4.8 Validation des connaissances produites
L'examen de la validité de l'étude consiste
essentiellement à surinvestir deux pôles dans la structuration de
l'espace de recherche. Il s'agit des hypothèses (ou des
référents) et de la vérification des hypothèses (ou
des référents). Plusieurs types classiques de validité se
sont développés afin de juger de la scientificité de
l'instrumentation. Entre autres, nous avons pour ce qui nous concerne dans
notre étude:
- la validité qui met en relation les données
collectées avec la vérification des hypothèses afin
d'examiner dans quelle mesure celles-là permettent de contribuer
à cette phase de la recherche ;
- la validité qui permet de confronter les
données collectées aux concepts théoriques retenues afin
d'identifier les différentes théories investies par lesdites
données.
Nous avons déjà procédé à
la vérification des hypothèses avec les données
collectées lorsque nous analysions les résultats de
l'enquête (cf. titre 4.6.2). Nous ne revenions plus sur
cet aspect. Néanmoins, nous avons constaté que sur les trois
hypothèses de départ, deux ont été
confirmées (hypothèses 1 et 3) et une a été
infirmée (hypothèse 2).
Nous allons donc nous attarder plus sur la validité des
connaissances par rapport aux théories et concepts susceptibles
d'expliquer le phénomène étudié. Les concepts
opératoires retenus doivent alors être placés dans un
système de raisonnement qui relie entre eux des concepts ou des
propositions.
Les théories choisies par nous pour expliquer notre
étude sont : les théorie des coûts de transaction, de
l'agence, des droits de propriété, des parties prenantes et,
théorie et pratique.
Nous avons eu recours aux théories des contrats pour
discuter du commerce illicite des produits pétroliers.
4.8.1 Théorie des coûts de transaction
Ronald COASE (1937) formule l'hypothèse que
l'entreprise permet d'économiser les coûts que doit supporter un
producteur lorsqu'il a recours au marché. Ces coûts d'accès
au marché (coût de recherche d'information sur les prix,
coûts de négociation, auxquels s'ajoute le poids de l'incertitude)
surpassent les coûts liés au fonctionnement d'une firme
intégrée. C'est ainsi qu'il définit le principe des
coûts de transaction. Olivier WILLIAMSON va donner à ce concept
des prolongements
fertiles, développant la réflexion sur
l'alternative « marché/hiérarchie ». Il revendique un
triple héritage associant économie (coûts de transaction),
droit (analyse des contrats) et sociologie (processus organisationnels et
comportement humain) des organisations. Il aboutit à des modes
d'organisation appelés structures de gouvernance. Pour WILLIAMSON, les
coûts de transaction se composent en coûts de transaction ex ante,
coûts d'établissement du contrat (rédaction,
négociation et garantie d'un accord), ex post, coûts
d'administration des contrats (coûts générés par
l'application de clause inadaptées qui éloignent le contrat de
son but initial, coûts de fonctionnement des structures de gouvernance
prévues pour résoudre les conflits et coûts
d'établissement d'engagements sûrs).
La formalisation des acteurs informels appelle des coûts
qu'ils doivent supporter au regard de la législation en vigueur. Nous
avons des coûts liés à leur formalisation, à leur
installation sur des PDV conformes aux normes, à la gestion des
activités (impôt, frais de fonctionnement, de communication),
à leur santé, bref des coûts liés à la mise
en place du cadre institutionnel. Il s'agit alors d'éviter d'être
opportuniste. L'opportunisme signifie que, dans la recherche de
l'intérêt personnel, chaque partie prenante pourrait cacher,
dénaturer ou déguiser des informations, ou à transgresser
les règles qui joueraient en sa faveur. La théorie des
contractants permet de limiter ces comportements (formes d'opportunisme).
Chaque partie doit apporter sa contribution pour un aboutissement de ce nouvel
élan que tous les acteurs prendront, quoi qu'il en coûte.
Mais nous sommes dans une activité qui évolue
dans un environnement plein d'incertitudes. Car en matière de
coûts, il est impossible de connaître l'évolution des
facteurs qui influenceront dans le futur l'environnement de ce cadre. Aussi,
faut-il limiter les dégâts en n'obligeant pas, surtout les
distributeurs informels, à adhérer à cette structure qui
sera mise en place. Car il faut préserver la bonne organisation de ce
commerce illicite des produits pétroliers. Bien sûr tous
n'adhéreront pas au début. Il y aura des réticents, mais
il faut garder une attitude positive pour qu'il n'y ait pas de défection
dans le rang des parties prenantes qui seraient favorables depuis le
début. L'essentiel est qu'il faut donner l'information
réelle et non la dissimuler à chaque étape du
processus.
Par conséquent l'avenir de ce cadre dépend du
choix des structures de gouvernance comme le dit WILLIAMSON qui
préconise des modes d'organisation spécifique qui limiteront les
coûts de transaction. Plus précisément il parle de «
structures de gouvernance » qui sont « le cadre contractuel explicite
ou implicite dans lequel se situe une transaction » (1981). D'où la
nécessité de bien rédiger les textes qui feront office de
statut et de règlement intérieur (organes de gestion, les
litiges, les recours).
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