1.3. PRESENTATION DE LA THEORIE FISCALE
Branche de l'économie financière, la
théorie fiscale est d'inspiration keynésienne. En effet, la
conception keynésienne de la fiscalité découle de la
théorie des multiplicateurs développée par Keynes dans la
théorie générale. Selon la théorie des
multiplicateurs, le multiplicateur des impôts (kA) est le rapport entre
la valeur négative de la propension marginale à consommer (c)
et
la propension marginale à épargner :
s
Haavelmo énonce un résultat sous forme de
théorème : « si la fonction de consommation
est linéaire, et l'investissement total est constant, un impôt
égal à T qui est entièrement dépensé
(en bien et services) augmente le revenu national brut d'un montant T et
laisse inchangés le revenu
5 Il convient de préciser que l'expression
américaine fiscal policy ne doit pas être traduite par
« politique fiscale », parce qu'une partie de ce que recouvre cette
expression est comprise dans la définition de l'expression
française « politique budgétaire ». Cette partie, c'est
la détermination du montant total des dépenses à autoriser
et du montant de la différence entre ces dépenses et les revenus
prévus. En langue française, l'expression « politique
fiscale » ne concerne que la détermination du montant des
impôts à percevoir, la répartition de ces impôts et
des dispositions réglementaires qui s'y rapportent. L'expression
américaine correspondant à l'expression française
politique fiscale est tax policy.
national net et la consommation. Ce résultat est obtenu
quelle que soit la valeur numérique de la propension marginale à
consommer ».
Les premiers enrichissements furent apportés par G.
Harberler, R. M. Goodwin et E. E. Hagen qui introduisirent en 1946
l'idée que les compensations réalisées par la
dépense publique à la suite d'un prélèvement fiscal
du même montant ne sont pas automatiques. Il ya un décalage entre
l'amputation des revenus par un prélèvement fiscal au cours d'une
période et la dépense publique qui n'engendrera de nouveaux
revenus qu'au cours d'une période ultérieure. J. Vingers
approfondira plus tard ce point de vue et aboutira en 1957 à la
conclusion que « l'accroissemnt du revenu global brut n'est égal au
montant du prélèvement dès la première
période. Ce résultat n'est atteint qu'après un nombre
infini de périodes ».
Ils s'ensuivirent d'autres théories prenant en compte
l'extérieur. Mais dans la suite de notre exposé, nous nous
intéresserons surtout à celles relatives aux pays en voie de
développement étant donné l'orientation de notre
thème.
Plusieurs théories ont été successivement
développées sur la fiscalité du tiers monde,
critiquées et améliorées depuis 1960. Nous en retiendrons
quelques groupes d'auteurs. Le premier groupe d'auteurs dirigé par M.
Henri LERROUX, a étudié la relation entre le taux de croissance
de la pression fiscale et le taux de croissance économique. Le
deuxième groupe d'auteurs dirigés par deux professeurs de
l'Université de l'Illinois, JOHN F. DUE et JANE H. LEUTHOLD,
s'intéressent tant aux structures des économies sous
développées qu'à la structure de leur fiscalité.
L'on a assisté à une nette évolution de
la théorie financière. En effet, les économistes sont de
plus en plus d'accord que pour atteindre certains objectifs économiques,
il peut être intéressant de mettre en oeuvre des politiques
fiscales. Toutefois des auteurs tels que R. Stourn, H. Laufenburger et M.
Friedman, restent réservés sur l'efficacité de la
politique fiscale pour booster la croissance économique. M. Friedman
écrit : «Il apparaît à l'évidence que si l'on
accroît la fiscalité...., il en résulte incontestablement
une réduction du revenu disponible de ceux qui sont frappés par
cet impôt, une baisse des ressources qu'ils peuvent affecter à
leur dépense , et par voie de conséquence, une diminution de la
demande globale....Mais ce qui me stupéfie, c'est que la croyance si
répandu de la politique fiscale...ne repose sur aucune preuve quelle
qu'elle soit ».
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