II.2. Monnaie comme actif financier et Moyen de paiement
La monnaie est un actif financier comme les autres
(obligation, action, ...), s'il faut entendre par ce dernier un bien qui peut
servir de réserve de valeur et qui peut faire l'objet de
négociation sur le marche des capitaux mais, à la
différence des autres actifs financiers, la monnaie ne procure pas en
principe, de gain en capital, elle offre tout de même certains avantages
en terme du pouvoir d'achat. Celui qui détient la monnaie dans son
portefeuille peut profiter de la baisse de cours des actifs, par exemple, pour
acheter plus de titres qu'il n'aurait acheté dans l'immédiat.
Du coût, les éléments influent sur la
détermination des prix des actifs sont aussi applicables à la
valeur de la monnaie. En d'autres termes, la qualité de
l'émetteur, la confiance dans l'environnement macro économique et
d'autres éléments politico socio économiques qui
pèsent sur le choix dans la détention des actifs, s'imposent
aussi dans le ca de la monnaie. Les mouvements dans la composition du
portefeuille des agents économiques financiers comme non financiers ont
des incidences sérieuses sur la stabilité de Banques et sur
l'économie dans son ensemble.
Par ailleurs, en tant que moyen de paiement, la monnaie est
indissociable de certaines qualités notamment, la conservation du
pouvoir d'achat dans le temps exprimé en comparaison avec d'autres
monnaies.
La perte ou la diminution du pouvoir d'achat suit à la
détention d'une monnaie n'est pas sans conséquence sur le
mouvement de monnaies et la performance du secteur Bancaire.
Dans cette section, nous allons essayer de ressortir de
façon systématique les incidences de la qualité de la
monnaie sur la performance du secteur Bancaire et sur l'économie dans
l'ensemble ensuite nous élargissons notre analyse en y incluant la
monnaie scripturale.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
34
II.2.1. Substitution Monétaire et la confiance
dans les Banques
La confiance est l'un des éléments majeurs pour
la bonne performance des activités Bancaire. On dit monnaie fiduciaire,
il faut entendre par là, une monnaie dont la valeur intrinsèque
est basée sur la confiance qu'inspire son émetteur. De nos jours
cette confiance qu'inspire pas seulement de l'émetteur de la monnaie
mais d'un parapluie d'élément économico-socio
politique.
Un changement dans les fondamentaux de l'économie,
comme un changement de régime politique peut freiner la valeur d'une
monnaie. Selon la théorie traditionnelle de la porte feuille, les agents
économiques désirent toujours détenir un portefeuille
diversifié, cela pour se prémunir de risques. La monnaie
étant un des actifs constitutifs du portefeuille, et étant
substituable non seulement aux titres mais également entre elles, elle
n'échappe pas à ce principe du portefeuille.
Les agents économiques peuvent bien se
débarrasser d'une monnaie au profit d'une autre (monnaie domestique au
profit des devises). Tout comme une rumeur peut faire fondre la valeur d'une
monnaie.
Ce phénomène est très récurrent
dans les pays en voie de développement au régime de change
flexible, a de répercussion très significative sur le rendement
des activités Bancaires et sur le taux de change.
Dans le Chapitre I, nous avions vu que dans le processus qui
conduit à la crise Bancaire, la panique Bancaire est l'étape la
plus importante (pour certains économistes, c'est la manifestation de la
crise même) et qu'elle peut être provoquée par
l'asymétrie de l'information, la perte en terme du pouvoir d'achat due
à la détention d'une monnaie peut dans certains cas
générer la panique bancaire et conduire par conséquent
à la crise bancaire.
Le modèle de Diamant et Dybviga26 peut
servir du cadre d'analyse pour ce fait. D'après ces auteurs, il y a
l'asymétrie d'informations entre les Banques et les déposants.
Les Banques ne connaissent pas les intentions des
26 Cité par JP Allegret, op.cit,
p.265.
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
35
déposants à propos de leurs retraits de
dépôts. Les avoirs détenus dans les Banques sont liquides
en ce qu'ils servent de moyens de paiement immédiats cela signifie que
les déposants peuvent modifier leurs plans de dépenses
consécutivement à des changements dans leurs
préférences ou dans leurs anticipations.
Supposons qu'au sein d'une économie, les
dépôts ne se font qu'en monnaie locale et qu'elle soit
inconvertibles si les agents économiques anticipent une augmentation de
l'offre de la monnaie domestique, ils en déduisent l'inflation dans les
biens libellés en cette monnaie, in fine, la baisse de leur pouvoir
d'achat futur suite à la détention dans leur portefeuille de la
monnaie domestique, afin de se prémunir de cette perte, Ils se
précipitent aux guichets de Banques pour retirer leurs épargnes
afin de les convertir en d'autres actifs (devises ou dans les immobilisations
corporelles et incorporelles). Il va s'en suivre la panique Bancaire si tous
les agents adoptent le même comportement par effet de Contagion.
On part donc d'une Asymétrie d'information qui pousse
les agents économiques à changer la composition de leur
portefeuille. Cette mutation dans le portefeuille plonge les Banques dans les
difficultés.
La panique Bancaire, dont nous parlerons en détail dans
le chapitre III et IV, est un équilibre non désiré qui
menace en permanence, le bilan des Banque. Cette situation s'explique par le
fait que très souvent, la valeur faciale des dépôts est
toujours supérieure à la valeur de liquidation du portefeuille
bancaire.
Les retraits effectués par les déposants
s'effectuent de manière séquentielle, selon le principe du
premier arrivé, premier servi. Il en résulte de ce fait, ce qu'un
déposant peut espérer retirer de la banque est fonction de sa
place dans la queue. Or les déposants savent que partiellement ils ne
pourront pas tous récupérer la totalité de la valeur
faciale de leur dépôt. Plus un agent se situe loin dans la queue,
et plus il anticipe que les autres déposants devant lui vont vouloir
retirer des dépôts, plus il exprime une demande de retraits. Comme
l'ensemble
L'interaction entre la monnaie et la crise bancaire
en RDC de 1977 à 2007 : Essaie explicatif et tentative de
solution
36
des déposants font une telle anticipation, il se
produit un problème sur les Banques la liquidité disparait dans
l'économie. Et la raison d'être de Banques aussi entant qu'actifs
financier et la liquidité par excellence, la monnaie peut être
à l'origine de déséquilibrer du secteur Bancaire er de
l'économie dans son ensemble. Cela est valable également si on
analyse la monnaie comme moyen de paiement et produit des Banques.
Une défiance du public à l'encontre d'une
monnaie scripturale ou fiduciaire est un signe d'une grande détresse
pour le secteur bancaire et pour l'économie. Nous parlerons dans les
deux derniers chapitres de notre travail.
|