement Humain (IDH) progresser
de 23% entre 1975 et 2007.
Cependant, malgré les qualités
présentées ci-dessus, le marché nord américain
possède aussi des défauts qui peuvent alors décourager
certaines entreprises à venir investir (voir graphique
II.B.7).
Graphique II.B.7 : Raisons décourageant les IDE
chinois pour l'Amérique du Nord
Manque de compréhension des lois et des risques
liés à l'Amérique du Nord
Difficulté de trouver des partenaires commerciaux
Clients locaux non familiers avec les marques chinoises
Clients potentiels et les institutions émettent
des doutes sur les produits chinois (qualité et sureté)
Travailleurs peu familiers avec l'entreprise Importations plus
interessantes que les IDE Difficulté d'obtention du visa
0% 10% 20% 30% 40% 50%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ainsi, la raison principale qui décourage les firmes
chinoises à venir s'implanter sur le marché nord américain
est le manque de compréhension des lois et des risques liés
à ce marché avec 40%. Ceci confirme l'idée de la jeunesse
des firmes chinoises avec un manque d'expériences
caractéristique, qui peut limiter leurs intentions de s'implanter
à l'extérieur. L'action du gouvernement chinois serait alors de
jouer un rôle d'informateur pour ces entreprises à travers ses
ambassades. La deuxième raison majeure qui pousse les entreprises
chinoises à ne pas investir sur le marché nord-américain
sont que les importations demeurent plus intéressantes (32%),
phénomène lié au manque de confiance des clients
potentiels (21%) et à la difficulté de trouver des partenaires
commerciaux (29%).
Ainsi, après avoir compris l'actualité du
marché nord américain avec ses caractéristiques, ses
forces et ses faiblesses, il est désormais nécessaire de
s'intéresser aux perspectives d'évolutions de ce marché
(voir graphique II.B.8, voir page suivante).
Graphique II.B.8 : Intentions d'investissement en
Amérique du Nord
29%
52%
6%
13%
Etats-Unis
Canada
Etats-Unis et Canada
En-dehors de l'Amerique du Nord
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut ainsi s'apercevoir qu'encore 52% des firmes chinoises
qui investiront à l'étranger ne le feront pas en Amérique
du Nord. Cela peut alors s'expliquer par les difficultés
rencontrées par les entreprises chinoises citées
précédemment (voir page précédente). Le
problème d'un manque d'informations des entreprises chinoises est
caractéristique de la grande majorité de ces dernières qui
se retrouvent avec des difficultés pour investir, où n'atteignent
pas les objectifs visés : comme le cas de l'entreprise Sichuan
Tengzhong qui tenta le rachat de la marque Hummer à
General Motors, mais qui se heurta aux réticences des
employés de la marque et qui au final ne reçu pas l'accord du
ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Sinon,
29% des entreprises préfèreront les Etats-Unis, tandis que le
Canada n'attirera que 6% d'entre elles. 13% d'entre elles, choisiront
d'investir dans les deux pays. Les Etats-Unis occupent une place
prédominante dans ces investissements à venir, beaucoup plus que
le Canada. Le pays profite d'avantages certains, comme le fait d'être la
première puissance mondiale, pour attirer les investissements, mais
aussi de ses faiblesses. En effet, le fait que la Chine est accumulée
des réserves gigantesques de change en dollars, aide les entreprises
chinoises à s'installer dans ce pays60.
Ainsi, le marché nord américain attire de
nombreuses entreprises chinoises, et les Etats-Unis occupent une place
prédominante au sein de ce dernier. Le pays joue de ses avantages et de
ses faiblesses pour attirer les firmes avec un succès certain. Cependant
de
60 Elles étaient estimées, en
décembre 2006, à 2,400 milliards de dollars. (
http://www.lexpansion.com/economie/lesreserves-de-change-de-la-chine-frolent-les-2-400-milliards-de-dollars
224742.html), le 1 mars 2011.
nombreux défauts caractéristiques du
marché limitent encore son attrait, comme la difficulté pour
obtenir un visa.
L'Europe, de son côté, attire depuis bien plus
récemment les firmes chinoises et en nombre limité. Actuellement
l'Europe de l'Ouest domine en attirant la majorité des firmes chinoises,
mais l'Europe de l'Est progresse de plus en plus depuis 2003 en particulier la
Russie. Il faut alors diviser l'Europe en deux pour pouvoir analyser les
investissements, mais au lieu de la diviser entre « Ouest » et «
Est », il serait plus intéressant pour l'analyse de la diviser
entre : l'Union Européenne (UE27), et l'Europe toute entière (en
y introduisant la Turquie et la Russie).
En fait, sur la totalité des firmes chinoises qui
s'implantent à l'étranger, à peine 11% d'entre elles
choisissent l'Union Européenne comme destination (voir graphique
II.B.9).
Graphique II.B.9 : Firmes chinoises qui investissent
actuellement dans l'UE27
10,82%
,44
88,74%
Oui
Non
Sans réponses
Source: China council for the promotion of international
trade.
Les entreprises chinoises investissent ainsi donc peu dans
l'Union Européenne. Les pays qui attirent alors la majorité des
investissements sont : l'Allemagne, la France, l'Italie, et le Royaume-Uni. Les
entreprises chinoises préfèrent donc les pays de l'Europe de
l'Ouest au sein de l'UE27 comme destination d'implantation. Différentes
raisons peuvent expliquer cette implantation comme : le poids de l'industrie
allemande sur la scène mondiale, la diaspora chinoise en France qui est
la plus grande d'Europe avec
200 000 à 300 000 personnes61 ... Si l'on
regarde l'Europe dans son ensemble, le continent attira 3.6% des flux d'IDE
entre 2003 et 2006. Cependant c'est l'Europe de l'Est et Centrale qui profita
le plus de ces investissements, en effet alors que les flux stagnent à
120 millions de dollars pour l'Europe de l'Ouest, le reste de l'Europe attira
en 2003, 38 millions de dollars et 500 millions en 2006 (voir graphique
II.B.10).
Graphique II.B.10 : Evolution des flux d'IDE chinois
de 2003 à 2006 pour l'Europe (En millions de dollars)
700
600
400
300
200
500
100
0
2003 2004 2005 2006
Europe
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est et centrale
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
Au sein de l'Europe, la Russie occupe une place centrale en
attirant 58,9% des flux, l'Allemagne ne vient qu'en seconde place avec 19,9%,
et le Royaume-Uni troisième avec 7,1%. La France, elle, occupe une place
plus modeste. En terme de stocks d'IDE (2003/2006), ces derniers sont en
progression, mais avec toujours un avantage pour l'Europe central et de l'Est
qui en accumulent 53,7%, l'Europe de l'Ouest en accumule 46,3%. Cependant cet
avantage de l'Est et du centre n'est que récent face à l'Ouest,
et l'analyse des stocks permet de mieux sans rendre compte. En effet, jusqu'en
2003, ces derniers étaient majoritairement concentrés en Europe
occidentale, le renversement ne s'est fait que lentement, pour finalement
arriver à un basculement à l'avantage de l'Europe centrale et
orientale à parti de 2006. Certes l'Europe orientale connue un brusque
accroissement d'installations de firmes chinoises, mais l'Ouest n'est pas en
reste, même si le rythme c'est ralenti, il continu à progresser de
façon positive (voir graphique II.B.11, page suivante).
61
http://www.chine-informations.com/guide/diaspora-chinoise-en-france
2485.html, le 1 mars 2011.
Graphique II.B.11 : Evolution des stocks d'IDE de 2003
à 2006 en Europe (En millions de dollars)
2500
2000
1500
1000
500
0
2003 2004 2005 2006
Europe
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est et centrale
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
L'Europe possède, en effet, des points forts qui
permettent d'attirer les firmes chinoises. L'Union Européenne,
bénéficie de son marché intégré et de sa
monnaie unique qui permet de faciliter les transactions entre les pays membres,
ainsi que d'une bonne régulation de ses marchés, ceci est alors
cité par les entreprises chinoises comme étant les plus grands
avantages que peut offrir l'Union. La qualité des infrastructures,
l'excellent niveau de la Recherche et du Développement (R&D), et les
politiques incitatives à l'égard des firmes chinoises sont alors
aussi décris par les intéressés comme d'autres points
forts que l'UE27 offre. C'est pour cela qu'en 2009, l'entreprise chinoise de
télécommunication HUAWEI décida d'implanter un centre de
R&D à Paris en partenariat avec ParisTech (entreprise qui y trouve
son intérêt vu qu'elle consacre 10% de son chiffre d'affaire en
R&D)62. Le haut niveau des salaires et des taxes, quand à
lui, ne semble pas autant désavantager le marché commun,
même si les entreprises chinoises restent assez divisées sur la
question. L'Europe centrale et orientale quand à elle
bénéficie d'autres avantages comme un marché en expansion
et une main d'oeuvre bon marché comparée à l'UE27. La
Russie, elle, jouit d'un avantage énorme qui est de posséder deux
frontières communes : une avec la Chine et une avec l'Union
Européenne. Elle joue le rôle de relais entre les deux pays et le
transsibérien permet le transport des marchandises par train en
plus ou moins quinze jours. La Russie bénéficie aussi d'autres
avantages comme le fait d'être membre de l'organisation de
coopération de Shanghai (cf. page.51) et de posséder de
grandes réserves de gaz et d'hydrocarbures.
62
http://www.huawei.com/fr/catalog.do?id=1021
(le 11 mars 2011).
Cependant, malgré ces avantages l'Europe n'attirait
encore que 3% des stocks d'IDE en 2006. Le manque de connaissance du
marché, et de sa réglementation de la part des entreprises
chinoises demeure la cause principale de désaffection comme pour
l'Amérique du Nord. En effet, sur les entreprises chinoises qui
pensaient investir dans l'Union Européenne, 18% d'entre elles ont
finalement renoncé. Ce manque de connaissance des habitudes des
entreprises européennes et des lois amena à des échecs
d'implantation célèbres qui ont pu pousser certaines firmes
à reconsidérer leurs projets d'investissement. En France, la
reprise de Thomson TV par l'entreprise chinoise TCL est sans
doute le cas le plus célèbre (voir encadré sur
l'échec de TCL en Europe), or cette reprise fut plus coûteuse
que prévue et amena à une obligation de rationaliser l'ensemble
de ses activités. Sur un autre plan, le rachat de l'activité
tuyaux de Euro-Auto Hose par GreenCool en 2004 amena au final
à la fermeture du site et au renvoi des 178 employés. Ensemble
d'échecs qui peuvent expliquer la baisse des investissements chinois
entre 2006 et 200763.
Echec de TCL en Europe
L'échec de l'implantation de TCL en Europe
est symptomatique des difficultés que connaissent les entreprises
chinoises de façon majoritaire, et des conséquences
néfastes qu'elles peuvent avoir sur les marchés locaux. En 2002,
TCL s'implante en Europe après le rachat de Schneider
Electronics qui était en dépôt de bilan, cependant les
difficultés financières trop lourdes à supporter pour
TCL, l'oblige à abandonner en 2005. En 2004, TCL
rachète alors Thomson TV qui connaissait des difficultés
financières, et devient, début 2006, le premier producteur
mondial de TV. Or, à la fin de cette même année 2006,
TCL renoue avec des difficultés financières,
l'entreprise décide alors de restructurer ses activités, ce qui
amena à la fin de la production de téléviseurs en Europe.
Ceci est la preuve du manque de connaissances, et de réalisme de la part
des firmes multinationales chinoises. Conséquences néfastes pour
tous les partis, et qui s'expliquent par la non connaissance totale du
marché européen, de ses lois, de ses coutumes, ainsi que par
la
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63 Françoise HAY, Christian MILELLI, et
Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et
indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris,
janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi,
Direction Générale des Entreprises, 135 pages, p.93.
volonté des dirigeants de vouloir racheter des
entreprises européennes en difficulté afin de limiter les
coûts d'entrés sur le marché.
Source : Ministère de l'Economie des Finances et de
l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, janvier
2008.
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En ce qui concerne l'avenir pour 2011 et 2012, les
entreprises chinoises se révèlent assez optimistes, et annoncent
pour 14,45% d'entre elles, qu'elles considèrent investir dans l'Union
Européenne. Les destinations en têtes sont toujours les pays de
l'Europe occidentale, avec l'Allemagne à la première place,
cependant la deuxième ne revient pas au Royaume-Uni (voir graphique
II.B.12).
Graphique II.B.12 : Perspectives d'investissements par
Etats membres
120
100
40
20
80
60
0
Autriche
Belgique Bulgarie Chypre Republique
Tcheque Allemagne Danemark
Estonie
Espagne Finlande
France
Royaume-Uni
Grace
Hongrie Irlande
Italie
Lituanie
Luxembourg Lettonie
Make
Hollande
Pologne Portugal Roumanie
Suede Slovenie Slovaquie
Nombre des futurs investissements
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, il semblerait pour l'avenir que la France prenne la
deuxième place au Royaume-Uni qui finirait au final que
quatrième, derrière l'Italie. Il est important quand même
de noter la montée de l'Espagne, qui prend la cinquième place
juste derrière le Royaume-Uni à quelques investissements
près. Or, il est important de se rappeler que par le passé,
près de 18% des firmes qui avaient des projets d'investissement dans
l'Union Européenne ne les ont, au final, pas menés jusqu'au
bout.
Ainsi, l'Europe est un marché très
récent qui évolue de façon hétérogène
entre sa partie occidentale, centrale et orientale. L'Union Européenne
jouit d'un grand pouvoir d'attraction grâce à son marché et
sa monnaie commune.
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