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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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b) L'impact limité, mais réel de la crise économique de 2008 sur les IDE chinois :

La crise économique de 2008 toucha fortement les IDE de toutes les firmes multinationales et entreprises investissant sur des marchés extérieurs à leurs marchés locaux. En effet, le volume du commerce international chuta de 40%, à cause de

problèmes de financements (contraction du crédit) et de chute de la consommation (surtout sur le marché américain). Cette chute de la consommation ne concerne de plus, pas que les ménages, mais aussi les entreprises avec une chute du « Business to Business »30. Les firmes multinationales chinoises n'échappent pas à la règle, même si comme cela a été dis précédemment, la grande majorité des entreprises investissant à l'extérieur des frontières chinoises le font de façon limitée. Ces dernières ont généralement aussi été affectées par cette crise économique, et ont quand même du diminuer leurs investissements. Cependant face à cette crise, certaines entreprises qui ont assez bien résisté, et grâce à des aides du gouvernement, ont pu jouer de leurs atouts afin de tourner cette crise à leur avantage en rachetant des entreprises affaiblies ou en leurs prenant des parts de marché. Cette crise économique de grande ampleur qui pouvait laisser croire qu'elle allait faire diminuer fortement les investissements chinois n'eut pas ce résultat. Les entreprises chinoises sont arrivées à passer convenablement cette crise, voir à en trouver des avantages pour les meilleures. Les IDE chinois ne sont donc pas aussi fragiles que les économistes pouvaient le croire malgré leur faible montant.

La crise économique de 2008 eu un impact important sur les IDE chinois. En 2010, seulement 13% des entreprises chinoises affirment que cette crise n'eut aucun effet sur leurs investissements, tandis que pour 31% d'entres elles, cette crise eu un impact direct majeur sur leurs IDE. Or, 56% des entreprises qui investissent à l'extérieur de la Chine disent, quand à elles, que la crise économique n'eut qu'un impact limité sur leurs IDE. Les firmes multinationales chinoises ont dus subir différemment cette crise économique, même si pour la majorité d'entres elles, l'impact fut limité voir inexistant. De plus, il est intéressant de noter qu'en 2008, 40% des entreprises estimaient que cette crise économique avait ou allait avoir une conséquence majeure sur leurs investissements, elles ne sont aujourd'hui plus que 31% au moment où le commerce international recommence à voir son volume augmenter. Ceci permet de faire l'hypothèse que même si l'impact de cette crise sur les IDE chinois fut important, les firmes multinationales chinoises ont bien résisté à cette chute du volume du commerce international. Or, au-delà de cette capacité, à première vue, à avoir su résister à la crise, on ne peut faire l'économie de chercher à

30 Le « Business to Business », souvent simplifié par : le B2B, concerne l'ensemble des activités de clientèle qu'une entreprise peut avoir avec une ou des entreprise(s). Ceci s'oppose aux relations de clientèle existant entre une entreprise et un particulier.

connaître les difficultés qu'ont rencontré les firmes chinoises durant cette période. Il est même nécessaire de chercher à comprendre les avantages que certaines d'entre elles ont rencontré au moment de cette crise.

En 2010, 257 entreprises chinoises affirment avoir rencontré des difficultés importantes à cause de la crise financière de 2008, tandis que 101 autres, au contraire, ont rencontré des facilités pour leurs IDE. Il existe cependant encore un certain nombre d'entreprises qui sont, quand à elles, encore incapable à l'heure actuelle de pouvoir évaluer véritablement l'impact de cette crise sur leur activité. Les entreprises qui ont rencontré des difficultés estiment qu'elles ont surtout souffert de la contraction de la demande sur les marchés internationaux, plus que des difficultés de financement. En effet, les banques chinoises sont des banques appartenant à l'Etat. Ces dernières ont peu soufferts de la crise financière, et elles ne spéculent pour la majorité d'entres elles que sur des bons du trésor américain ou en achetant des réserves de change en dollar. Ces banques, poussées par le PCC, ont limité la contraction du crédit afin de permettre de maintenir un rendement élevé de l'activité économique, pour tenir un taux de croissance au-dessus de 8%31. Ainsi, grâce une contraction limitée du crédit les firmes chinoises ont pu maintenir leurs capacités à trouver des capitaux pour leurs investissements, au contraire de la majorité des firmes multinationales étrangères. Sur un autre point, 33% des entreprises chinoises interrogées estiment que leur activité sera affectée à cause d'une levée de barrières protectionnistes par les pays les plus durement touchés par la crise. Or, il semblerait que cette levée de barrières protectionnistes soit limitée. Les réunions du G20 à Pittsburgh en 2009, à Londres en 2009 aussi, et à Séoul en 2010 ont permis aux Etats de s'entendre sur de nombreux points et en particulier d'affirmer la volonté de ne pas utiliser de politiques protectionnistes afin de ne pas affecter la reprise du commerce international32.

31 Les autorités chinoises estiment qu'un taux de croissance économique inférieur à 8% peut se révéler néfaste pour la société chinoise. L'économie ne pouvant dès lors, ne plus pouvoir absorber la totalité de la main d'oeuvre disponible, amenant donc à une augmentation du chômage.

32 Le G20 fait suite en 2008 au G7. Il regroupe 19 pays plus l'Union Européenne, ce qui représente 85% du commerce international et 90% du Produit Mondial Brut, ainsi que les 2/3 de la population mondiale. Le but de ce club informel fut de permettre une discussion entre chefs d'Etats afin de trouver des solutions communes pour résoudre la crise financière qui débuta en 2008.

Plus étonnamment, certaines entreprises chinoises ont trouvé des opportunités à cette crise économique afin d'améliorer leur position ou d'accroître leur chiffre d'affaire. L'effet direct de cette crise fut d'affaiblir de nombreux Etats et firmes multinationales concurrentes. Ces dernières ont particulièrement eu du mal, pour la majorité d'entres elles, d'avoir accès à des crédits afin de financer leurs activités, tout en enregistrant une diminution de leurs taux de ventes. Or, comme cité précédemment, les firmes chinoises ont moins souffert d'un manque de capital. Cet avantage majeur a permis à ces firmes d'acquérir de nouvelles parts de marché à moindre coût, grâce à une diminution globale de l'offre. Elles ont de plus pu acheter des firmes concurrentes (intégration horizontale), ou acheter des firmes dont leur activité est complémentaire à la leur (intégration verticale) à bas coût. Actuellement, 20% des entreprises chinoises affirment que cette crise économique et les conséquences directe, de cette dernière, leurs ont permis d'obtenir un avantage majeur sur les firmes concurrentes. Ainsi, malgré des IDE souvent plus faibles que les firmes étrangères, la bonne résistance des firmes chinoises à la conjoncture leur a permis d'obtenir un avantage comparatif à court terme pour pouvoir compenser leurs faibles montants d'investissement et d'accroître leurs activités.

Face à cette crise et l'impact qu'elle a eu sur leur activité, les firmes chinoises ont adopté des politiques différentes pour s'adapter à l'évolution de la conjoncture. La réponse apportée va bien au-delà d'une simple réduction du montant d'IDE alloué. En effet, les réponses peuvent être d'autres natures comme : un abandon de l'investissement hors des frontières chinoises, un changement des marchés visés, un changement des secteurs d'activités visés... Les mesures mises en place par les entreprises fortement touchées et celles qui y trouvent un avantage ne sont, en effet, pas les mêmes (voir graphique II.A.3, page suivante).

Graphique II.A.3 : Mesures adoptées par les firmes chinoises pour s'adapter à la
crise économique

120

100

40

20

80

60

0

Augmentation
des IDE

48

Réduction des
IDE

84

Changement de
la destination des
IDE

35

Changement des
secteurs visés

12

Autres

106

Source: China council for the promotion of international trade.

On retrouve dans ce graphique, les situations précédemment citées. En effet, une grande partie des firmes chinoises ont subis des contrecoups de la crise économique et adoptent donc des mesures en conséquence. Sur un total de 285 entreprises, quatre-vingt quatre ont décidé de diminuer leurs investissements à l'étranger, ce qui reste une réponse classique en cas de crise économique : l'entreprise diminue ses coûts afin de s'adapter à la diminution des ses recettes en attendant une amélioration de la conjoncture en sa faveur. Cependant, certaines ont adopté des mesures différentes, trente cinq d'entres elles ont décidé de continuer à investir à l'étranger mais, à changer la destination de leurs IDE. Le but alors est de pouvoir jouir des atouts qu'elles possèdent afin de pouvoir investir sur un marché auquel elles ne pouvaient accéder auparavant. Douze autres entreprises ont quand à elles décidées d'investir dans d'autres secteurs d'activité, sans doute dans une politique globale d'intégration verticale. Cependant, quarante huit entreprises ont décidé d'augmenter leurs IDE. Ces mesures correspondent aux entreprises qui bénéficient directement de la crise économique et qui voient la conjoncture évoluer en leur faveur. Ces dernières augmentent donc leurs investissements afin de profiter de l'avantage comparatif qu'elles possèdent grâce à la crise. Ainsi les mesures adoptées par les firmes chinoises semblent bel et bien répondre à l'évolution de la conjoncture, cependant on ne

peut se permettre d'omettre le rôle déterminant de l'Etat chinois qui chercha à maintenir le niveau des IDE chinois malgré la crise à travers des politiques macroéconomiques.

La crise financière de 2008 fut bien et vite comprise par le gouvernement chinois qui adopta très tôt des mesures macroéconomiques afin de garantir les exportations, (dont la croissance économique chinoise dépend fortement) ainsi que la compétitivité des entreprises chinoises (firmes multinationales et non multinationales). Même si les efforts du gouvernement se sont surtout portés sur le maintien des exportations et une aide pour les entreprises chinoises locales, les firmes multinationales chinoises ont aussi bénéficiées d'aides non négligeables. Sur les entreprises interrogées : 71% d'entres elles affirment avoir bénéficiées directement des aides du gouvernement, tandis qu'elles ne sont que 29% à répondre qu'elles non aucunement bénéficiées d'aides significatives. Les mesures macroéconomiques du gouvernement chinois ont pris en 2008 différentes formes, telles que : une aide financière pour soutenir les exportations, des subventions officielles pour le développement des activités des entreprises, une politique d'accès au crédit assouplie combinée à un assouplissement sur le contrôle de la mobilité des capitaux, et des diminutions et des exemptions de taxes. Face à ce panel d'aides proposées, 43% des entreprises chinoises affirment avoir surtout profitées des aides financières pour maintenir le niveau des exportations. Cependant, il semblerait que les exonérations de taxes n'aient eu que peu de conséquences sur l'activité des entreprises. Les firmes multinationales chinoises ont surtouts, quand à elles, bénéficiées des aides au développement et au maintien de leurs activités, ainsi que de la politique d'accès au crédit assouplie. Ces aides loin d'être négligeables permettent d'expliquer pourquoi 20% des firmes chinoises ont pu trouver dans la crise économique des opportunités. Ces entreprises qui ont vu la concurrence diminuée, ont pu grâce aux aides du gouvernement mener des politiques offensives pour l'acquisition de parts de marchés, voir même lancer des Offres Publiques d'Achat (OPA) ou des Offres Publiques d'Echange (OPE) sur d'autres firmes multinationales concurrentes ou complémentaires de leurs activités.

La crise économique de 2008 eu donc un impact sur les IDE chinois. Cependant, malgré une faiblesse apparente de ces derniers, et grâce aux aides du gouvernement chinois, certaines firmes chinoises ont pu trouver dans cette crise des opportunités pour

améliorer leur situation. L'aide du gouvernement qui s'est révélée dans cette situation forte intéressante pour les entreprises chinoises ne l'est pas toujours. En effet, L'ingérence du gouvernement chinois se relève le plus souvent néfaste pour les IDE chinois, à travers des problèmes de corruption et de lourdeur administrative.

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