§3. Le détournement et la malversation
Le détournement consiste à la
désaffectation des fonds ou des biens de l'Etat à des fins
égoïstes ou à des fins publiques. Il est une soustraction
frauduleuse du denier public.
En pratique, quand il y a des fournitures de bureau pour un
service par exemple d'état-civil, on les confie à d'autres
services pour permettre la survie de l'administration.
A cet effet, la malversation est devenue monnaie courante dans
la municipalité sous-étude et cela comme remède à
la crise. Bon nombre d'agents ont pris l'habitude de falsifier ou de soustraire
au montant initial de sommes d'argent pour s'en approprier. Ils jouent au
gérant habile.
En réalité, par exemple quand une amende
transactionnelle est fixée entre trois francs fiscaux et six francs
fiscaux et si l'infracteur les paie, l'agent en soustrait et établit un
rapport de trois francs fiscaux au lieu de six.
§4. Le monnayage du secret et de la discrétion
professionnels
Le secret et la discrétion professionnels sont devenus
une ressource ou un moyen de survie pour le personnel des
municipalités.
Les agents ont pris l'habitude de vendre les informations
secrètes des services à des administrés. Quand un
administré se trouve en infraction ou en contravention pour qu'on lui
dise clairement ou pour qu'on lui dévoile le secret pour le sauver, le
plus souvent l'officier de l'Etat, instructeur du dossier, demande à son
subalterne d'exiger une somme d'argent pourvu que l'affaire soit close à
leur niveau et pas à la hiérarchie de peur de rater de
l'argent.
§5. La surfacturation et surtaxation
La lecture des canevas budgétaires destinés aux
communes précise clairement le montant de la taxe ou de facture à
payer pour les services à rendre par l'administration municipale.
Comme il est de coutume, les congolais n'ont pas la culture de
lecture. Ils s'informent peu sur le canevas budgétaire. Les malheurs des
uns font le bonheur des autres, dit-on. C'est autant dire que cette situation
profite aux agents publics. Ils surfacturent et/ou surtaxent les services
rendus aux usagers au détriment de la caisse municipale.
§6. Le faux et usage de faux
Les agents affectés dans la municipalité de
N'djili se lancent à des pratiques inacceptables ou illégales au
lieu de leurs services.
En effet, pour faire face à la crise, les
fonctionnaires utilisent quelques stratégies de survie. Ils ont
l'habitude d'antidater beaucoup de documents administratifs.
En complicité souvent avec les bourgmestres sortants ou
anciens, les fonctionnaires se sombrent dans cette pratique, parfois, ils
imitent le paraphe des autorités politico-administratives voire des
collègues déjà en mutation. Ils ont des documents portant
le sceau de la commune. Ces agents, incarnés en
« bourgmestres ambulants » munis de leur bureau
mobile, délivrent aux usagers des attestations ou mieux des documents
administratifs reproduits, grâce à l'évolution
technologique, et photocopiés en lieu et en place des originaux, et cela
passe inaperçu. Les administrés qualifient cette pratique de
« nzela mukuse » qui veut dire
« court chemin » tout simplement parce que la
livraison des documents est rapide et moins coûteuse.
En outre, il existe des services parallèles qui
délivrent aussi les documents mais cette fois là, à un
prix réduit et avec une rapidité remarquable avec une gestion des
ressources temporelles remarquable.
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