Les interventions de la BEAC dans le cadre du marché monétaire et le problème de surliquidité des banques au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Berlin Sidoine NGAH Ngaoundéré's University - Licence Professionnelle en Comptabilité et Finance 2010 |
III LES CONSEQUENCES DE LA SURLIQUIDITELa surliquidité entraine des nombreuses conséquences tant au niveau des banques elles mêmes qu'au niveau de l'économie. III.1CONSEQUENCES AU NIVEAU DES BANQUES La surliquidité entraine les conséquences suivantes
La banque qui perçoit des dépôts de la clientèle et ne les canalise pas dans l'économie réelle conserve d'importantes liquidités. Ces dépôts doivent être rémunérés par l'octroi des intérêts. C'est dans ce sens que le Dr Louis Banga Ntolo soutient qu'au niveau de la banque, il y a un problème de rentabilité ; car si une banque a beaucoup de dépôt qu'elle ne transforme pas en crédit, elle ne pourra pas refuser de rémunérer les dépôts qu'elle a collectés. Face à cette situation, les banques doivent chercher des palliatifs si elles ne peuvent donc pas faire leurs chiffres sur les différentiels des taux, c'est le cas par exemple des placements de ces liquidités pour porter à leur tour des intérêts. Mais si nous prenons le cas d'Afriland dont le taux de rémunération des dépôts est de 3,25%, la rémunération des placements à la BEAC qui est de 0,06% est insignifiante. De plus les banques sont dans l'obligation d'assurer les dépôts des épargnants ce qui accroit considérablement le coût supporté par les banques et diminue par conséquent la rentabilité.
La surliquidité augmente le non remboursement des crédits dans la mesure où la banque qui est surliquide a tendance à ne pas respecter la procédure d'octroi de crédits qui est l'accord de classement de la BEAC. Les crédits qu'elle accorde alors ne subissent pas un contrôle précis ; ce qui a pour corolaire le remboursement partiel ou le non remboursement du crédit accordé.
III.2 LES CONSEQUENCES AU NIVEAU DE L'ECONOMIE Au niveau de l'économie nous pouvons évoquer : § Le Rapatriement Des Fonds Quand on observe le paysage bancaire du Cameroun actuellement, en dehors de deux banques à capitaux privés camerounais, les banques commerciales qui contrôlent 70% du marché local sont des succursales de multinationales étrangères. Dans une situation de surliquidité, ces succursales sont plus enclines à procéder à des rapatriements des fonds excessifs. C'est d'ailleurs ce que soulignait le Ministre des Finances lors du conseil de cabinet au premier ministère en juin dernier. Il expliquait que le surplus de liquidité des banques constitue une menace pour l'économie, en ce sens qu'il favorise l'évasion des capitaux. Cette évasion des capitaux a pour corolaire la dégradation des réserves de changes du Cameroun. § L'instabilité Au Niveau Des Prix La surliquidité crée une instabilité au niveau des prix des différents produits entrainant ainsi les tendances inflationnistes. En effet, lorsqu'une banque disposés des liquidités excessives, elle a tendance à financer sans contrôle préalable (accord de classement de la BEAC). En cas de non remboursement, la monnaie créée devient ainsi toxique pour l'économie ; elle vient ainsi gonfler anormalement la masse monétaire entrainant ainsi l'inflation. § Les Placements Hasardeux A L'extérieur La surliquidité amène les banques y compris la BEAC à procéder à des placements hasardeux des fonds à l'extérieur avec pour conséquence directe les effets des différentes crises financières qui frappent actuellement la planète. On se souvient encore du fameux placement de la BEAC auprès de la Société Générale et des pertes que cette opération a engendrées.
Cette section vient de nous éclairer sur la définition de la surliquidité, elle nous a démontré son incontestable existence dans le système bancaire camerounais. De plus ce phénomène aux origines diverses entraine des conséquences néfastes tant pour les établissements de crédit que pour l'économie. Il ressort de ce chapitre que la surliquidité est une notion qui peut être appréhendée à travers un nombre considérable d'éléments parmi les quels les placements des banques auprès de la BEAC ou encore le montant des crédits par rapport à celui des dépôts. Elle a des origines diversifiées ; d'ailleurs Robert Wanda (2007) 15(*)explique la surliquidité des banques au Cameroun par 4 principaux facteurs: l'importance du risque crédit, la tarification élevé des prestations bancaires, le caractère disciplinaire de la réglementation, et l'absence du recours à l'arbitrage comme mode de résolution de conflits entre les banques et leurs débiteurs. Ses désastreuses conséquences indiquent que de nouvelles mesures appropriées doivent être prises non seulement par le système bancaire mais également par l'Etat * 15 Wanda R. (2007), Risque comportements bancaires et déterminants de la surliquidité, cahier de recherche du CRECCI, IAE Université Montesquieu, Bordeaux IV |
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