Deuxième partie :
Les services, une opportunité exploitée
par les différents acteurs du Marché
I) Du modèle traditionnel industriel vers un
modèle orienté vers les services
Jusqu'à la Deuxième guerre mondiale, les
échanges internationaux sont restés concentrés dans le
secteur des industries extractives et dans celui des marchandises. Les
échanges de services ont pris peu à peu une part croissante dans
le total des échanges internationaux. Notons que ces échanges de
services sont en majorité liés aux exportations et aux
importations de marchandises. La tertiarisation des économies est donc
liée au phénomène de mondialisation. Aujourd'hui, tous les
pays développés ont une économie tertiaire,
c'est-à-dire que la part du secteur tertiaire, lié aux services,
est bien supérieure à 50%. En France par exemple, plus de 75% de
la population active est employée par le secteur tertiaire. Mais les
services sont également un moteur de développement pour les pays
en voie de développement, notamment à travers le tourisme ou
encore les services aux entreprises.
Dans le cadre de notre travail, nous allons surtout nous
intéresser à la tertiarisation au sein du secteur industriel, et
plus spécifiquement du secteur informatique. Au départ
basés sur un modèle industriel traditionnel, les grands
constructeurs que nous avons étudiés précédemment
ont du s'adapter au marché et à leur environnement. Ils ont
développé des services spécifiques à leur
activité pour être en mesure de satisfaire la demande. Et
certains, nous l'avons rapidement évoqué en première
partie, en ont fait leur coeur de métier et ont ramené la
production de matériel au second rang.
A) La place des SSII dans le paysage
informatique
Dans le secteur informatique, plusieurs acteurs proposent
exclusivement des services. C'est le cas des SSII (Sociétés de
Services en Ingénierie Informatique), mais aussi des cabinets de
conseil. Aujourd'hui, les constructeurs veulent également se positionner
sur cette activité, qu'ils soient occidentaux ou asiatiques. D'ailleurs,
certains constructeurs sont devenus leaders mondiaux en matière de
services informatiques, soit en développant leurs propres gammes de
services, soit en rachetant des entreprises spécialisées en
prestations informatiques : le classement ci-après nous le
démontre :
Entreprise
|
CA Services 2007 (M Dollars)
|
PDM 2007
|
IBM
|
54 ,148
|
7,2%
|
EDS
|
22,13
|
3%
|
Accenture
|
20 ,616
|
2,8%
|
Fujitsu
|
18,6
|
2,5%
|
HP
|
17,252
|
2,3%
|
CSC
|
16,306
|
2,2%
|
NTIC SYS
|
11,201
|
2%
|
Autres
|
598,953
|
78%
|
Total
|
759,251
|
100%
|
Données tirées de l'Etude Gartner
2008
En 2007, le marché global des services informatiques
représentait près de 760 Milliards de Dollars. C'est un
marché très concurrentiel où les sept premiers acteurs se
partagent 22% du marché mondial à peine. Nous retrouvons ici IBM
comme leader mondial des services informatiques alors que l'entreprise se
basait au départ sur un modèle complètement industriel.
Notons également que HP, leader des constructeurs informatiques, est
bien positionné sur le marché des services, juste derrière
Fujitsu, le constructeur japonais.
Nous allons à présent nous intéresser aux
trois SSII les plus importantes que nous n'avons pas développées
en première partie, à savoir EDS, Accenture et CSC. Cela nous
permettra ensuite de mieux positionner les services développés
par les constructeurs tels qu'HP, Fujitsu, Apple ou encore Dell.
EDS (Elelectronic Data Systems) est la plus
importante SSII Américaine. Elle est créée en 1962 par
Ross Perot et lance le principe de prestation de services. En 2007, son chiffre
d'affaires est de 22 Milliards de Dollars et elle est rachetée en 2008
par HP, leader mondial du matériel informatique et est
déjà positionnée sur le marché des services
à cette époque. Sa gamme de services comprend :
- Le conseil en passant par l'identification de nouvelles
pratiques qui permettent à l'entreprise de mieux s'adapter à son
environnement et à ses contraintes.
- Les services d'infrastructure grâce à
l'exploitation opérationnelle optimisée du parc informatique du
client. Cela comprend les serveurs, les réseaux, les ordinateurs de
bureaux, les ordinateurs portables et les périphériques.
- Les services applicatifs en développant et en
déployant les applications professionnelles des entreprises.
- Divers services d'ordre plus général (services
support) tels que la gestion de la paie, la gestion d'un centre d'appel ou
encore la gestion des contrats d'assurance.
Accenture est considéré comme
le plus grand cabinet de conseil du monde. 96 des cent plus grandes entreprises
mondiales en sont clientes et plus de 75% des « Fortune Global
500 » font confiance à la firme. Son activité s'inscrit
dans un périmètre beaucoup plus vaste que les prestations
informatiques. Les consultants d'Accenture interviennent en stratégie,
en organisation, en externalisation et enfin en mise en oeuvre de
systèmes d'informations et en conseil technologique. L'entreprise est
issue du département conseil d'Arthur Andersen ; la
séparation a lieu en 1989 et la firme se renomme Anderson Consulting et
ce n'est qu'en 2001 qu'elle devient officiellement Accenture. Forte de son
expérience centenaire , elle intervient dans divers secteurs
d'activités, mais ces clients sont majoritairement dans le secteur
tertiaire et notamment la communication, les organismes publiques, les
organismes financiers ou encore les entreprises High Tech.
CSC (Computer Sciences Corporation), fur
créée en 1959 avec très peu de moyens. Dix ans plus tard,
la compagnie est déjà la première dans son domaine
à être cotée en bourse. Aujourd'hui, elle a trois
métiers complémentaires à savoir le conseil en
stratégie, l'intégration de systèmes et de solutions
informatiques adaptées, et enfin l'externalisation de la gestion des
infrastructures technologiques, des applications informatiques et des processus
de gestion.
Une multitude d'autres acteurs interviennent dans ce
marché mondial, mais leur
hétérogénéité ne nous permet pas de les
étudier plus spécifiquement. Nous nous baserons donc sur
l'exemple de la France pour être en mesure de véhiculer une image
représentative du marché global.
En France, les SSII sont majoritairement des petites
entreprises : 84% des SSII comptent moins de 50 employés et 9%
seulement comptent plus de 100 salariés. 40% des SSII sont des
« revendeurs à valeur ajoutée » ; elles
revendent du matériel informatique acheté directement chez les
constructeurs et proposent un service informatique en support au Hardware
(installations, réparations, infogérence...). Pour les
constructeurs cela représente une bonne opportunité de vente de
matériel, mais une sérieuse menace en ce qui concerne les
prestations de services. Les SSII de taille humaine ont des avantages
compétitifs à ne pas négliger à savoir la bonne
connaissance de leurs clients, la proximité géographique, et le
rapport de confiance qu'elles savent instaurer. Ceci est d'autant plus valable
en ce qui concerne les PME implantées en province.
Dans le top 50 des SSII les plus importantes en France, nous
retrouvons les leaders mondiaux, mais nous trouvons également des
grandes SSII plus spécifiquement implantées en Europe telles que
Capgemini avec un chiffre d'affaires de près de 2 milliards d'€ en
France, Atos Origin (1,6 Milliards €) ou encore Orange Business Services
(0,8 Milliard €).
Notons enfin que du côté asiatique, les SSII sont
majoritairement indiennes, contrairement aux constructeurs qui sont
majoritairement japonais, taiwanais ou encore chinois. Nous citerons comme
exemple, Infosys, Tataconsultancy Services ou encore Wipro technologies qui
sont bien implantées en Asie mais très peu dans le reste du monde
mise à part Tata Consultancy Service qui bénéficie de
l'appui du Géant Tata (actionnaire à 80%) et l'ambition de
compter parmi les leaders mondiaux dans le secteur des services
informatiques.
B) Les différents types de services
développés par les constructeurs
Au départ, le seul service proposé par les
constructeurs était le service après vente. Ce SAV était
généraliste, peu flexible et proposait des garanties minimales.
Au fur et à mesure du développement des services au sein de
toutes les activités, certains constructeurs ont fait le choix radical
de se positionner uniquement sur le marché des services. D'autres ont
gardé leur coeur de métier mais ont développé
également des services plus flexibles, plus poussés et plus
adaptés aux exigences de la demande. Une troisième
catégorie enfin n'a pas su développer de services et restent
ancrés dans un modèle industriel traditionnel qui se base
essentiellement sur la réduction des coûts à travers les
économies d'échelle et la pression sur les fournisseurs. Nous
allons présenter les trois grandes catégories de services
proposés par les grands constructeurs informatiques, à savoir les
services support, le conseil et l'accompagnement de projets informatiques,
ainsi que les services relatifs aux nouvelles tendances informatiques.
Reprenons tout d'abord les constructeurs étudiés
en première partie pour déterminer sur quelles catégories
de services ils se positionnent.
La largeur de l'offre de service des
constructeurs
Entreprise
Service
|
Support basique
|
Support avancé
|
Accompagnement de projets IT
|
Nouvelles tendances
|
HP
|
|
|
|
|
Acer
|
|
|
|
|
Dell
|
|
|
|
|
Le novo
|
|
|
|
|
IBM
|
|
|
|
|
Asus
|
|
|
|
|
Fujitsu
|
|
|
|
|
Toshiba
|
|
|
|
|
Sony (vaio)
|
|
|
|
|
Bull
|
|
|
|
|
Apple
|
|
|
|
|
Sun
|
|
|
|
|
En ce qui concerne ces grands acteurs, représentatifs
du marché, nous remarquons que 50% d'entre eux proposent des services
informatiques à grande valeur ajoutée, à savoir
l'accompagnement des projets informatiques et le conseil lié aux
nouvelles tendances telles que la virtualisation, le modèle Saas ou
encore le Green IT. Notons également qu'à une exception
près, tous les constructeurs proposent un support avancé
lié à leur offre de Hardware. Bull et Sun ne proposent pas de
services basiques, car leurs offres s'articulent autour du matériel
critique en entreprises (serveurs et sauvegarde)
- Services support avancés :
Cette catégorie de services regroupe tous les services
liés directement au Hardware et au Software. Ce sont des services vendus
en même temps que le matériel, mises à part les extensions
de garantie. Ils peuvent être optionnels ou intégrés dans
l'offre, selon les constructeurs et selon leurs gammes de produits.
Généralement, nous retrouvons plusieurs niveaux de service et
toujours un niveau de service minimum intégré ; c'est
souvent une garantie basique d'un an
« aller-retour atelier » qui ne permet pas une grande
réactivité et qui est réellement insuffisante et
inadaptée pour un matériel qui a un niveau de criticité
élevé au sein d'une entreprise. Ces services sont communs
à tous les grands constructeurs étudiés en première
partie mais certains les mettent en valeur plus que d'autres.
L'un des mauvais élèves en la matière
est Acer qui, malgré son leadership en parts de marché, n'a pas
su développer ses services supports et ne propose que des garanties
basiques et un service basique (disponible uniquement en semaine par exemple,
interventions sur site payantes). Le seul service qui a une réelle
valeur ajoutée est la garantie internationale disponible pour les pcs
portables. Hormis le fait que les services ne soient pas personnalisables et ne
répondent pas à tous les besoins des clients, ces derniers ne
sont pas mis en valeur. Certes, les clients qui recherchent uniquement un prix
attractif y trouveront leur bonheur, mais à long terme, si la
société n'en fait pas un axe stratégique important, cette
carence en matière de services se transformera en frein à
l'achat, surtout au sein des marchés dits
« mûrs » tels que le Marché Américain
ou le marché Européen. Toutefois, la majorité des grands
constructeurs ont bien compris la tendance du marché et ont
développé des gammes de services support à très
forte valeur ajoutée qu'ils n'ont pas manqué de mettre en valeur.
Nous étudierons ces bons élèves ultérieurement,
notamment à travers l'étude de cas Dell que nous
présenterons en troisième partie.
- Conseil et accompagnement de projets IT
Les services à forte valeur ajoutée ne sont plus
exclusivement réservés aux grands cabinets de conseils ou aux
SSII. Les constructeurs ont compris que c'était la seule manière
d'être en amont des projets de leurs clients afin de mieux les
connaître. Pour pouvoir mener à bien ces projets, les
constructeurs ont du développer des partenariats étroits avec les
grands éditeurs de logiciels pour pouvoir bénéficier de
leur expertise. En effet, un projet informatique ne peut être
composé que de matériel physique car ce matériel ne
représente que le support physique de la prestation globale, qui
comprend du Hardware, du Software et du service. La place du service est
très importante car c'est le service qui va pouvoir coordonner le tout
afin de réussir le projet. Ce service est présent à
l'amont et à l'aval de la prestation.
- Nouvelles tendances informatiques
Virtualisation, Modèle Saas et Green IT : ce
triptyque représente aujourd'hui les nouvelles tendances de
l'informatique et a changé la donne. Nous allons de plus en plus vers un
modèle basé sur des applications logicielles et des applications
Internet plutôt qu'un modèle basé sur le matériel.
Ces tendances ont été perçues au départ comme une
véritable menace pour les constructeurs de matériel informatique,
mais ces acteurs ont rapidement compris qu'il fallait au contraire en faire des
opportunités et faire partie du mouvement. Nous déterminerons
comment ces trois tendances sont liées et convergent vers une même
évolution.
La virtualisation consiste à faire
fonctionner sur une seule machine (serveur ou ordinateur) plusieurs
systèmes d'exploitation comme s'il s'agissait de plusieurs machines.
Seule cette définition permet de comprendre l'ampleur de la menace que
cela aurait pu représenter pour les constructeurs s'ils n'en avaient pas
fait un axe de développement. Cette technologie est surtout
utilisée dans la gestion des parcs informatiques qui comprennent plus de
deux ou trois serveurs. Les intérêts pour une entreprise de mettre
en place une telle solution sont multiples :
- Economie sur le matériel en mutualisant les
ressources : consommation électrique, entretien, amortissement.
- Allocation dynamique de la puissance de calcul en fonction
des besoins à l'instant T.
- Sécurisation du réseau
- Gain de place et évolutivité flexible en
fonction des besoins.
- Utilisation optimale des ressources informatiques
matérielles.
Cette liste n'est pas exhaustive mais nous comprenons
déjà pourquoi ces solutions sont si attractives sur le
marché, notamment celui des grandes entreprises. Pour avoir une
meilleure idée de l'ampleur de la tendance, voici le chiffre d'affaires
(en millions de Dollars) généré par la virtualisation en
2009 et son évolution par rapport à 2008 :
Composition de l'offre mondiale de
virtualisation
|
Chiffre d'affaires 2009
|
Part de marché 2009
|
Croissance 2008-2009
|
Clients virtuels hebergés
|
298,6
|
11,1 %
|
322 %
|
Administrateur de serveurs
|
1300
|
48,2 %
|
42 %
|
Infrastructure de serveurs
|
1100
|
40,8 %
|
20 %
|
Total
|
2696,6
|
100 %
|
42 %
|
Source : Gartner (février 2009)
|
Le modèle Saas (Software as a Service)
est proposé par les éditeurs de logiciel et base sa technologie
sur Internet. Ces éditeurs proposent un abonnement à une
application logicielle au lieu de l'achat de licence. Cela représente
également une menace pour les constructeurs car, au lieu d'acheter des
unités de sauvegarde ainsi que le logiciel de sauvegarde associé
par exemple, l'entreprise se contentera de louer un service
sécurisé sur Internet pour répondre au même besoin.
L'entreprise ne paie plus pour posséder le logiciel, mais plutôt
pour l'utiliser à travers une interface simple, ergonomique et
sécurisée : c'est un contrat de location de service qui lie
l'entreprise et son fournisseur de solution. Ce modèle présente
plusieurs avantages :
- Rapidité et facilité de déploiement
- Très faible investissement au départ
- Liens contractuels garantissant la sécurité,
la fiabilité et la performance du service
- Administration simple de la solution.
- Economie sur l'achat de matériel et de licences
Les constructeurs se sont lancés dans cette voie, mais
le déploiement de ces solutions par les principaux acteurs du
marché reste minime et très peu représentatif de
l'activité Saas. Ce domaine reste la chasse gardée des
éditeurs de logiciels spécialisés tel qu' Oodrive
Technologies, qui est un exemple même du succès du modèle
Saas et qui reste l'une des entreprises pionnières de ce modèle
en France. Nous utiliserons cet exemple pour illustrer ce modèle de
façon plus concrète.
Oordive Technologies, crée en 2000 par trois
associés, propose quatre types de solutions Saas, à
savoir :
- une solution de télé-sauvegarde
- une solution de partage de fichiers et de collaboration en
ligne
- une solution d'envoi de fichiers volumineux
- une solution d'Intranet collaboratif
Forte d'une grande culture du service, l'entreprise s'est
très vite développée en répondant à trois
exigences fondamentales des clients à savoir l'avancée
technologique, la sécurité ainsi que la simplicité
d'utilisation. Oodrive répond aux exigences de tous les types
d'entreprises sur tous les secteurs car ses solutions sont très
facilement personnalisables. Son but est d'offrir la même qualité
de prestation aux grandes entreprises ainsi qu'aux PME. Notons que la firme
s'adresse également aux particuliers en collaboration avec la Fnac, en
tirant l'essentiel des technologies qu'elle utilise et qui répondent aux
exigences de la cible.
Aujourd'hui, Oodrive a plus de 8000 clients professionnels,
dont de très grandes structures, 700000 utilisateurs particuliers. Ces
solutions sont éditées en 10 langues et utilisées dans
plus de 90 pays. La société s'internationalise, elle a ouvert
deux nouvelles filiales en Belgique et en Espagne. Elle représente un
réel exemple de succès et démontre que le modèle
Saas séduit de plus en plus d'entreprises et de particuliers.
La Green IT ou informatique verte est une
tendance nouvelle, en réaction à la prise de conscience
générale du taux de pollution élevé lié
à l'utilisation de la technologie. Les deux tendances
étudiées précédemment, à savoir la
virtualisation et le modèle Saas s'inscrivent complètement dans
cette tendance puisque l'une comme l'autre permettent d'optimiser les
ressources informatiques que ce soit en volume, en terme d'économies
d'énergies ou encore en terme de gestion des montées en charge.
Plusieurs constructeurs ont pour objectif de s'inscrire dans cette tendance,
mais ce ne sont pas les seuls. Les éditeurs de logiciels inventent de
nouvelles solutions pour une gestion informatique « verte »
tels que SAS ou Oracle. Aussi, les intégrateurs tels qu'IBM proposent
des solutions de développement durable sur mesure pour leurs clients.
Les constructeurs de périphériques redoublent d'efforts pour
proposer des matériels qui consomment moins d'énergie ou qui
aident du moins à avoir une meilleure visibilité sur la
consommation d'énergie.
Du côté des constructeurs, le
développement des produits intègre les innovations permettant de
proposer du matériel « écologique » ;
nous pouvons citer par exemple les disques durs SSD (Solid State disque) faits
à base de mémoire Flash et qui consomment ainsi 320 fois moins
d'énergie que les disques durs classiques. Mais là n'est pas le
seul axe stratégique vers lequel les constructeurs s'orientent,
puisqu'aujourd'hui ils proposent des prestations de services qui s'inscrivent
dans cette tendance comme par exemple des offres de recyclage gratuites.
Toutefois, les constructeurs de matériel informatique cités dans
le cadre de cette étude n'arrivent toujours pas à être des
modèles en matière de développement durable. Selon le
baromètre de Greenpeace, ils sont même plutôt mal
placés, loin derrière Sony Ericsson et Nokia.
Eco-résponsabilité des constructeurs informatiques et
électroniques
L'étude de Greenpeace s'appuie sur 15 paramètres
pour noter les constructeurs de matériel, à savoir : les
principes de précaution, la gestion des déchets chimiques,
l'utilisation de pvc, le taux de plastique recyclé ou encore la
consommation d'énergie ; et cette liste n'est pas exhaustive. Nous
pouvons donc considérer ce classement comme une source sérieuse
qui nous permet de positionner les marques en matière de
développement durable : Apple Sony et HP sont en tête du
classement des constructeurs informatique avec une note de 5 seulement, il sont
suivis de près par Dell et Acer, puis par Toshiba et Fujitsu. Lenovo est
particulièrement mal noté et se retrouve en queue de peloton avec
une note de 2. Ces difficultés à développer des produits
totalement propres n'empêchent pas les différents acteurs du
marché de se positionner en tant que constructeurs
« verts », d'en faire un axe de communication pour les
entreprises et le grand public, et enfin, de proposer des services
écologiques ; nous illustrerons cela à travers notre
étude de cas Dell.
II) Les services :
accélérateurs de succès pour les
constructeurs
A) Le service comme tournant stratégique
radical
Au courant de leur histoire, certaines
entreprises, au départ industrielles, se sont complètement
tournées vers les services et en ont fait leur activité
principale. Nous pouvons citer comme exemple IBM, Bull ou encore Sun. Pour
illustrer ce tournant stratégique radical, nous allons nous baser sur
l'exemple d'IBM ; cela nous permettra de comprendre pourquoi une firme
multinationale peut faire un tel choix et comment elle gère cette
transition.
IBM a connu un virage stratégique et manage son
changement depuis plus de 15 ans pour en arriver aujourd'hui à un
modèle où plus de 60% du chiffre d'affaires est
réalisé par les services. Cette transformation radicale s'est
opérée en plusieurs étapes :
- En 1993, après trois années très
difficiles pour IBM, des actions ont été engagées pour
rectifier le tir : il s'agissait alors de restructurations importantes et
de lancements de nouveaux produits et de réorientation des
investissements.
- Après cette grande opération de
réparation, la firme décide de modifier son portefeuille
d'activités avec un focus particulier sur le service. IBM a voulu alors
développer les services d'infrastructure puis les services de conseil. A
l'époque, il n'était pas encore question d'abandonner
l'activité industrielle, mais bien de mener ces deux activités de
manière complémentaire. Pour ce faire, la firme a du
acquérir des compétences en effectuant des rachats comme pour la
CGI ou Pricewaterhousecoopers par exemple, et en passant par un recrutement
ciblé en faisant la chasse des compétences nécessaires.
- Avec l'explosion de la bulle Internet en 2000, IBM se
réorganise complètement en cédant ces activités
industrielles et en réorganisant sa Supply Chain. Ainsi,
l'activité réseau est revendue à ATandT, celle des disques
durs à Hitachi, les matériels de communication à Cisco et
enfin les PCs à Lenovo. Concernant les activités Software, c'est
le contraire qui s'opère : la firme rachète des
éditeurs de logiciels spécialisés tels que Lotus, Cognos
ou encore Linux afin d'être en mesure d'offrir une solution globale
à ses clients.
- L'activité logicielle qui vient aujourd'hui
compléter l'activité de services prend de plus en plus
d'importance dans le cadre de la stratégie d'IBM. La firme a pour
objectif un bénéfice de 11 dollars par action, contre 7,18
dollars en 2007, selon la feuille de route IBM 2010. La moitié de ces
bénéfices seront générés par
l'activité logicielle.
IBM a donc peu à peu remplacé son
activité industrielle par une activité de services. Mais elle ne
s'est pas arrêtée là, puisqu'elle a complété
ses services par des offres logicielles qui lui ont permis de proposer des
solutions de plus en plus complètes à ses clients. La
transformation ne s'est donc pas limitée aux services, le but
étant d'être un acteur autonome sur le marché. Notons
également qu'IBM a fortement développé son activité
dans les pays émergents afin de saisir les opportunités qui s'y
trouvent. Aujourd'hui, tous les effectifs qui ont été
supprimés entre 1986 et 1995 ont été
récupérés ; la firme est passée de
400 000 collaborateurs en 1986 à 218 000 en 1994. Aujourd'hui,
la firme compte 380 000 collaborateurs mais la composition de ces
effectifs est complètement différente de ce qu'elle était
il y a 20 ans. IBM a adopté une stratégie gagnante et a su
s'adapter à son environnement malgré les difficultés
qu'elle a trouvé sur son chemin, la preuve en est : IBM est
aujourd'hui le leader mondial des services informatiques, dépassant les
plus grands cabinets de conseil (Accenture et EDS) et les plus grands
constructeurs informatiques (HP, Fujitsu), comme nous l'avons vu
précédemment.
B) Le service comme porte de sortie de la
crise
En 2009, la crise économique a rendu difficile tout
développement dans tous les secteurs confondus. Le secteur informatique
n'a pas été une exception. Toutefois, malgré un
léger ralentissement, les services ont continué à se
développer entre 2008 et 2009 (Annexe 3), malgré une conjoncture
plus que pénalisante (Annexe 1). Selon l'étude IDC 2009, les
services ont contribués à sortir de la crise (Annexe 4), comme
nous le constatons plus bas :
IDC 2009
Nous constatons qu'entre 2008 et 2009, l'évolution du
marché mondial du matériel informatique est négative, que
se soit pour les serveurs ou pour les ordinateurs. Cette tendance s'accentue au
quatrième trimestre de l'année 2009 ou l'évolution est
négative de 7,4%. Sur cette même période, seul les
périphériques, l'offre logicielle et les services ont connu une
évolution positive et ont permis au marché de globalement se
stabiliser. Notons que ce sont les services informatiques qui enregistrent la
meilleure hausse (3,4% par rapport à la même période en
2008).
Parallèlement et au vu de ces chiffres, certains
constructeurs ont profité de la crise pour se renforcer en services et
être prêt à accueillir la demande dès la sortie de la
crise. C'est la stratégie qu'a adopté Dell notamment avec le
rachat de Perot Systems en pleine période de crise ; nous
étudierons ce rachat ultérieurement.
|