Chapitre I : la flexibilité :
fondements et définitions
La préoccupation majeure de la reforme du marché
du travail est l'éliminer le pouvoir étatique à l'origine
de rigidités et de réintroduire l'entreprise au coeur de
l'analyse de l'emploi. Une telle approche a l'avantage de combiner
l'hypothèse de l'individualisme méthodologique chère au
courant orthodoxe du marché du travail et au système de garanties
mutuelles.
Afin de mieux situer les contours et les enjeux de cette
réforme des institutions du marché du travail, il convient
d'examiner ses fondements avant d'exposer les différentes
définitions.
Section I : définitionS
L'expérience des Etats-Unis d'Amérique ainsi que
l'amélioration relative des résultats économiques et de la
flexibilité du marché du travail dans les pays en
développement. Afin de mieux appréhender cette reforme, nous
présenterons successivement les définitions alternatives suivies
des résultats de sa pratique dans certaines économies.
A - DÉFINITIONS
La recherche d'une plus grande flexibilité quantitative
procède d'une analyse en termes de rigidité du marché.
En fait, à court terme, la flexibilité de
l'emploi et des rémunérations fait références
à la capacité du marché du travail à s'adapter aux
modifications incessantes de la demande et de production globales.
A long terme, en revanche, la flexibilité
désigne la capacité des agents économiques et en
particulier les travailleurs à s'adapter au progrès
technologique.
C'est bien du premier aspect de la flexibilité qu'il va
s'agir ici.
En effet, la flexibilité est un terme largement
utilisé mais qui l'est avec des acceptions multiples :
B. Bercusson oppose deux types de flexibilité. La
flexibilité interne qui peut être soit numérique par
l'adaptation des effectifs aux fluctuations de la demande, soit fonctionnelle
par l'affectation des travailleurs à de nouvelles tâches en
fonction des variations de l'activité. En revanche, la
flexibilité externe consiste en l'utilisation de formes d'emplois
dérogatoires à l'emploi à plein temps et à
durée indéterminée.
La flexibilité du marché du travail peut
être définie aussi comme la souplesse ou
l'élasticité de ce marché face à la demande de
produits ou de services et la faculté d'y répondre en modifiant
ses comportements, ses règles ou son organisation. Elle est donc tout
autant un comportement individuel qu'une prise de conscience collective.
La situation de la flexibilité globale
(flexibilité des facteurs de production au premier rang desquels la
flexibilité du travail) est assez claire dans certains zones
considérées : crise de la flexibilité au japon et en
Europe, triomphe de la flexibilité aux Etats-Unis.
Dans ce dernier pays, la flexibilité du travail
provient d'une flexibilité individuelle surdéveloppée,
d'une culture de la productivité et d'une discrétion de l'action
normative publique.
En Europe, l'évolution centrale est celle de la
construction, plus ou poins avancée selon les pays, d'un statut du
salarié rigidifiant le travail, donc raréfiant le travail, chemin
emprunté également au niveau de l'Union Européenne.
Au Japon, la flexibilité individuelle est
encadrée collectivement car c'est collectivement que le travail se
déploie, avec ses limites, sa lenteur mais aussi l'adhésion du
corps social aux décisions prises.
Ainsi, la flexibilité est une partie indivisible de la
culture nationale qu'elle contribue à forgé, une analyse du
niveau de flexibilité d'un pays ne pouvant être
opérée que sur l'ensemble des facteurs, en tenant compte de tous
les éléments et non pas seulement de quelques-uns.
Le résultat conduit à une culture
échangiste et flexible dans les pays à tradition entrepreneuriale
et commerciale, tels que les Etats-Unis, et à une culture
étatique et rigide dans les pays à tradition administrative.
B - FLEXIBILITÉ À TRAVERS LE MONDE
Pour le Professeur TIZIANO Treu dans son étude sur la
flexibilité en Europe, la simple déréglementation ne
suffit pas à garantir une flexibilité fructueuse et
acceptable.
Il affirme qu'il convient d'accorder la plus grande importante
à l'acquisition de qualifications et à l'instruction des
salariés, ainsi qu'à la qualité du travail. De même,
il faut aussi encourager la participation du personnel dans l'entreprise et,
à l'échelon collectif, promouvoir des relations de
coopération durables entre employeurs et représentants des
travailleurs.
Sur l'emploi atypique, dans l'Union Européenne,
d'autres chercheurs soutiennent que les formes les plus rencontrées sont
l'emploi à temps partiel et l'emploi temporaire. En moyenne, 15% de la
population active occupée travaille à temps partiel. La majeure
partie de l'emploi à temps partiel consiste en emploi peu
qualifié et c'est le secteur des services qui fait le plus largement
appel. Quant à l'emploi temporaire, 9,3% de l'emploi total concerne
surtout les catégories professionnelles peu qualifiées (personnel
de services, ouvriers). Selon ces économistes, la création
d'emplois temporaires n'a pas d'effets favorables sur le taux de
chômage : elle ne fait que manifester la faiblesse accrue de la
position des travailleurs sur le marché de l'emploi en période de
chômage élever.
En considérant l'étude de la flexibilité
du marché du travail en Nouvelle-Zélande, Anthony Honeybone
conclut que la flexibilité est en fait une question de
relations : relations professionnelles, relations en matières
d'emploi et de relations humaines. Il affirme que la négociation
collective est un moyen efficace d'instaurer la flexibilité. De sorte
que, la nature de ces relations est plus importante pour les parties en
présence que l'instance qui sert de cadre à la
négociation.
Quant aux Etats-Unis, il ressort que la flexibilité du
travail apparaît beaucoup plus marquée dans le Silicon Valley que
l'ensemble du pays, la différence étant la plus sensible pour le
travail temporaire. Elle a favorisé la baisse du taux de chômage
et l'augmentation des salaires réels. Cependant, elle ne profite qu'aux
spécialistes de hauts niveaux dont la rotation dans les entreprises est
très élevée.
Quels sont les fondements de cette flexibilité du
marché du travail ?
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