b) L'impact limité, mais réel de la crise
économique de 2008 sur les IDE chinois :
La crise économique de 2008 toucha fortement les IDE de
toutes les firmes multinationales et entreprises investissant sur des
marchés extérieurs à leurs marchés locaux. En
effet, le volume du commerce international chuta de 40%, à cause de
problèmes de financements (contraction du
crédit) et de chute de la consommation (surtout sur le marché
américain). Cette chute de la consommation ne concerne de plus, pas que
les ménages, mais aussi les entreprises avec une chute du «
Business to Business »30. Les firmes multinationales
chinoises n'échappent pas à la règle, même si comme
cela a été dis précédemment, la grande
majorité des entreprises investissant à l'extérieur des
frontières chinoises le font de façon limitée. Ces
dernières ont généralement aussi été
affectées par cette crise économique, et ont quand même du
diminuer leurs investissements. Cependant face à cette crise, certaines
entreprises qui ont assez bien résisté, et grâce à
des aides du gouvernement, ont pu jouer de leurs atouts afin de tourner cette
crise à leur avantage en rachetant des entreprises affaiblies ou en
leurs prenant des parts de marché. Cette crise économique de
grande ampleur qui pouvait laisser croire qu'elle allait faire diminuer
fortement les investissements chinois n'eut pas ce résultat. Les
entreprises chinoises sont arrivées à passer convenablement cette
crise, voir à en trouver des avantages pour les meilleures. Les IDE
chinois ne sont donc pas aussi fragiles que les économistes pouvaient le
croire malgré leur faible montant.
La crise économique de 2008 eu un impact important sur
les IDE chinois. En 2010, seulement 13% des entreprises chinoises affirment que
cette crise n'eut aucun effet sur leurs investissements, tandis que pour 31%
d'entres elles, cette crise eu un impact direct majeur sur leurs IDE. Or, 56%
des entreprises qui investissent à l'extérieur de la Chine
disent, quand à elles, que la crise économique n'eut qu'un impact
limité sur leurs IDE. Les firmes multinationales chinoises ont dus subir
différemment cette crise économique, même si pour la
majorité d'entres elles, l'impact fut limité voir inexistant. De
plus, il est intéressant de noter qu'en 2008, 40% des entreprises
estimaient que cette crise économique avait ou allait avoir une
conséquence majeure sur leurs investissements, elles ne sont aujourd'hui
plus que 31% au moment où le commerce international recommence à
voir son volume augmenter. Ceci permet de faire l'hypothèse que
même si l'impact de cette crise sur les IDE chinois fut important, les
firmes multinationales chinoises ont bien résisté à cette
chute du volume du commerce international. Or, au-delà de cette
capacité, à première vue, à avoir su
résister à la crise, on ne peut faire l'économie de
chercher à
30 Le « Business to Business »,
souvent simplifié par : le B2B, concerne l'ensemble des activités
de clientèle qu'une entreprise peut avoir avec une ou des entreprise(s).
Ceci s'oppose aux relations de clientèle existant entre une entreprise
et un particulier.
connaître les difficultés qu'ont rencontré
les firmes chinoises durant cette période. Il est même
nécessaire de chercher à comprendre les avantages que certaines
d'entre elles ont rencontré au moment de cette crise.
En 2010, 257 entreprises chinoises affirment avoir
rencontré des difficultés importantes à cause de la crise
financière de 2008, tandis que 101 autres, au contraire, ont
rencontré des facilités pour leurs IDE. Il existe cependant
encore un certain nombre d'entreprises qui sont, quand à elles, encore
incapable à l'heure actuelle de pouvoir évaluer
véritablement l'impact de cette crise sur leur activité. Les
entreprises qui ont rencontré des difficultés estiment qu'elles
ont surtout souffert de la contraction de la demande sur les marchés
internationaux, plus que des difficultés de financement. En effet, les
banques chinoises sont des banques appartenant à l'Etat. Ces
dernières ont peu soufferts de la crise financière, et elles ne
spéculent pour la majorité d'entres elles que sur des bons du
trésor américain ou en achetant des réserves de change en
dollar. Ces banques, poussées par le PCC, ont limité la
contraction du crédit afin de permettre de maintenir un rendement
élevé de l'activité économique, pour tenir un taux
de croissance au-dessus de 8%31. Ainsi, grâce une contraction
limitée du crédit les firmes chinoises ont pu maintenir leurs
capacités à trouver des capitaux pour leurs investissements, au
contraire de la majorité des firmes multinationales
étrangères. Sur un autre point, 33% des entreprises chinoises
interrogées estiment que leur activité sera affectée
à cause d'une levée de barrières protectionnistes par les
pays les plus durement touchés par la crise. Or, il semblerait que cette
levée de barrières protectionnistes soit limitée. Les
réunions du G20 à Pittsburgh en 2009, à Londres en 2009
aussi, et à Séoul en 2010 ont permis aux Etats de s'entendre sur
de nombreux points et en particulier d'affirmer la volonté de ne pas
utiliser de politiques protectionnistes afin de ne pas affecter la reprise du
commerce international32.
31 Les autorités chinoises estiment qu'un
taux de croissance économique inférieur à 8% peut se
révéler néfaste pour la société chinoise.
L'économie ne pouvant dès lors, ne plus pouvoir absorber la
totalité de la main d'oeuvre disponible, amenant donc à une
augmentation du chômage.
32 Le G20 fait suite en 2008 au G7. Il regroupe 19
pays plus l'Union Européenne, ce qui représente 85% du commerce
international et 90% du Produit Mondial Brut, ainsi que les 2/3 de la
population mondiale. Le but de ce club informel fut de permettre une discussion
entre chefs d'Etats afin de trouver des solutions communes pour résoudre
la crise financière qui débuta en 2008.
Plus étonnamment, certaines entreprises chinoises ont
trouvé des opportunités à cette crise économique
afin d'améliorer leur position ou d'accroître leur chiffre
d'affaire. L'effet direct de cette crise fut d'affaiblir de nombreux Etats et
firmes multinationales concurrentes. Ces dernières ont
particulièrement eu du mal, pour la majorité d'entres elles,
d'avoir accès à des crédits afin de financer leurs
activités, tout en enregistrant une diminution de leurs taux de ventes.
Or, comme cité précédemment, les firmes chinoises ont
moins souffert d'un manque de capital. Cet avantage majeur a permis à
ces firmes d'acquérir de nouvelles parts de marché à
moindre coût, grâce à une diminution globale de l'offre.
Elles ont de plus pu acheter des firmes concurrentes (intégration
horizontale), ou acheter des firmes dont leur activité est
complémentaire à la leur (intégration verticale) à
bas coût. Actuellement, 20% des entreprises chinoises affirment que cette
crise économique et les conséquences directe, de cette
dernière, leurs ont permis d'obtenir un avantage majeur sur les firmes
concurrentes. Ainsi, malgré des IDE souvent plus faibles que les firmes
étrangères, la bonne résistance des firmes chinoises
à la conjoncture leur a permis d'obtenir un avantage comparatif à
court terme pour pouvoir compenser leurs faibles montants d'investissement et
d'accroître leurs activités.
Face à cette crise et l'impact qu'elle a eu sur leur
activité, les firmes chinoises ont adopté des politiques
différentes pour s'adapter à l'évolution de la
conjoncture. La réponse apportée va bien au-delà d'une
simple réduction du montant d'IDE alloué. En effet, les
réponses peuvent être d'autres natures comme : un abandon de
l'investissement hors des frontières chinoises, un changement des
marchés visés, un changement des secteurs d'activités
visés... Les mesures mises en place par les entreprises fortement
touchées et celles qui y trouvent un avantage ne sont, en effet, pas les
mêmes (voir graphique II.A.3, page suivante).
Graphique II.A.3 : Mesures adoptées par les
firmes chinoises pour s'adapter à la crise
économique
120
100
40
20
80
60
0
Augmentation des IDE
48
Réduction des IDE
84
Changement de la destination des IDE
35
Changement des secteurs visés
12
Autres
106
Source: China council for the promotion of international
trade.
On retrouve dans ce graphique, les situations
précédemment citées. En effet, une grande partie des
firmes chinoises ont subis des contrecoups de la crise économique et
adoptent donc des mesures en conséquence. Sur un total de 285
entreprises, quatre-vingt quatre ont décidé de diminuer leurs
investissements à l'étranger, ce qui reste une réponse
classique en cas de crise économique : l'entreprise diminue ses
coûts afin de s'adapter à la diminution des ses recettes en
attendant une amélioration de la conjoncture en sa faveur. Cependant,
certaines ont adopté des mesures différentes, trente cinq
d'entres elles ont décidé de continuer à investir à
l'étranger mais, à changer la destination de leurs IDE. Le but
alors est de pouvoir jouir des atouts qu'elles possèdent afin de pouvoir
investir sur un marché auquel elles ne pouvaient accéder
auparavant. Douze autres entreprises ont quand à elles
décidées d'investir dans d'autres secteurs d'activité,
sans doute dans une politique globale d'intégration verticale.
Cependant, quarante huit entreprises ont décidé d'augmenter leurs
IDE. Ces mesures correspondent aux entreprises qui bénéficient
directement de la crise économique et qui voient la conjoncture
évoluer en leur faveur. Ces dernières augmentent donc leurs
investissements afin de profiter de l'avantage comparatif qu'elles
possèdent grâce à la crise. Ainsi les mesures
adoptées par les firmes chinoises semblent bel et bien répondre
à l'évolution de la conjoncture, cependant on ne
peut se permettre d'omettre le rôle déterminant de
l'Etat chinois qui chercha à maintenir le niveau des IDE chinois
malgré la crise à travers des politiques
macroéconomiques.
La crise financière de 2008 fut bien et vite comprise
par le gouvernement chinois qui adopta très tôt des mesures
macroéconomiques afin de garantir les exportations, (dont la croissance
économique chinoise dépend fortement) ainsi que la
compétitivité des entreprises chinoises (firmes multinationales
et non multinationales). Même si les efforts du gouvernement se sont
surtout portés sur le maintien des exportations et une aide pour les
entreprises chinoises locales, les firmes multinationales chinoises ont aussi
bénéficiées d'aides non négligeables. Sur les
entreprises interrogées : 71% d'entres elles affirment avoir
bénéficiées directement des aides du gouvernement, tandis
qu'elles ne sont que 29% à répondre qu'elles non aucunement
bénéficiées d'aides significatives. Les mesures
macroéconomiques du gouvernement chinois ont pris en 2008
différentes formes, telles que : une aide financière pour
soutenir les exportations, des subventions officielles pour le
développement des activités des entreprises, une politique
d'accès au crédit assouplie combinée à un
assouplissement sur le contrôle de la mobilité des capitaux, et
des diminutions et des exemptions de taxes. Face à ce panel d'aides
proposées, 43% des entreprises chinoises affirment avoir surtout
profitées des aides financières pour maintenir le niveau des
exportations. Cependant, il semblerait que les exonérations de taxes
n'aient eu que peu de conséquences sur l'activité des
entreprises. Les firmes multinationales chinoises ont surtouts, quand à
elles, bénéficiées des aides au développement et au
maintien de leurs activités, ainsi que de la politique d'accès au
crédit assouplie. Ces aides loin d'être négligeables
permettent d'expliquer pourquoi 20% des firmes chinoises ont pu trouver dans la
crise économique des opportunités. Ces entreprises qui ont vu la
concurrence diminuée, ont pu grâce aux aides du gouvernement mener
des politiques offensives pour l'acquisition de parts de marchés, voir
même lancer des Offres Publiques d'Achat (OPA) ou des Offres Publiques
d'Echange (OPE) sur d'autres firmes multinationales concurrentes ou
complémentaires de leurs activités.
La crise économique de 2008 eu donc un impact sur les
IDE chinois. Cependant, malgré une faiblesse apparente de ces derniers,
et grâce aux aides du gouvernement chinois, certaines firmes chinoises
ont pu trouver dans cette crise des opportunités pour
améliorer leur situation. L'aide du gouvernement qui
s'est révélée dans cette situation forte
intéressante pour les entreprises chinoises ne l'est pas toujours. En
effet, L'ingérence du gouvernement chinois se relève le plus
souvent néfaste pour les IDE chinois, à travers des
problèmes de corruption et de lourdeur administrative.
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