Section II : fondements
Les fondements de la flexibilité du marché du
travail porteront d'une part sur les aspects théoriques et d'autre part
sur les aspects pratiques par lesquels l'administration met en application
cette reforme.
A - FONDEMENTS THÉORIQUES
Si l'on admet que l'on peut expliquer le chômage en
appliquant au marché du travail la loi de l'offre et de la demande, la
détermination de l'emploi résulte de la confrontation de l'offre
et de la demande de travail.
Selon cette approche, s'il existe du chômage cela
signifie qu'au salaire réel actuel, il existe un excès de l'offre
du travail. La seule manière de résorber le chômage est
donc d'abaisser le niveau de salaire. Cette situation peut subvenir lors d'un
déplacement défavorable de la demande de travail si les salaires
ne s'ajustent pas à la baisse.
Supposons qu'à partir d'une situation
d'équilibre, la demande globale de travail baisse. Le raisonnement en
terme de marché suppose qu'il s'opère deux ajustements :
- un ajustement salarial ;
- un ajustement des effectifs, permettant d'atteindre la
nouvelle situation d'équilibre.
Dans le raisonnement classique, le deuxième ajustement
découle du premier. En effet, le salaire reçu du travail diminue
car ce dernier est moins demandé et certains travailleurs se retirent du
marché considérant qu'il n'est pas assez
rémunéré pour continuer à offrir leur force de
travail.
C'est au sujet de ces derniers que l'on parle de chômage
volontaire dans la mesure où ils refusent de travailler au taux de
salaire prévalant sur le marché du travail. Ils
considèrent que ce salaire ne permet pas de couvrir les charges
investies dans la formation et dans la recherche d'un emploi.
Si ces ajustements susmentionnés ne sont pas
réalisés, il apparaît trois possibilités selon que
le salaire et/ou l'emploi est rigide :
Si le salaire ne diminue pas et reste à un niveau
fixé par les syndicats de travailleurs ou autres groupes de pression, un
volume de chômeurs apparaît car il revient cher de recruter de
nouveaux travailleurs. Parmi eux, il y aura certains qui seraient
disposés à travailler à un taux de salaire égal ou
inférieur à celui du marché. Dans ce cas, la
réduction se fera au niveau du nombre des travailleurs afin de
réaliser l'équilibre sur le marché de l'emploi.
Si l'on suppose à présent qu'il existe des
rigidités d'emploi, des obstacles au licenciement et à la
réduction du nombre d'heures de travail, le niveau de l'emploi ne peut
baisser. En effet, si la législation est excessivement rigide, il
apparaît clairement que l'on ne pourrait se situer au niveau de la
demande de travail des entreprises qu'au prix d'une baisse des salaires dans
des proportions importantes.
Enfin, si à la fois salaire et emploi sont rigides, les
entreprises ne peuvent faire face à leur demande supplémentaire
de travail. Le coût du travail étant très
élevé pour elles, leurs profits vont diminuer ce qui va
être à l'origine d'un ajustement de l'emploi par la fermeture de
nombreux établissements.
Dans l'approche des néoclassiques, l'introduction des
forces institutionnelles est à l'origine des rigidités et des
distorsions du marché du travail. La restauration des mécanismes
de ce marché indispensable à la réalisation de
l'équilibre de plein emploi, implique une reforme des relations
professionnelles entre les partenaires sociaux : employeurs et
travailleurs.
Ces néoclassiques défendent l'idée selon
laquelle les flexibilités salariales et numériques
réduisent le chômage par la création d'emploi.
L'argumentation de cette thèse repose sur trois
éléments essentiels.
Premièrement, il apparaît qu'une
flexibilité accrue limite les ajustements quantitatifs par le biais du
marché du travail lors des périodes favorables à
l'augmentation de la production dans la mesure où les entreprises
engagent de nouveaux travailleurs. Comme ces embauches n'impliquent pas de
coûts supplémentaires, les entreprises seront disposées
à recruter davantage.
Dans une telle perspective, on enregistre une réduction
quasi immédiate de main-d'oeuvre au chômage.
Deuxièmement, il semble que l'accroissement de la
flexibilité réduit les coûts d'emploi des travailleurs en
modifiant le facteur prix correspondant et en provoquant par effet de
substitution, une augmentation de la demande de main-d'oeuvre.
Troisièmement, même si les mesures visant
à accroître la flexibilité n'ont pas d'effet positif
à court terme sur l'emploi, elles améliorent les conditions de
l'offre en diminuant les coûts d'emploi des travailleurs, ce qui
entraînera par la suite une augmentation des investissements et de
l'emploi.
En résumé, le libre jeu de l'offre et de la
demande sur le marché du travail est porteur de la démocratie et
de la liberté individuelle et de ce fait, constitue le moyen le plus
efficace d'assurer une répartition optimale des ressources.
B - FONDEMENTS PRATIQUES
Le marché du travail a un rôle important à
jouer dans le succès des programmes de stabilisation et d'ajustement
structurel. Ces programmes, dont l'objectif de base est la réaffectation
des ressources en faveur d'activités productives de « biens
échangeables », implique une modification dans la
répartition spatiale et sectorielle de la main-d'oeuvre. On devrait
assister à un déplacement des travailleurs du secteur des
« biens non échangeables » vers le secteur des biens
importables et exportables.
En outre, la contraction de la demande intérieure
préconisée dans le cadre de ces programmes nécessite une
politique adéquate des salaires. Une modération des salaires,
plus précisément, une baisse des salaires réels est
envisagée à cet effet.
L'importante protection administrative et législative
dont bénéficient la plupart des travailleurs amplifierait le
chômage. En effet, l'existence d'une autorisation administrative de
licenciement constitue un obstacle au recrutement de nouveaux
travailleurs ; les employeurs estiment que la procédure de
licenciement était longue et compromettait de ce fait les chances de
redressement de leurs entreprises.
Par ailleurs, certaines institutions du marché du
travail tels que le salaire minimum et le monopole de placement de la
main-d'oeuvre détenu par l'Etat sont à l'origine des distorsions
du travail. Pour réduire ou éliminer ces
« distorsions », une reforme des institutions du
marché du travail s'impose.
Les changements de toute nature que subissent
l'activité et les agents économiques dans la mondialisation
actuelle rendent indispensables la flexibilité accrue, l'aspiration
à la productivité, à l'emploi, et au progrès
social.
En définitive, c'est au regard des résultats
positifs obtenus par cette politique de l'emploi aux Etats-Unis et dans
certains pays européens, que les économistes du FMI la proposent
dans le cadre des Programmes d'Ajustement Structurel (P.A.S.) aux pays qui sont
confrontés à un marché du travail rigide et inefficace.
Quelles sont donc les différentes formes de la
flexibilité du marché du travail ?
CHAPITRE II : LES DIFFERENTES FORMES DE LA FLEXIBILITE DU
TRAVAIL
Les économistes néoclassiques soutiennent que
les rigidités du marché du travail ont des origines diverses.
Mais deux d'entre elles retiennent plus particulièrement leur
attention : ce sont respectivement les effectifs et les salaires. Le
raisonnement en termes de marché fera donc appel à ces deux types
d'ajustements.
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