2.4.- Les contraintes
liées à l'évolution de l'industrie caféière
en Haïti
Nous avons vu tantôt que la production
caféière ne cesse de chuter en dépit de lourds
investissements qui sont consentis à ce niveau, ces dix (10)
dernières années. Dans cet ordre d'idées, il nous est
indispensable de présenter les principales contraintes capables
d'influencer directement le niveau de production des centres de traitement.
Ainsi, nous tenons à attirer l'attention des lecteurs sur les maladies
et les pestes qui, en amont de la filière, ont des effets
néfastes sur le flux de production des centres.
Les maladies sont nombreuses et fréquentes chez les
caféiers. Parmi les plus connues, on a les pourridiés des
caféiers dont les agents causaux sont des champignons appartenant aux
groupes des ascomycètes et des basidiomycètes. Les premiers
comprennent les Roselinia bunodes Berk, Roselinia pepo Pat.,
Roselinia arcuta responsables de la pourriture noire des racines et
Roselinia necatrix responsable de la pourriture laineuse tant disque
les seconds comprennent : Leptosperus lignotus (pourriture
blanche), phelimus lamaensus (pourriture brune), Gadema
pseudoterrum (pourriture rouge). Ces maladies causent des
dégâts les plus importants sur le plan économique (ANGRAND,
2008).
Quant aux pestes, notre choix a été porté
les scolytes du caféier, notamment les scolytes des cerises
(Hypotenemus hampei), considéré comme le principal
fléau des caféières aujourd'hui. En effet, suite à
l'attaque du scolyte, on peut perdre du quart à plus de la moitié
de la récolte. En cas d'attaques sévères, les
dégâts arrivent jusqu'à 80%. Le café avec un
pourcentage aussi élevé de grains attaqués par les
scolytes imposera aux centres un taux de triage donc de rejets importants et
sera vendu à un vil prix au niveau des marchés local et
Dominicain (ANGRAND, 2008).
De plus, la position géographique des centres,
l'insuffisance des infrastructures existantes, auxquels s'ajoute le manque
d'esprit d'entreprises des entrepreneurs, la faiblesse des fonds de roulement
et autres, sont autant de problèmes qui ne plaident pas en faveur de
l'évolution des centres (APKAB, 2007).
2.5.- Différentes
interventions relatives au café
Le début du déclin de le caféiculture
a commencé au cours de la décade de 1960. Elle connut une reprise
dans les années 1970. Au milieu des années 1980, des
événements à caractère national et international
entraînèrent la crise actuelle. Les conséquences furent
catastrophiques sur la filière. Les grandes maisons d'exportation
tentèrent d'assumer la crise internationale en répercutant la
baisse des cours sur le prix d'achat tout en maintenant leur marge, ce qui
entraîna pour le producteur une vente à perte. En dépit de
ces contraintes majeures, le café conserve encore une place dans
l'économie nationale. Rappelons rapidement quelques-unes des
interventions.
Tout d'abord, la création du Code du Café
par un décret- loi du 6 novembre 1942 en vue de réglementer
l'industrie caféière en Haïti. Mais, ce Code n'étant
pas tout à fait conforme aux réalités du pays (puisqu'il
n'est plus respecté) est considéré inadéquat dans
le contexte de la production caféière actuelle.
En 1958, le Code du Café est devenu lois sous le
régime de François DUVALIER. Il a été
conçu comme pour réglementer tous les aspects de la
filière, depuis la conduite des caféiers et de la récolte
jusqu'aux procédés utilisés dans les usines de
transformation, les obligations des intermédiaires et le transport du
café vers les marchés. Il prescrit des pénalités
sévères (y compris des peines de prison) pour toute personne
dans la filière qui violerait ses dispositions (APPOLON, 1994,
cité par : PASQUETTI, 2007). Le 7 mars 1958, la loi organique du
DARNDR (Département de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et de
Développement Rural) initie au sein de la division de l'agriculture une
section de café et de cacao.
Le 19 août 1958, la restructuration de l'Office
National du Café a donné naissance à l'Institut
Haïtien du Café et des Denrées d'Exportation (IHPCADE). Cet
organisme avait pour mission de promouvoir la production, la
commercialisation, la standardisation, l'industrialisation du café et
le contrôle des autres denrées d'exportation. Il était
chargé également d'élaborer des plans de rénovation
de la caféiculture et des autres denrées, d'analyser les
marchés et d'étudier l'évolution du commerce. Dans la
réalité, cette institution ne concernait que la production et le
commerce du café.
Le programme Petits Planteurs Café (PPC) fut mis en
place entre 1975 et 1981.Il était appliqué dans 7 grandes zones
caféières haïtiennes. Il s'agissait d'améliorer la
quantité et la productivité du café, grâce à
la vulgarisation de paquets techniques (utilisation d'engrais,
régénération des plantations, implantation de
variétés nouvelles, etc.) et à l'accès
facilité au crédit. Le programme entraîna l'expansion des
jardins caféiers. Cependant, il buta sur le volet de promotion de la
taille des arbres. Celle-ci était en concurrence avec les
activités dans le jardin vivrier. Les traces du programme PPC peuvent
être observées à Baptiste. On note quelques vestiges
d'usines, et la demande d'engrais était réclamée avec
insistance.
Le 2 Avril 1981, l'Office de Promotion des Denrées
Exportables (OPRODEX) remplace l'IHPCADE. Il est rattaché au
Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI) avec pour mission la
promotion et le contrôle des denrées en vue d'accroître les
rentrées de devises.
Après 1986, le contrôle de qualité
effectué par le Ministère du Commerce et l'OPRODEX (Office de
Promotion des Denrées Exportables) a été interrompu,
ce qui a conduit à une évaluation insuffisante de la
qualité des produits exportés. Les acheteurs se
découragèrent et perdirent confiance en ce produit. Et,
après avoir subi des pertes en finançant des entreprises
déficitaires, les banques ne voulurent plus prendre le risque dans le
secteur et limitèrent le crédit, noeud du circuit de
commercialisation.
Le 11 novembre 1994, la Fédération des
Associations Caféières Natives (FACN) a été
créée. Son objectif principal est de promouvoir la production
caféière. Ce projet fut géré par l'Institut
International de Coopération pour l'Agriculture (IICA). Cette
fédération est la propriété du café de label
« Haitian Blue » et exporte principalement sur les
marchés Nord-américain et européen. Actuellement, elle
devient une organisation autonome bénéficiant du financement des
gouvernements haïtien et taïwanais.
En fin, par le décret présidentiel du 7
février 2003, l'Institut National du Café d'Haïti (INCAH)
fut créé dans le but de promouvoir et de dynamiser le secteur
caféier pour atteindre la durabilité et la
compétitivité (LEBELON, 2004)
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