II.2.2. Monnaie, Taux de change et inflation
La théorie économique atteste les liens
évidents entre la monnaie, le taux de change et inflation.
Le taux de change est l'équivalent en monnaie
étrangère d'une unité de la monnaie nationale
(définition du taux de change au certain) c'est-à-dire le nombre
d'unité de monnaie étrangère qu'il faudra dépenser
pour avoir une unité de monnaie domestique. Il existe deux types
d'opérations de change. Les opérations au comptant (spot),
caractérisées par un dénouement immédiat ou
presque. A cet type d'opération s'applique le taux de change au comptant
et les opérations à terme c'est-à-dire à une date
ultérieure déterminée au moment de la conclusion du
contrat, de dépôt bancaires : à cette catégorie, si
ce cours (taux de change) augmente alors la monnaie nationale
s'apprécie.
Le taux de change fait aussi l'objet de cotation selon
l'incertain, dans ce cas il exprime le prix en monnaie nationale d'une
unité de monnaie étrangère, et si ce cours augmente, cela
correspond à la dépréciation de la monnaie domestique.
Les échanges entre monnaies se font sur le
marché de change. C'est sur ce marché que les devises nationales
se vendent et s'achètent permettant ainsi d'assurer les
règlements liés au commerce international mais aussi la
conversion des capitaux quand les transferts d'épargne entre agents
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
37
économiques appartenant à des espaces
monétaires distincts.27 Il faudra signaler le fait que ce
marché est dénué de localisation géographique
propre, il est planétaire et fonctionne en temps continu. Il s'apparente
en réalité à un réseau. L'inflation peut être
définie comme une hausse, plus ou moins rapide du niveau des prix,
généralement différentielle. C'est-à-dire
accompagnée d'une modification des prix et revenus relatifs. Cette
définition est un choix car en réalité, il existe de
nombreuses définitions. Notre choix se justifie par le fait que cette
manière de définir ce concept renferme en elle les
éléments clés dit concepts à savoir :
- Une hausse rapide du niveau des prix
- Généralité de cette hausse et la
modification des prix relatifs
Voyons maintenant le lien entre ces variables : monnaie, taux
de change et inflation. Pour mieux cerner cette relation nous allons distinguer
le court terme et le long terme. A court terme, le taux de change est l'une des
manières d'exprimer le prix d'actifs (dépôt bancaire et
autres) domestiques comparé à des actifs étrangers (de
même nature, mais libellés dans une autre monnaie).28
Entant le prix relatif de deux types d'actifs, le taux de change répond
logiquement à la théorie de demande d'actifs.
Sommairement selon la théorie de demande d'actifs deux
éléments déterminent la demande d'actifs : le rendement et
le risque. Le taux de change dépend lui aussi de deux facteurs :
- Le taux des dépôts en devises
- Le taux de change futur anticipé.
Toute chose restant égale par ailleurs, le taux de
change est fonction croissante du taux d'intérêt et
décroissante des anticipations du taux de change ; le
développement monétaire influencent le taux de change en
modifiant à la fois les taux d'intérêt et les anticipations
de change.
27 André Cartapanis, « Les
marchés financiers internationaux », Ed. La découverte,
Paris, P.59.
28 F. Mishkin, op.cit, P.602.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
38
Ces dernières sont étroitement liées aux
anticipations d'inflation. L'inflation dépend des variations dans
l'offre et de la demande de monnaie. En clair, tout actif est
préférable en fonction du rendement relatif qu'il confère
et du risque y associé, parce que son appréciation se fait en
comparaison avec des actifs étrangers. On suppose alors que les agents
économiques ou l'investisseur est devant deux actifs financiers l'un
libellé en monnaie domestique et l'autre en monnaie
étrangère. Le taux de rendement est le facteur le plus
déterminant pour la demande de ces deux actifs.
Ce taux de rendement est égal au taux
d'intérêt sur les avoirs libellés en monnaie nationale plus
la dépréciation attendue de cette monnaie, ces deux
dernières variables sont largement dépendante de mouvement de la
monnaie. Si le rendement anticipé des actifs libellés en monnaie
domestique est supérieur au rendement des avoirs en monnaie
étrangère, les investisseurs vont demander plus les actifs
nationaux qu'étrangers. Ce mouvement (demande des actifs nationaux)
correspond à une sortie de fond dans l'économie et un flux de
devises, du coup l'augmentation de devises par rapport à la monnaie
nationale, suivant la loi de l'offre et de la demande, va occasionner
l'appréciation de la monnaie domestique par rapport aux devises.
Si à l'inverse, les investisseurs anticipent une
augmentation du rendement des actifs en devises par rapport aux actifs
libellés en monnaie domestique la détention de première
catégorie sera préférée.
Ce mouvement c'est-à-dire une augmentation de la
demande des actifs étrangers correspond à une sortie des devises
de l'économie nationale vers l'étranger. La baisse de devises par
rapport à la monnaie nationale engendrera dans ce cas la
dépréciation de la monnaie nationale. Ce qui est plus
intéressant à souligner est le fait que ce rendement qui
détermine le mouvement même des actifs lui-même de la
demande et de l'offre des monnaies. En d'autres termes, le mouvement des
monnaies détermine à la fois le taux d'intérêt et
les anticipations de change. Bien entendu cet argument n'est valable que dans
l'hypothèse d'une parfaite substituions des titres libellées en
devises et ceux libellés en monnaie domestique. L'inflation, quant
à elle n'est pas seulement un phénomène
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
39
monétaire, elle peut résulter aussi des
constituants (les inputs) du coût de revient. De toutes les
façons, l'inflation traduit le déséquilibre sur le
marché des biens et services : les prix étant fonction des
variations de l'offre et de la demande, la hausse de prix peut être due
à un accroissement de la demande globale de biens et services face
à une offre globale inélastique.
Parallèlement une augmentation de l'offre de monnaie
face à une demande constante engendre, toute chose restant égale
par ailleurs un sur plus de liquidité dans l'économie, par
rapport au volume de production, cela va provoquer une tension sur la demande,
l'insuffisance de l'offre pour contenir la demande aura pour conséquence
immédiate la hausse des prix.
En République Démocratique du Congo, beaucoup
d'études attestent l'existence d'une corrélation positive entre
l'accroissement de l'offre de monnaie et l'inflation et entre l'offre de
monnaie et le taux de change. D'autres travaux même établissent un
lien de causalité invoqué29 entre l'accroissement de
l'offre de la monnaie et l'inflation.
29 R. lukoki, op.cit, p.77
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
Tableau n°3 : Taux de croissance de la masse
monétaire, inflation et le Taux de change en RDC de 1977 à
2007
Année
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
TMM
|
56
|
56
|
10
|
76
|
37
|
65
|
87
|
33
|
|
|
|
INF
|
63
|
68
|
99
|
37
|
41
|
35
|
101
|
33
|
27
|
33
|
100
|
Taux de change
|
0,8568
|
0,8359
|
1,7286
|
2,7999
|
4,3835
|
5,7500
|
12,8992
|
36,1292
|
49,8692
|
59,7083
|
112,401 7
|
Année
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
TMM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
INF
|
122
|
96
|
233
|
3645
|
2990
|
4652
|
9797
|
370
|
753
|
-0,4
|
126
|
Taux de change
|
187,050 8
|
390,5082
|
718,153 3
|
15587,65 5
|
645549,08 3
|
7521803,8 3
|
1193,9525
|
7040,5075
|
50184,90
|
131344,75 6
|
160666, 1
|
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
TMM
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
INF
|
527
|
451
|
160
|
20
|
10
|
32
|
22
|
20
|
10
|
Taux de change
|
4,0178
|
21,8209
|
206,6169
|
346,8104
|
404,5189
|
398,2337
|
474,0053
|
468,2789
|
516,7531
|
Source : - Banque Centrale, op.cit
- Vincent NGONGA « essai d'identification de cycle
économique en RDC de 1960 à 2007 » Unikin, 2009.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
41
II.3. Situation monétaire en RDC
L'exposé théorique de précédent
chapitre avait pour but de ressortir
les grandes lignes de la question monétaire de
manière à rendre aisée la compréhension
spécifique de la problématique de la monnaie au Congo que nous
analysons sommairement analysé dans cette section. Nous allons y revenir
en détail au dernier chapitre de notre travail, mais, cette fois
là pour dégager, à l'aide d'un modèle
économétrique, les éventuelles implications de la monnaie
dans le processus qui a conduit à la crise Bancaire au Congo.
La situation étant la photographie d'un fait à
un certain moment, nous procéderons par étape,
premièrement en une analyse des principales réformes depuis
l'indépendance du Congo, puis un examen de l'évolution des
principaux agrégats monétaires.
II.3.1. Les principales Réformes monétaires
au Congo de 1976 à 2008
Les réformes monétaires au Congo sont
régulières, depuis les années
1960 la République démocratique du Congo a
vécu au rythme d'au moins deux réformes monétaires chaque
décennie. Ce fait est révélateur du souci de responsable
de la politique économique à veiller à la bonne
performance de l'économie, car la réforme, quelque soit sa forme,
elle vise avant tout à corriger une tendance jugée
dérangeuse, soit à redynamiser l'économie d'une certaine
manière ou tout simplement corriger et redynamiser l'économie.
Depuis 1976, la République démocratique du Congo
a connu 5 réformes monétaires dont certaines accompagnées
de la restructuration du marché monétaire. Les opérations
qui ont été qualifiées de réforme
monétaire30 au Congo ont comporté un ou plusieurs de
ces éléments31 :
- La modification de la parité externe de la monnaie
nationale ; - L'émission d'une nouvelle unité monétaire
;
- Le retrait avec ou sans substitution, partiellement ou
totalement des signes monétaires existants ;
30 Pour F. KABUYA et TSIUNZA MBIYE, la
réforme monétaire peut être définie comme un
ensemble des mesures d'ajustement de l'économie axées
principalement sur l'assainissement de la monnaie elle-même.
31F. KABUYA et TSHIUNZA Mbiye, «
L'économie congolaise et réforme monétaire de juin, 1998
», l'Afrique de grand lac, annuaire 1999-2000, p2.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
42
- Le gel temporaire ou définitif d'une partie
considérable. Nous présentons sommairement ces réformes
:
II.3.1.1. La Réforme monétaire du 12
mars 1976
Cette réforme a conduit à la dévaluation
du Zaïre monnaie par rapport à DTS. La réforme
monétaire de 1976 est la troisième depuis l'accession du Congo
à l'indépendance.
Avant cette année 1 Z étant égale
à 1 DTS et 1 DTS valait 2 dollars US, après la réforme qui
s'est opérée sous le couvert du rattachement du zaïre
monnaie au DTS. 1Z revenait à 1,7 dollars US. On comprend donc ce que
cet alignement avait comporté une dévaluation de la monnaie
nationale de l'ordre de 41,5%.Ladite réforme était
accompagnée dans le cadre du fonctionnement du marché
monétaire par la politique restrictive et sélective du
crédit : il s'agit des mesures contraignantes définies par la
Banque centrale du Congo pour amener les Banques à la fois à ne
pas octroyer les crédits au-delà d'un seuil et à orienter
le crédit vers les secteurs jugés prioritaires.
Cette réforme était une réponse au processus
de mise en place d'un programme de stabilisation exigé par le FMI.
La dévaluation affecte négativement le bilan des
Banques : du côté de l'actif principalement par la perte de
crédit accordé en monnaie dévalue, bien entendue si ce
prêt n'est pas indexé cette perte est en valeur réelle :
Les banques ont besoins des devises pour satisfaire les
besoins de leurs clientèles mais aussi pour assurer les
opérations qu'elles ont avec l'extérieur, elles achètent
ces devises avec la monnaie nationale dans le marché de change. Le
changement de parité des monnaies a donc des incidences sérieuses
sur l'actif des Banques.
Du côté du passif, elles seront amenées
à rémunérer plus chers les avoirs libellés en
monnaie étrangère. Comme à l'actif, cette perte est en
terme réel.
Concernant la réforme de l'an 1976, elle a
été associée avec d'autres mesures et la sélection
de crédit, notamment l'encadrement de la restriction ne jouent pas en
faveur des Banques car elles les contraient d'abandonner certaines
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
43
opérations rentables mais non priorité pour
l'état, et à financer des activités qui peuvent être
considérés à risque les Banques ne sont pas libre quant
à la sélection de leurs opérations et du niveau ou volume
du crédit à accorder.
Ces tracasseries administratives associées aux
inconvénients de la dévaluation ne permettent pas au secteur
Bancaire de s'épanouir, pas étonnant si le résultat de
cette réforme était mitigieux32, comme en
témoigne certains indicateurs que voici :
Tableau n°4
Année
|
Taux de
croissance du
PIB
|
Taux d'inflation
|
Taux de
croissance de
masse
|
Indice de la
dollarisation
|
1976
|
6,4
|
71,3
|
47
|
19
|
1977
|
0.4
|
63,1
|
59
|
15
|
1978
|
-5,3
|
67,6
|
54
|
12
|
1979
|
0,3
|
99,0
|
15
|
19
|
Source : Gaston Mongbondo « La dollarisation de
l'économie congolaise :
Cause et conséquence » mémoire de DEA, FASEG,
Unikin 2009, P.103- 113.
II.3.1.2. La réforme monétaire de
décembre 1979
La réforme monétaire de décembre 1979
consistait principalement à la démonétisation des billets
de 5 zaïres et à leur remplacement par d'autres billets de
mêmes valeurs faciales. En même temps, il fut question
d'opérer une importante déflation des moyens de paiement sans
pourtant affecter la valeur externe de la monnaie nationale. L'échange
manuel pour les particuliers devait se limiter à 3000Z par personne
âgée de 18 ans et plus, et 5000Z (dont 50%, à verser en
compte) pour les Petites et Moyennes Entreprises et 20.000Z (dont 50% à
verser en compte bancaire) pour les autres entreprises de grande taille. Dans
un premier temps, les avoirs en comptes à vue étaient disponibles
à concurrence de 10% tandis que le reste serait progressivement
libellé de l'économie.
Comme lors de la réforme de 12 mars 1976, cette
réforme de décembre 1979 s'accompagne d'autres mesures
applicables aux Banques. A cette
32 KABUYA et TSHIUNZA Mbiye, op.cit, P.2.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
44
occasion il fût instauré par la Banque Centrale
du Congo, l'exigence d'un coefficient de réserve obligatoire et un
plafond de refinancement des Banques pour les opérations de
réescomptes et de mise en pensions.33
Ces mesures ne favorisaient pas le développement des
banques, et ont les mêmes incidences que celles de la réforme
précédente.
II.3.1.3. La réforme monétaire de
septembre 1983
C'est la réforme de régime de change, cette
réforme a comporté 3 points principaux :
- La modification du taux de change
- L'adhésion officiellement du régime des taux
flottants - La libéralisation de la réglementation des
changes.
La modification du Taux de change avait conduit à la
révision de la parité de la monnaie nationale, donc une
dévaluation de 77,5% partant de la parité de 1 Z = 0,1575 DTS en
vigueur depuis le 22 juin 1981 à 1Z = 0,0354 DTS.
Le Taux de change, la valeur en monnaie
étrangère, de la monnaie nationale, devait se déterminer
librement sur le marché interbancaire des changes, dans ce nouveau
régime de change.
La libéralisation de la réglementation de changes
consistait à la suppression des mesures précédentes aux
changes et échanges.
II.3.1.4. La réforme monétaire
d'octobre 1993
Plusieurs analystes considèrent la réforme
d'octobre 1993 comme l'une des plus importantes réformes qu'a connu la
République Démocratique du Congo. Plusieurs objectifs ont
été assignés à cette opération, les uns
à court terme, les autres à long terme.34
A court terme, la réforme visait comme finalité
:
- La réduction sensible du niveau de l'inflation par
résorption partielle de la masse monétaire :
33 BCC, rapport annuel, 1980, p.156.
34 BCC, « Rapport annuel 1993 », P.194.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
45
- Décomprimer à des niveaux soutenables les
coûts d'impression des signes monétaires afin de faciliter la
comptabilisation et le dénouement des transactions ainsi que de
restaurer un environnement économique favorable à la relance de
l'activité économique.
A moyen terme : la réforme devrait contribuer au
rétablissement progressif des équilibres fondamentaux de
l'économie grâce à l'action combinée de
l'encadrement durable de la demande et de la promotion des activités
productives.
Pour cette réforme, les mesures d'accompagnement
assignées étaient les suivantes :
- Un plafonnement de crédit à l'état
considéré comme la principale cause des dérapages
monétaires, son expansion était fixée à 177,6
millions de nouveaux zaïres ;
- Favoriser le crédit à l'économie, son en
cours devait s'élever à 539,6 millions de nouveaux zaïres
fin décembre 1993 ;
- Le budget en devises prévoyait la mobilisation de
20,6 millions de dollars Américains au cours du dernier trimestre.
L'essentiel de ces recettes devait servir à l'importation des produits
de première nécessité ;
- Quant à la masse monétaire, elle devait
s'accroitre de 66,8% au cours du dernier trimestre 1993.
In fine, les critères ci-dessus devaient permettre de
limiter le taux d'inflation à 66,7%.
Cette réforme a été à la base du
grand désordre monétaire particulièrement grave :
émergence d'un nouveau espace monétaire ; la hausse
exagérée des prix des biens et services, et la
dépréciation accélérée de la monnaie
nationale face aux devises. Dès le lancement des nouvelles unités
monétaires introduites par la dite réforme on assiste à un
phénomène raricisme dans l'économie.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
46
L'espace monétaire congolais s'est éclaté
en deux où circulait deux unités monétaire
différentes, l'une ayant cours légal et l'autre
bénéficiant uniquement de la confiance de ses utilisateurs :
- Le premier espace couvrait les 9 provinces sur les 11 que
compte la République Démocratique du Congo, où circulait
la nouvelle unité monétaire : les nouveaux zaïres
- Le deuxième espace comptait deux Kasaï où
circulèrent les anciennes unités monétaires officiellement
démonétisées.35
L'existence de ces deux espaces monétaires a
durée pendant 5 ans soit de 1993 à 1997, visiblement les Banques
étaient les premières à encaisser de sérieux
coûts dus à ce fait. En effet, les Banques ayant les filiales dans
ce nouvel espace ont certaines dû fermer pour raison
d'inconvertibilité car les Banques étant sous contrôle de
la banque Centrale du Congo ne pouvaient pas opéraient avec une monnaie
qui n'a pas cours légal, nous allons revenir sur ce, dans le chapitre
III. Dans l'ensemble la situation économique après cette
réforme était intenable pour les Banqués, les indicateurs
macro économiques en témoignent.36
Tableau n°5
Année
|
1992
|
1993
|
1994
|
Indicateurs
|
|
|
|
Taux de croissance de PIB
|
- 10,5
|
-13,5
|
-3,9
|
Taux d'inflation
|
2.989,6
|
4651,7
|
9796,9
|
Indice de la dollarisation
|
91,99
|
92,71
|
99,54
|
Avoirs extérieurs nets
|
- 428,8
|
-427,3
|
581,3
|
Source : BCC, op cit, 1993, p201
Ces facteurs à eux seuls peuvent déclencher une
crise Bancaire grave pour des raisons déjà
évoquées.
35 Pour plus de détail, on eut
consulté l'excellent ouvrage du professeur F. KABUYA et Monsieur Matata
Ponyo, « l'espace monétaire kassaien : crise de
légitimité et de souveraineté en période d'hyper
inflation au Congo », 1993- 1997.
36 Données en millions de DTS Cfr rapport
annuel, 1993, p.201.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
47
II.3.1.5. La Réforme monétaire de
1998
Suite aux dysfonctionnements notoires du système
monétaire congolais à savoir :
- La multiplicité d'espaces monétaires ainsi que de
taux de change ;
- La perte de confiance généralisée dans
la monnaie nationale du fait de l'instabilité persistante de sa
valeur interne et externe ;
- La dollarisation excessive de l'économie ;
- La pénurie de signes monétaires au sein du
système Bancaire ;
- La rupture de la parité interne entre la monnaie
scripturale et la monnaie fiduciaire ;
- La désintermédiation accrue attestée
par l'importation circulation fiduciaire hors Bancaire et la des articulations
des paiements ;
- La diminution drastique du taux de liquidité de
l'économie, atteignant 4,3% en 1997 contre 10 au cours des
périodes antérieures.
le gouvernement de la République Démocratique du
Congo a décidé, dès le mois de mai 1997, de confier
à la BCC la tâche d'opérer une réforme
monétaire impliquant le changement de l'unité monétaire ;
devient le nouveau franc congolais.
La réforme monétaire de 1998 poursuivait les
objectifs majeurs
suivants.37
- L'unification de l'espace monétaire ;
- La stabilité des prix intérieurs et du taux de
change ;
- Le rétablissement du système des paiements ; - La
restructuration du système bancaire ;
- La relance de l'activité économique ;
- Institution d'une nouvelle unité monétaire.
37 BCC, rapport annuel 1998, p.172
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
48
La stabilité des prix intérieurs et du taux de
change devait être réalisée grâce une politique
Budgétaire et monétaire rigoureuse basée d'une part, sur
l'exécution équilibrée des opérations
financières de l'Etat, et d'autre part, sur le contrôle strict des
émissions monétaires. Le rétablissement du système
des paiements consistait à homogénéiser l'éventail
fiduciaire sur l'ensemble du territoire national et réduire les
écarts de taux de change entre provinces. Pour cette finalité la
Banque Centrale du Congo à retirer systématiquement et
progressivement toutes les anciennes monnaies Zaïres dans les deux
Kasaï et les nouveaux zaïres dans quatre provinces.
En outre, le décret loi n°066 du 20 avril 1998
portant assainissement des dépôts Bancaires visait 3 objectifs
complémentaires à savoir la convertibilité des
dépôts bancaires, le rétablissement de la parité
entre le chèque autrement convertissable avec décote, et le
retrait facile des espèces aux guichets des Banques.
La restauration du système Bancaire se fait à deux
niveaux :
- Le décret-loi n°064 définit le cadre de la
restructuration de la Banque Centrale
- Le décret-loi n°065 du 20 avril 1998 organise le
régime spécial de restructuration des Banques et institutions
financières en déséquilibre financier.
Cette réforme comme d'autres qui l'ont
précédée n'ont pu réaliser les objectifs qui lui a
été assignés faute de préparation et d'autres
événements politique notamment la guerre de 1998 qui occasionnent
plusieurs faits de nature à faire échouer ladite réforme ;
la remise en circulation dans les territoires occupés, des billets
d'anciennes monnaies déjà retirées ;Le ralentissement du
rythme d'incinération des anciens billets retirés de la
circulation, avec comme conséquence non seulement l'engagement des
chambres fortes, mais aussi le risque de réinjection de ces monnaies
etc.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
49
II.3.2. Evolution des principaux Agrégats
Monétaires TABLEAU N°5
Année
|
Masse monétaire
|
Quasi monnaie
|
Crédit à
l'économie
|
Taux de change en 1$
|
Indice de dollarisation
|
Circulation fiduciaire Banque
|
197738
|
1.057721
|
181.712
|
-
|
0,8568
|
15
|
44
|
1978
|
1.650889
|
255.048
|
-
|
0,8359
|
12
|
48
|
1979
|
1.808889
|
390.083
|
-
|
1,7286
|
19
|
31
|
1980
|
3.178446
|
473359
|
972970
|
2,7999
|
31
|
48
|
1981
|
4.367330
|
637.789
|
1250425
|
4,3835
|
28
|
48
|
1982
|
7187855
|
1.055.533
|
1894886
|
5,7500
|
22
|
46
|
1983
|
13434343
|
3.609,9
|
2757301
|
12,8992
|
7
|
46
|
1984
|
17799686
|
3.786,9
|
4208198
|
36,1292
|
9
|
49
|
1985
|
22.924,8
|
3.417,7
|
6984781
|
49,8692
|
24
|
54
|
1986
|
37.995,5
|
7.681,7
|
11.437.4000
|
59,7083
|
76
|
50
|
1987
|
74.741
|
15.194
|
25096.000
|
112,4017
|
67
|
49
|
1988
|
169851
|
41.400
|
43.457.400
|
187,0508
|
54
|
49
|
1989
|
273605
|
70.239
|
73.510.000
|
390,5082
|
81
|
56
|
1990
|
1.704647
|
317.058
|
154.000000
|
718,1533
|
88
|
54
|
1991
|
18282194
|
731.707
|
2389000000
|
15587,055
|
97
|
59
|
1992
|
700717419
|
36.280138
|
5148000000
|
645549,083
|
92
|
47
|
1993
|
19903789564
|
18.815
|
104094000000
|
7521803,83
|
93
|
71
|
1994
|
374602678
|
2.987.700
|
82614950
|
1193,9525
|
100
|
74
|
1995
|
1927867754
|
8.042.650
|
563802439
|
7040,5075
|
99
|
87
|
1996
|
21575313
|
63.304390
|
4160308000
|
50184,90
|
98
|
38
|
1997
|
32775680
|
72.743350
|
4727297000
|
131344,756
|
99
|
46
|
1998
|
845042571
|
131636371
|
98296
|
160666,01
|
96
|
61
|
1999
|
3.915273633
|
247758362
|
333877
|
4,0178
|
99
|
75
|
2000
|
23558063993
|
2630705445
|
2948103
|
21,8209
|
100
|
68
|
2001
|
77143732
|
27.058671
|
13353185
|
206,6169
|
100
|
41
|
2002
|
98832881
|
36195806
|
13951854
|
346,8104
|
100
|
50
|
2003
|
130118714
|
58.008.653
|
19622998
|
404,5189
|
90
|
49
|
2004
|
22222541
|
105.179.634
|
41653869
|
398,2337
|
93
|
46
|
2005
|
277111477
|
216.104.039
|
63469253
|
474,0053
|
100
|
43
|
2006
|
436922182
|
213515712
|
120780458
|
468,2789
|
100
|
27
|
2007
|
658833855
|
340964375
|
197138479
|
516,7531
|
100
|
35
|
Source :
- BCC : rapports annuels : 1975, 1980, 1985, 1990, 1993, 1998,
2000 et 2007. - BCC : Condensé d'informations statistiques : 2000
Ces grandeurs sont analysées en détails dans les
chapitres III et IV
38 De 1974 à 1993 en millions de Zaïres
De 1994 à 1998 en millions de Nouveaux zaïres De 1999
à 2007 en FC
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
50
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