III.2.6. Les méthodes de gestion de l'environnement
par les autorités administratives
Pour une grande majorité de nos enquêtés,
les méthodes de gestion de l'environnement par les agents des eaux et
forêts sont à mettre au compte des causes du déboisement.
Les permis payants67 de coupe et de transport du bois qui ont
normalement pour but de freiner le déboisement produisent un effet
pervers chez les populations qui coupent davantage le bois
66 Un enquêté de Sien, le 10 août 2010.
67 Selon les renseignements qui nous ont
été fournis par la Direction Provinciale de l'Environnement et du
Cadre de Vie (DPECV), le permis de coupe d'un stère de bois est de 450 F
CFA et son transport 300 F, soit un montant global de 750 F. A ce montant
global s'ajoute une taxe de la mairie d'un montant de 100 F. Au total, le
permis de coupe et de circulation s'élève à 850 F CFA.
S'agissant de la clôture de leurs jardins potagers, les femmes nous ont
informé qu'elles paient deux mille francs (2000 F CFA) au service
forestier, sans reçu ni quittance. Dans certains villages, les femmes
s'entendent et cotisent mille francs (1000F) par personne pour «
supplier » les agents forestiers.
avant la péremption de leur permis (La validité
du permis est d'un jour). Pour certains enquêtés, le service
administratif de contrôle des eaux et forêts s'est
transformé en « vendeur de la brousse ».
En somme, nous pouvons dire que les causes sociales du
déboisement et de la dégradation de l'environnement dans le
Département de Toma sont structurelles et liées au fonctionnement
global de la société. Les deux modes (traditionnel et moderne)
d'organisation sociale favorisent le déboisement.
En conclusion à ce chapitre, notons que
l'évolution de l'environnement dans le Département de Toma a
été tributaire des changements sociaux internes à la
société san en particulier et au Burkina Faso en
général. La diffusion technologique, la croissance
démographique, la dynamique interne des institutions, etc.,
témoignent bien du progrès qu'a connu le Département et
des nouveaux besoins des populations dans un contexte géographique
où les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et
où les aléas climatiques imposent des contraintes
sérieuses aux paysans.
CHAPITRE IV : LES CONSÉQUENCES SOCIOCULTURELLES
DU DÉBOISEMENT DANS LE DÉPARTEMENT DE TOMA
Le chapitre précédent nous a permis
d'apprécier la dégradation de l'environnement dans le
Département de Toma et d'en connaître certaines causes. A
présent, il importe, par rapport à l'objectif même de cette
étude, d'en étudier les conséquences sur les populations.
D'un point de vue sociologique, celles-ci se définissent en termes de
« fonction » et de « dysfonction », pour
utiliser les expressions fonctionnalistes de Robert K. Merton.68 Ces
conséquences se perçoivent au niveau de la structure sociale, des
systèmes traditionnels de gestion communautaire des ressources
naturelles et des relations interpersonnelles marquées essentiellement
par le conflit.
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