La problématique de la réinsertion socio-économique des filles ex-soldats dans la cite d'Uvira( Télécharger le fichier original )par Aline NSIMIRE ZIHALIRWA Université Evangelique en Afrique - Licence 2009 |
CHAP III : L'EVALUATION DE LA REALITE DE LA REINSERTION DES FILLES EX-SOLDADES A UVIRADans notre troisième chapitre nous allons parler des problèmes que les filles ont subit lors de leur retour dans la communauté et leurs conséquences sur le plan psychologique, social et politique. SECTION PREMIERE : CONSEQUENCES PSYCHOLOGIQUESAprès plusieurs années de guerre et des conflits armés, les congolais du Sud kivu semblent porter un regard suspicieux envers tout ceux qui font parties ou qui ont fait partie des forces et groupes armés. La majeure partie de la population ne considère pas en effet le métier de soldat comme un métier respectable. Les filles qui ont fait partie de ces groupes ne sont pas acceptées sur le même pied d'égalité que les garçons. Les filles que nous avons eu à interviewées nous ont dit que les membres de leur communauté ont peur d'elles quand elles sont de retour des forces et groupes armées. Cette peur peut être manifestée de manière différente et est liée aux préjudices basés sur la connaissance qu'a la population de la vie chez les forces et groupes armés. Depuis plusieurs années, la population civile de l'Est de l'Est de la RDC en générale et celle de la cité d'Uvira en particulier est pillée et exploitée par des bandits et ses filles sont soupçonnées avoir été des éclaireuses des ses bandits.22(*) Plusieurs filles disent que dès qu'un problème arrive dans le voisinage est signalé, c'est vers elles que les doigts sont pointés. Les filles ne sont pas seulement accusées de vol de biens matériels. Les femmes du milieu ont tendance à craindre que les filles ex-soldates vont essayer de séduire et, en suite « voler ou emporter » leurs maris. Cette peur peut être liée à l'image de ces filles comme « facile » ou « prostituées ». Les pratiques sexuelles aux quelles les filles ont été soumises lorsqu'elles étaient chez les forces et groupes armés expliquent cette image. Le fait que les filles ex-soldats puissent être porteuses de maladies transmissibles, parfois dangereuse, suscite également une peur à la communauté. Les membres des communautés accusent les filles de transmettre des pensées ou des idées mauvaises et interdisent en conséquence leurs enfants de passer du temps avec elles. Cette crainte est également visible à l'intérieur de la famille où les filles résident. Plusieurs disent avoir vécues des situations où la figure maternelle dans la famille leur dit avec un ton dur de se lever et sortir lorsqu'elles causent avec les autres enfants de la maison. Lorsque les filles sont demandées de parler de la manière dont elles sont perçues par les membres des communautés, c'est une image plus tôt sombre qui est dressée. La plus part des filles affirment être dans une « situation où elles sont méprisées et négligées de manière intolérable ». L'insulte le plus fréquent est celui de « femme militaire ». Cette expression ne désigne pas seulement une fille ayant été dans une force armée, mais se réfère également à une fille qui a sexuellement appartenu à un ou plusieurs hommes soldats. Cette appellation des femmes militaire est particulièrement récurrent chez les filles qui ont été chez des groupes Mai-Mai ou chez les FARDC. Celles ayant été enlevées par les Interahamwe sont quand à elles souvent appelées « femmes interahamwe »23(*). Cette expression montre seulement non seulement que la fille avait couché avec des soldats ; elle a couché avec le soldat ennemi. Lorsque les filles qui ont été chez ce groupe sont demandées de préciser les insultes qui les sont adressées. Une seconde manière d'insulte que les filles sortis des forces et groupes armés héritent est celle de pute et prostituée. Dans les entretient comme dans les focus groupes, le fait que l'ensemble des filles ayant été chez des forces ou groupes armés sont considérés comme des prostituées, indépendamment du groupe chez lequel elles ont été, si elles joint la structure par force ou de manière volontaire, leur rôle au sein du groupe ou la durée du séjour en son sein. Les filles ex-soldates sont soit perçues comme faciles et ayant une moralité douteuse soit comme facile et moins attractives en ce qui concerne le mariage. D'autre part si une fille refuse les avances d'un garçon, celui-ci peut rétorquer en disant : « comment oses-tu refuser alors que tu as couché avec tout ces gars là bas ? ». Quelques filles affirment avoir été appelées des sorcières et perçues comme dangereuses, imprévisible et incapable à changer.24(*) Cela montre que les filles ex soldates sont désormais considérées comme des objets sans aucune considération dans la société de retour. Partant de ce qui précède nous pouvons dire que la stigmatisation vécues par les filles ex-soldates sont liées à la sexualité et aux attentes d'un comportement digne d'une femme. La suspicion et l'attitude négative qu'a la population envers les soldats font que le simple fait d'être appelé soldat peut être stigmatisant et peut influencer les filles qui sont encore dans l'armé de ne pas participé aux processus de réinsertion. Toutes ces attitudes décrites ci-dessus ne font que renforcer la stigmatisation dont sont victimes les filles sorties des forces et groupes armés avec comme conséquence le repli sur elle-même qui peut déboucher sur des anomies et anomalies d'ordre comportemental chez les filles sortis des forces et groupes armés.
* 22 Source nos enquêtes sur terrain. * 23 Pour dire les rebelles HUTUS rwandais * 24 Nos entretiens avec les filles ex-soldates à Uvira, Mars 2010 |
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