49
http://www.amisdelaterre.org/geopolitique-des-agrocarburants.html
(le 1 mars 2011).
50 Source provenant du site Web officiel du FCSA :
http://french.focacsummit.org/focacsummit/
(le 1 mars 2011).
Cependant, même si les flux d'IDE chinois sont
importants (voir graphique II.B.3), les stocks chinois restent quand
à eux très faibles par rapport aux autres partenaires
traditionnels de l'Afrique, et ne représentaient en 2006 que 1% du
total. Le Royaume-Uni occupait quand à elle la première place
avec 16,6%, les Etats-Unis d'Amérique avec 9,2% la deuxième
place, la troisième place à la France avec 7,6%, l'Espagne
(5,6%), et les Pays-Bas (4,9%).
Graphique II.B.3 : Flux d'IDE chinois vers l'Afrique
de 1991 à 2006
(En millions de dollars)
400
200
600
500
300
100
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006
Source : Ministère du Commerce de la République
Populaire de Chine.
L'analyse de graphique permet de confirmer deux choses : le
début du décollage des investissements chinois commença
à partir de la fin des années 1990 et le forum de
coopération sino-africain joua un rôle important dans le
développement des relations commerciales (sommets de 2000,2003, 2006,
2009, et 2012 à venir).
La majeure partie des entreprises qui investissent, est
privée et quelques une à peine sont des entreprises d'Etat. En
effet, sur 750 à 800 entreprises chinoises qui investissent en Afrique,
à peine 100 d'entres elles sont des entreprises d'Etat, et le reste
compte majoritairement des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Ceci permet
alors d'appréhender les investissements des entreprises en Afrique, en
effet, les PME chinoises réalisent des projets de petits montants,
tandis que, les entreprises d'Etat quand à elles réalisent des
projets avec de très gros montants (projets de voies ferrées, de
génies civils,
et de réseaux de
télécommunication...51). Il est important de noter que
le FCSA, a permis d'aider les PME chinoises à s'installer, et est l'une
des caractéristiques du marché africain. Les entreprises d'Etat,
quand à elles, sont présentes depuis longtemps et
répondent à des intérêts politiques.
L'autre caractéristique du marché africain qui
le rend original est : le mélange d'IDE et d'Aides au
Développement. De 1960 à 1989, les aides au développement
de la Chine atteignent la somme de 4,7 milliards de dollars (soit la
moitié de la totalité des aides au développement
reçus par l'Afrique durant cette même période). Alors
qu'à la base, ces aides avaient été mises en place afin
d'obtenir des soutiens diplomatiques, ces dernières ont
évolué afin de se coordonner avec les IDE chinois. En effet,
selon les professeurs Deborah Brautigam52 et Duncan
Freeman53, les aides au développement chinois visent à
s'assurer des soutiens politiques afin d'obtenir un accès
privilégié aux ressources naturelles des pays et aux divers
marchés du continent. Ces aides ont aussi été mises en
place afin de permettre le développement de l'agriculture en Afrique via
une acquisition de terres, cependant la production est majoritairement
destinée à la Chine et non aux locaux, de plus certaines
exploitations visent à la production de biocarburants. Les aides au
développement chinois cachent, en effet, des intérêts
économiques jugés stratégiques par Pékin. Ces aides
permettent aussi de mieux faire passer les investissements au près des
locaux, en effet, les entreprises chinoises jouissent d'une mauvaise
réputation, en particulier pour les secteurs miniers et de l'industrie
lourde. Ces aides sont aussi réalisées par des entreprises, via
des contrats, qui les poussent à investir sous des formes de branches,
de filiales, de joint-ventures... Cependant, ce mélange n'est pas
accepté par tout le monde et certains pays africains ont peur
qu'à travers ces aides au développement, la Chine tente de
s'immiscer dans les affaires internes du pays. D'autres pays, quand à
eux, voient dans ce « mariage » un non respect de la
concurrence et une aide inacceptable du PCC à ces entreprises.
Les investissements chinois se concentrent sur 48 pays, dont
cinq en particuliers (si l'on regarde sous l'angle des stocks) :
l'Algérie, le Niger, l'Afrique du Sud, le Soudan,
51 China's Outward Direct Investment: chapter
3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD 2008.
52 Professeur à la School of International
Service, American University.
53 Chercheur à l'Institut d'études
contemporaines chinoises de Bruxelles.
et la Zambie. Ces derniers regroupaient, rien qu'à
eux, 54,6% du stock total des IDE chinois en 2006. Le Soudan rentra quand
à lui en terme de stock, comme la 9e destination mondiale
préférée des investissements chinois en 2006 (voir
graphique II.B.4).
Graphique II.B.4 : Pays africains qui reçoivent
le plus de Stocks d'IDE chinois
600
400
300
200
500
100
0
Soudan Zambie Algérie Niger Afrique
du Sud
Tanzanie Egypte Ethiopie Congo Guinée
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
En terme de flux, les pays recevant le plus d'investissements
chinois en 2006 restent plus ou moins les mêmes (Soudan, Zambie,
Algérie, Afrique du Sud). Les 5 destinations
préférées en monopolisent plus des trois quarts. En fait,
la Chine a globalement investi dans des destinations qui ont été
évitées par les firmes multinationales étrangères,
et en particulier occidentales, comme le Soudan, l'Angola, et la Zambie. Par
exemple, en 2002, la Chine investit en Angola (après 27 ans de guerres
civiles) et aida à la reconstruction du pays, ceci permit alors à
la SINOPEC d'acquérir 50% de Sonangol54. En
2006, ce rapprochement poussa à la création d'une joint-venture :
Sinangol-SINOPEC International, afin de pouvoir à partir de
l'Angola investir vers d'autres destinations proches du pays. Des
investissements similaires ont eu lieu en 2006 au Soudan, et en particulier
dans la zone du Darfour, ainsi qu'au Zimbabwe alors que d'autres firmes
multinationales avaient été découragées par
l'action d'Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui militent pour
les Droits de l'Homme. Ces investissements sont fortement critiqués par
les puissances étrangères, mais la Chine répond que sans
aides, on ne peut permettre le développement. En réalité,
le pays profite de l'absence de concurrence pour s'implanter au meilleur
coût, et prendre une avance sur les autres pays. Sur un plan politique la
Chine joue la carte des « pays non démocratiques »,
en effet,
54 Entreprise pétrolière d'Etat
angolaise.
l'absence de démocratie est la critique principale
faite au pays et utilise cette critique comme un argument positif : « on
peut être non démocratique, mais réussir quand même
»55. Cette critique commune pousse, certains pays africains,
à se jeter dans les bras de la Chine qui montre qu'un pays peut se
développer, malgré une absence de régime
démocratique.
Dans l'avenir, le marché africain risque de devenir
l'un des principaux marchés de la Chine et où de nombreuses
firmes multinationales chinoises s'installent. Le PCC parie sur une progression
suffisante de ce dernier pour devenir un marché de consommation à
très gros potentiel. Cependant, malgré la réussite
à l'heure actuelle de la Chine, le continent reste encore perplexe face
à ce nouvel arrivant et n'est pas encore prêt à tourner le
dos définitivement aux investisseurs traditionnels comme la France. De
plus, des échos négatifs liés à l'implantation de
firmes multinationales chinoises commencent à se faire entendre.
L'exemple de la mine de Chambishi (cf.page.22) reste
célèbre et présente la Chine comme un investisseur qui
peut être parfois sans scrupule, et qui par ailleurs, embauche en Afrique
majoritairement des chinois et non des locaux, ce qui pousse certains pays
comme l'Algérie à obliger chaque entreprises du bâtiment
chinoises à embaucher au minimum 20% de salariés
algériens56.