B. Les actes d'état civil et la
nationalité
172. Les actes d'état civil et la nationalité
sont ceux qui permettent à l'état de maîtriser ses
nationaux, de repérer facilement un individu et de le suivre partout
où il pourrait se trouver. Ce sont des actes constitutifs de
l'identité d'une personne, identité à laquelle est
attaché un patrimoine. Leur attribution et les modifications qui peuvent
y être apportées, doivent être régulières et
sincères dans l'intérêt de certains particuliers et de la
société en général. Le Ministère public
bénéficie alors d'un droit d'action dans ces domaines. Nous
examinerons d'abord l'action du Ministère public dans le contentieux de
la nationalité (I) avant de le présenter comme partie principale
en matière d'actes d'état civil (II).
I. Le parquet comme partie principale dans le
contentieux de la nationalité
La procédure d'acquisition de la nationalité
camerounaise est administrative. C'est en fait un Décret du Ministre de
la justice publié au journal officiel qui naturalise,
réintègre ou déchoit un individu de la nationalité.
Dans cette procédure ou dans d'autres, des oppositions ou contestations
peuvent être soulevées.
173. Lorsqu'il s'agit d'une contestation intervenue de
manière incidente212dans un procès, le
Ministère public doit toujours être mis en cause. Il est en cela
partie jointe. Les articles 41, alinéa 4213de la loi de 1968
sur la nationalité et 8 du Décret de 1968 sur les
modalités d'application du code de nationalité confèrent
au Ministère public un droit d'action exclusive comme demandeur ou
défendeur au nom de l'état. L'article 8 précité
dispose que : « la validité d'une déclaration
enregistrée peut toujours être contestée par le
Ministère public ou par toute personne intéressée. Dans ce
dernier cas le Ministère public doit toujours être mis en cause
». Il en résulte que le Ministère public intervient
à la fois comme partie jointe et comme partie principale en
matière de nationalité avec un penchant pour la défense
dans ce dernier cas. Cela peut également se vérifier en
matière d'actes d'état civil.
212 Il s'agit des exceptions de nationalité et
d'extranéité c'est-à-dire de la revendication de la
nationalité camerounaise et de la réfutation de celle-ci par un
individu ou par son adversaire au procès.
213 « Le Ministère public doit toujours
être mis en cause et a seul, qualité pour agir ou défendre
au nom de l'état ».
II. L'action du parquet en matière d'actes
d'état civil
Nous examinerons les modifications portées sur les actes
et leur reconstitution
174. En principe, les actes d'état civil sont
intangibles et définitifs c'est-à-dire qu'ils ne sont
établis qu'une fois et ne peuvent plus être modifiés. Le
principe de l'intangibilité connaît des exceptions. En effet,
lorsque des erreurs ont été faites par l'officier d'état
civil lors de la rédaction d'un acte d'état civil, celles-ci
peuvent être corrigées et la mention des rectificatifs est
portée au verso de l'acte. L'action en rectification peut être
présentée par les personnes intéressées ou par le
Ministère public. Le Procureur de la République est ténu
d'agir d'office lorsque l'erreur ou l'omission porte sur une indication
essentielle. Des modifications peuvent également être
apportées à l'acte d'état civil suite à
l'aboutissement d'une procédure de changement, de relèvement ou
de camerounisation de nom ou de prénom. Le Ministère public peut
intervenir en amont dans cette procédure qui est purement
administrative, en cas d'opposition, pour saisir la Cour d'Appel afin que
celle-ci statue sur ladite opposition214.
Il arrive parfois qu'un acte d'état civil soit
égaré, volé ou détruit. Dans ces cas, le
caractère définitif de l'acte d'état civil subit à
son tour une atténuation. Il est admis qu'on puisse procéder
à la reconstitution de l'acte en question. Le Ministère public ne
joue que le rôle d'enquêteur dans ces situations pour pouvoir
découvrir la vérité et s'opposer le cas
échéant à la reconstitution de l'acte.
175. L'importance du rôle joué par le
Ministère public comme partie principale dans les matières qui
touchent à la famille, à la nationalité et aux actes
d'état civil ne doit pas nous faire perdre de vue celui qu'il doit
remplit en matière de redressement judiciaire.
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