Analyse des stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire dans la province du Zondoma (Burkina Faso)( Télécharger le fichier original )par Paul Sylvestre RAMDE Polytechnique de Bobo Dioulasso - Ingénieur du développement Rural 2004 |
3.2.6.7. Travailler dans le champ d'autruiEn moyenne, 14,8% des ménages de la strate A contre 17% des ménages de la strate B ont pratiqué cette stratégie. Cela donne une moyenne de 15,9% pour l'échantillon étudié. Le caractère dégradant, de perpétuelle dépendance sont les principaux traits caractéristiques du travail dans le champ d'autrui contre une rémunération. A ce titre, le commentaire des chefs de ménages en dit trop (Paragraphe 5.1.7. ). 3.2.6.8. Emprunter des grains ou de l'argentL'emprunt de grains ou d'argent sont des stratégies qui ne sont pas courantes. Au niveau de la strate A, 8% et 9,6% des ménages ont respectivement emprunté des grains et de l'argent. Dans la strate B, on a respectivement 9,8% et 8,6% soit une moyenne générale de 8,9% et 9,1% pour l'échantillon étudié. Ces stratégies ne sont pas courantes car dans une situation d'insécurité alimentaire généralisée, liée à une pauvreté grandissante rares sont les gens qui sont en mesure de porter secours à d'autres personnes. 3.2.6.9. Migrer provisoirementC'est le cas des migrations provisoires d'une partie du ménage. Cette stratégie a concerné en moyenne 38% des ménages de la strate A contre 44,6% des ménages de la strate B soit une résultante de 41,3%. L'émigration vers les sites aurifères, la Côte d'Ivoire et d'autres horizons permettent l'achat de vivres pendant la saison sèche où les prix des céréales sont encore bas. En effet, selon Savadogo et Larivière (1993), les activités non-agricoles génératrices de revenus contribuent de façon importante à la sécurité alimentaire. Selon Lombard (1989), en pays serer (République du Sénégal), les jeunes quittent la famille et la femme « pileuse » saura quelle quantité elle doit piler et si elle doit diminuer ou augmenter la ration. C'est dire que cette stratégie, que l'on soit en pays Serer ou au Zondoma, outre l'approvisionnement possible d'argent permet une réduction probable de la ration alimentaire journalière suite au départ d'autres membres du ménage. 3.2.6.10. Migrer définitivementEn moyenne, 0,4% des ménages de la strate A, contre 9% des ménages de la strate B ont connu une migration d'une partie du ménage ce qui donne une moyenne de 4,7%. Cette stratégie est caractéristique du désespoir. Une partie du ménage opte pour l'émigration définitive quand elle trouve son avenir compromis face à la pléiade de difficultés qui caractérisent le secteur agricole. Cela semble vraie car la majeur partie des CM ont l'agriculture comme activité principale (plus de 93% confère tableau 6). En effet, selon Kermel-Torres (1987), l'incertitude, le risque, les aléas climatiques les pertes élevées caractérisent le secteur agroalimentaire plus que d'autres, tant au niveau de la production, du marché que de l'accès des individus à une ration alimentaire convenable. Les stratégies d'adaptation rencontrées dans les ménages sont multiples. Toutes les stratégies identifiées dans la littérature ont connu des taux d'adoption plus ou moins élevés selon la strate et l'année considérée. Cela est en conformité avec notre hypothèse de départ selon laquelle : il existe une multitude de stratégies d'adaptation des ménages en matière de sécurité alimentaire à l'instar d'autres régions. Cette situation traduit également le faible niveau de sécurité alimentaire d'où la multitude des stratégies d'adaptation. Tableau 31 : Résultats du test de Khi Deux (Pour cinq ans)
Source : Données de l'enquête Au seuil de 1%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption entre les strates est rejetée pour la confection de repas composés en grande partie de feuilles. C'est dire que dans 99% des cas, l'appartenance à la strate A engendre une réduction du taux d'adoption de cette stratégie. Au seuil de 5%, l'hypothèse d'égalité des taux d'adoption entre les deux strates est rejetée pour les stratégies suivantes : la diminution de la ration alimentaire journalière, l'obligation de vendre des animaux pour l'achat des vivres. Ces résultats montrent que dans 95% des cas les différences des taux d'adoption sont significatives. C'est dire que l'appartenance à la strate A possède une incidence sur l'adoption de cette stratégie. Au seuil de 10%, l'hypothèse H0 est rejetée pour la migration définitive d'une partie du ménage et la diminution du nombre de repas par jour. Statistiquement, il est correct de dire que dans 90% des cas les différences de taux d'adoption observées pour ces stratégies sont significatives. L'année 2003 a été très particulière au regard de la croissance rapide des différents pourcentages. Certains chefs de ménage ont expliqué cette situation par le déficit pluviométrique de la campagne précédente (campagne agricole 2002 - 2003), et aussi par le retour massif des immigrés de la Côte d'Ivoire. A ce propos plus d'un chef de ménage nous a fait savoir que leurs fils qui étaient en République de Côte d'Ivoire et qui leur venaient en aide pendant les années difficiles passées sont devenus une charge pour eux en 2003. De façon générale, pour les cinq dernières années qui ont précédé cette étude, nous constatons que les taux d'adoption des différentes stratégies évoluent en dents de scie pour le cas de la strate A. C'est dire que le PSAZ au cours de ses multiples interventions sur le terrain n'a pas éradiqué le problème d'insécurité alimentaire. Cependant, il faut reconnaître que son action a eu un impact sur la réduction des stratégies d'adaptation ou de survie en ce sens que la vulnérabilité de la strate A est réduite. En effet, l'ampleur des stratégies d'adaptation de la strate A est liée aux variations pluviométriques qui sont également en dents de scie. Or, dans la strate B, nous assistons à une augmentation progressive de la plupart des taux d'adoption des différentes stratégies d'adaptation. Avant que les activités du PSAZ ne commencent, une différence significative dans 95% des cas était observée pour la diminution de la ration alimentaire journalière. Par la suite, une autre stratégie à savoir la diminution du nombre de repas par jour a connu une différence significative dans 90% des cas. Cela est imputable aux actions du PSAZ, des autres partenaires et aussi de la population locale. De plus, le PSAZ a apporté plus d'espoir aux populations de sa zone d'intervention d'où la réduction et la différence significative de la migration définitive d'une partie du ménage. Ainsi, la naissance d'espoir peut retenir les ressources humaines nécessaires pour la réalisation de la seconde phase du PSAZ.
Chaque année, le risque de soudure existe dans la province du Zondoma et pourtant, il ne semble pas que la désertion des campagnes s'y opère, que la famine se répand. En effet, les producteurs font peuvent d'un certain dynamisme face à la crise. Leurs réactions s'avèrent plus ou moins efficaces puisque le résultat les inscrit dans leurs terroirs. Tant bien que mal, l'agriculture au Zondoma se maintient malgré tout et réussit encore à faire vivre de fortes densités de population, du moins une partie de l'année. Les indicateurs technico-économiques utilisés montrent que les exploitations agricoles fonctionnent à perte. Cette perte est estimée à une moyenne de 15 375 F CFA par hectare exploité. Le revenu agricole par hectare, qui mesure la quantité d'argent et de produit q'un champ d'un hectare met à la disposition du chef de ménage pour entretenir sa famille et constituer sa fortune est en moyenne 24 624 F CFA pour les cultures pluviales. Le revenu agricole est estimé à 933 989 F CFA par ménage. Pour la même campagne agricole (2003- 2004), le taux de couverture alimentaire de l'échantillon étudié est de 67,67% soit un déficit de 32,33%. Les résultats de l'analyse montrent qu'au cours des cinq dernières années les stratégies préventives / correctives adoptées de façon conjointe dans les deux strates sont : l'élevage de la volaille et l'élevage des ovins et caprins. Ensuite viennent les techniques de conservation des eaux et des sols (CES) dont les taux d'adoption varie en fonction de la texture du sol des villages échantillonnés. Les stratégies concernées sont : la pratique du Zaï, des cordons pierreux, et des demi-lunes. Les stratégies préventives / correctives les moins observées sont le maraîchage, la pratique des demi-lunes. Dans la strate A, tout comme dans la strate B, nous constatons une augmentation de la plupart des pourcentages d'adoption des différentes stratégies. Pour les cinq dernières années considérées la strate B enregistre une différence significative de la strate A dans le cas de l'adoption des stratégies telles que la pratique des cordons pierreux, le zaï, les demi-lunes, et la possession d'une fosse fumière. L'analyse des stratégies d'adaptation montre que celles-ci varient en dents de scie dans la strate A. Cette évolution suit également les hauteurs pluviométriques de l'année précédente. Plus la pluviosité est basse et plus les stratégies d'adaptation des ménages prennent de l'ampleur. Dans la strate B, l'adoption de ces stratégies évolue d'année en année avec un sommet pour l'année 2003. La strate A n'est pas en reste quant à cette hausse des stratégies d'adaptation de la dite année. La plupart des chefs de ménage expliquent le déficit par la pluviosité insuffisante de l'année précédente (2002) et par le retour massif des proches qui résidaient en République de Côte d'Ivoire. De façon générale, au vue des résultats du test des moyennes pour les cinq dernières années, la strate A se diffère de l'autre dans l'adoption des stratégies d'adaptation. L'appartenance à la strate A engendre un effet dans la régression des stratégies d'adaptation telle la diminution de la ration alimentaire, la diminution du nombre de repas par jour, l'obligation de vendre les animaux pour l'achat des vivres et les migrations définitives. Selon Savadogo et Larivière (1993), la connaissance des stratégies des ménages en matière de sécurité alimentaire permet un renforcement éventuel de celles-ci par des politiques économiques appropriées et ciblées sur le milieu rural. En effet, Selon la FAO (1999), lors des famines il est préférable d'appuyer les stratégies d'adaptation des unités domestiques plutôt que de mettre en oeuvre des mesures verticales telles que les programmes de travaux publics d'urgence ou les programmes d'alimentation. Ainsi, au terme de cette étude des suggestions peuvent être proposées en vue d'appuyer quelques stratégies. - Renforcer la prise en charge partielle de la construction des fosses fumières et la démonstration du bien fondé de ces ouvrages. Dans le village de Koundouba (un village de la strate B) une initiative similaire a été bien approuvée par les producteurs de ce village. - Certaines stratégies préventives en l'occurrence les plus courantes, déjà mise en place par les acteurs locaux méritent d'être soutenues. Il s'agit notamment de l'élevage de la volaille et de l'embouche des petits ruminants qui doit s'accompagner d'une auto évaluation pertinente. - Au niveau des stratégies d'adaptation un appui spécifique aux groupes vulnérables sera propice. Cet appui entraînerait sans doute la réduction des stratégies néfastes comme le travail dans les champs des autres, l'emprunt d'argent ou de grains qui peuvent compromettre les relations sociales. Selon CTA et UE (1998), l'un des principaux instruments permettant d'assurer un service d'aide alimentaire auprès des groupes vulnérables consiste à mettre en place des projets « vivres contre travail » ou travaux publics à forte intensité de main-d'oeuvre où les participants sont soit partiellement soit totalement payés en vivres et non en espèces. Une telle initiative permettra de rompre le cycle perpétuel d'insécurité des ménages vulnérables. L'efficacité d'une telle oeuvre serait de s'appuyer sur le contexte socioéconomique de la province du Zondoma. Ces résultats, basés sur un échantillon de 150 ménages, peuvent servir d'élément de base pour les investigations futures. Malgré, les insuffisances et les lacunes que pourraient comporter ce travail, les résultats pourraient être certainement exploitables pour une bonne compréhension des comportements des ménages dans la recherche d'une sécurité alimentaire, un facteur fondamental pour le développement durable. Pour un meilleur approfondissement de ce travail nous suggérons que la stratégie de cultiver sur des sols de granulométries différentes soit prise en compte et qu'une base de données socioéconomiques fiables soit mise en place. Celle-ci devrait prendre en compte toutes les opérations de production des différentes parcelles. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Service de Statistiques Agricoles, 2003., Résultat de l'enquête Permanente Agricole, Campagne 2002-2003, document en cours d'édition. Sinaré T., Toé/Foro, A., Kaboré, I., Sinaré/Millogo A., Konkobo, A., 2001., Formation en réalisation d'enquêtes quantitatives appliquées à la santé de la reproduction, support de formation, 17p.
Exploitation n°: Section n°1 : caractéristiques socioéconomiques du chef de ménage Nom et prénom (s) du chef de ménage :
Exploitation n°: Section n°2 : composition du ménage
Exploitation n°: Section n°1 : stratégies préventives et/ou correctives
3 Pour chaque année on écrira le chiffre (un) devant les stratégies qui sont adoptées et le chiffre (02) devant celles qui n'ont pas été adoptées. Exploitation n°: Section n°2: stratégies d'adaptation
4 Le principe de remplissage de la page précédente sera utilisé. GESTION DES RESSOURCES DE PRODUCTION AGRICOLE Village : Exploitation n°: Section n°1 : Identification du capital fixe de l'exploitation
GESTION DES RESSOURCES DE PRODUCTION AGRICOLE
Village: Section n°2 : évaluation des charges de
location du matériel
Village : Exploitation n°: Section n°2 : coût de production en culture pure Campagne 2003 - 2004
5 Définir l'unité et préciser si le produit est égrainé ou avec les tiges. 6 Définir l'unité 1 :sac de 100kg 2 : assiette yorouba 3 :ananka moré 4 : sac de 50kg 5 : autres à préciser. 7 Définir l'unité. 1:charrette 2: brouette 3: sac de100kg 4: sac de 50kg 5: autres (àpréciser) Village : Exploitation n°: Section n°3 : coût de production en association de culture Campagne 2003 - 2004
8 8 Définir l'unité et préciser si le produit est égrainé ou avec les tiges 9 Définir l'unité 1 :sac de 100kg 2 : assiette yorouba 3 :ananka moré 4 : sac de 50kg 5 : autres à préciser. 10 Définir l'unité. 1:charrette 2: brouette 3: sac de100kg 4: sac de 50kg 5: autres (àpréciser) VILLAGE : Exploitation n°: Section n°4 : évaluation de la production animale et des charges variables
Conduite de l'élevage
11 Dans chaque colonne, préciser le type d'espèce qui est élevé. QUESTIONNAIRE SUR LES CAPACITES COMMUNAUTAIRES EN MATIÈRE DE SECURITE ALIMENTAIRE Département: Village:
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