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Les interventions de la BEAC dans le cadre du marché monétaire et le problème de surliquidité des banques au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Berlin Sidoine NGAH
Ngaoundéré's University - Licence Professionnelle en Comptabilité et Finance 2010
  

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I ANALYSE DE L'EXISTENCE DE LA SURLIQUIDITE DANS LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

A travers les données ci- dessous nous allons montrer que les banques au Cameroun sont surliquides. C'est alors que nous avons choisi d'étudier la surliquidité d'après les éléments suivants :

I.1 LES APPELS D'OFFRES ET L'OBJECTIF DE FINANCEMENT

L'objectif de refinancement est un agrégat important dans le cadre du marché monétaire, il désigne le potentiel de liquidité que l'institut d'émission peut injecter sans pour autant rompre les équilibres macro-monétaires des Etats membres. Simplement c'est le montant des avances que la BEAC se dit prête à accorder aux banques à travers le refinancement. Mais cette facilité est presque inutilisée par les établissements de crédits. Le tableau ci-dessous suivi du graphique illustratif nous montre l'évolution de l'objectif de refinancement et le refinancement effectif des banques du Cameroun entre 2008 et 2009.

Objectif de refinancement et refinancement effectif (En millions de FCFA)

CAMEROUN

2008

200911(*)

 

Mars

juin

Sept.

Déc.

Mars

juin

Sept.

Déc.

Objectif de refinancement

6000

6000

6000

6000

6000

10.000

10.000

10.000

Refinancement effectif aux banques

326

339

367

366

6300

8976

6800

333

Taux d'utilisation de l'objectif

5.43%

5.65%

6.12%

6.10%

105%

89.76

68%

3.33%

Tableau 1

Fig1

Source : Nous-mêmes

Il ressort de ce graphique que les banques ne demandent pas les concours de la BEAC pour leurs transactions et ceci depuis longtemps. Alors pourquoi les banques ne viennent- elles pas au refinancement ? Serait-il parce qu'elles sont surliquides ? L'analyse des appels d'offres nous en dira un peu plus.

Comme nous l'avons défini plus haut, les appels d'offres sont soit positifs (quand une banque sollicite le refinancement par la banque centrale) soit négatifs (le cas où la banque vient faire les placements de fonds).

Lorsqu'une banque sollicite le concours de la BEAC, cela est généralement un signal qu'elle est confrontée au problème de liquidités. Dans le cas contraire, on admet qu'elle dispose de liquidités suffisantes et se trouve à l'abri du besoin, ce qui se traduit alors par une trésorerie positive. C'est d'ailleurs ce qui ressort du constat que nous avons fait sur les appels d'offres du mois de juillet. En effet sur les douze banques commerciales que compte le Cameroun aucune n'était venu au refinancement. Voici, ci-dessous le graphique illustrant leurs placements moyens :

Ce graphique nous montre que pendant qu'aucune banque n'allait au refinancement, elles participaient presque toutes aux appels d'offres négatifs. Ceci peut expliquer une certaine surliquidité si on se base seulement sur le moins de juillet 2010. Remontons six semestres au paravent à l'aide du graphique ci-dessous pour voir le comportement des banques sur le marché monétaire.

Fig.3

En milliards FCFA

Le graphique ci-dessus montre que les banques du Cameroun ne viennent pas au refinancement tout simplement parce qu'elles sont pleines de liquidités et ceci depuis de nombreuses années, elles n'ont pas besoin des concours de la BEAC pour leurs transactions au contraire elles en ont tellement qu'elles préfèrent en placer pour qu'elles soient rémunérées.

I.2 L'ETUDE DES RESERVES DES BANQUES, DES DEPOTS ET CREDITS ET DU RATIO DE LIQUIDITE

Ø L'étude des réserves détenues par les banques dans les comptes de la BEAC témoignent une surliquidité notoire.

Si on se base sur la situation de la BEAC en décembre 2009, le montant des réserves obligatoires se situait à 192 136 Millions de FCFA. A cette même période, le solde des comptes courants des banques se situait à 215 242 Millions, quant aux placements des banques ils se situaient à 155 500 Millions ce qui ramenait le montant des réserves excédentaires des banques à 370 742 Millions. Le montant des réserves obligatoires associé à celui des réserves excédentaires donne le montant des réserves totales des banques à cette période soit 562 878 Millions.

Quant aux réserves de changes elles vont à plus 7500 milliards de FCFA. Ce qui traduit une extrême surliquidité.

Ø Quand on jette un coût d'oeil dans les comptes des banques du Cameroun, on se rend compte montre qu'elles obtiennent de la part des clients des dépôts importants, mais ces dépôts sont loin d'être transformés en crédits comme le souhaite la célèbre formule : «  les dépôts font des crédits » Alors si les banques ne peuvent donc pas accorder les crédits en aval pour une raison ou pour une autre, alors qu'en amont elles collectent des fonds des épargnants, ces fonds vont stagner dans leurs comptes car ne rempliront pas leur objectif. Ils constitueront donc des liquidités oisives et par conséquent, elles sont appelées surliquidité bancaire.

C'est d'ailleurs cette surliquidité qui affecte le ratio de liquidité des banques du Cameroun. En effet, le ratio de liquidité est le rapport entre les disponibilités à court terme d'une banque et ses exigibilités à court terme. Ce ratio qui fait partie des normes prudentielles de la COBAC, est fixé à 100%12(*) Mais il est de loin supérieur à cette norme pour les Banques du Cameroun, sans doute parce que les liquidités à court terme sont volumineuses à coté des crédits qui n'existent presque pas. Alors on peut conclure qu'elles sont surliquides.

L'étude des appels d'offre des banques au Cameroun qui sont essentiellement négatifs, les réserves qu'elles ont et qu'elles continuent de constituer et qui évoluent de façon exponentielle, la non adéquation des crédits par rapport aux dépôts nous ont permis d'assurer avec certitude que celles-ci sont surliquides.

Apres avoir cerné la notion de surliquidité dans toutes ses formes, et surtout montré qu'elle est véritablement présente dans le système bancaire camerounais il est primordial de procéder à un diagnostic de la situation à travers l'étude de ses causes et de ses conséquences.

* 11 L'utilisation observée pendant les 3 premiers trimestres de 2009 s'explique par le fait que la CBC avait de sérieuses difficultés de trésorerie et était poches d'une cessation de paiement.

* 12 Règlement COBAC R-93/06

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