Impacts socio-économiques de la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du parc W du Bénin( Télécharger le fichier original )par Byll Orou KPEROU GADO Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Docteur vétérinaire 2006 |
Chapitre 1 : Milieux, matériel et méthodes d'investigationPour atteindre les objectifs de l'étude, des zones d'investigation ont été ciblées grâce à une enquête exploratoire et à une collecte de données de base qui ont commencé en août 2004 à la Direction du Parc National du W (DPNW) au Bénin. La collecte de données de base s'est poursuivie au Sénégal et au Bénin jusqu'en octobre 2005 ; quant à la collecte des données sur le terrain, elle s'est entièrement déroulée entre novembre 2005 et avril 2006. Enfin, le traitement et l'analyse des données a eu lieu à l'Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar entre mai et octobre 2006. 1.1. Milieux d'investigation L'étude s'est déroulée dans les cinq (5) communes riveraines de la partie béninoise de la réserve de biosphère transfrontalière du W. Il s'agit des communes de Kérou, Banikoara, Kandi, Karimama et Malanville (carte 1, page 5). Au niveau des communes de Banikoara, Kandi, Karimama et Malanville on compte quatre vingt (80) villages riverains3. Nous nous sommes beaucoup plus intéressé aux zones habitées les plus proches du parc (carte 5). Dans ces milieux, nos investigations ont porté sur: - les foyers d'éleveurs et d'agriculteurs; - les axes de transhumance et les zones fréquentées par les transhumants ; - les postes frontaliers d'entrée des troupeaux transhumants dans le territoire béninois ; notamment le poste du campement de chasse de la Mékrou à la frontière avec le Burkina Faso (commune de Banikoara), le poste de Monsey à la frontière avec le Niger (commune de Karimama), le poste de Madécali à la frontière avec le Niger et le Nigéria (commune de Malanville); - les marchés de bétail de Goumori, Founougo, Alibori (tous dans la commune de Banikoara), Mamassi-Peul (commune de Karimama), Guéné (commune de Malanville) et le marché de bétail de Kérou. C'est les six (6) principaux marchés de la zone. 3 Les travaux développés par l'équipe de Géographes associés dans la SIGAP Onlus/Italie en collaboration avec l'UICN, la Coopération Italienne et le PRP-W/ECOPAS pour la capitalisation de données sur le Parc Régional du W et sa périphérie (le système MULTIMAP) ont tenu compte, dans la composante du Bénin, des communes de Banikoara, Kandi, Karimama et Malanville. Dans ces communes, il a été recensé : 31 villages mères, 80 villages, 553 hameaux et 507 campements. ~ritpc~ts so~~~~~~~~~~~~~~~ ~~ Lc tr~~s~~~~~~~ tr~~sfro~tcLi~r~ cs Lc ov r v~rc~&~ ~~ P&r~ W ~~ "~~~~ Nos investigations se sont aussi intéressées aux services administratifs et techniques. Ainsi les enquêtes ont concerné : - les différents postes forestiers (Banikoara, Karimama, Kandi, Alfakoara, Monsey, Kérémou, Mékrou) chargés de la conservation du parc W ; - les secteurs d'élevage et certains postes d'élevage des cinq (5) communes ; - le laboratoire du Programme Pan Africain de Contrôle des Epizooties (PACE) à Parakou ; - les organisations ou associations intervenants dans le domaine de l'élevage ; - les mairies et arrondissements. 1.2. Matériel Le matériel de travail a été constitué de : 1' trois types de fiches d'enquête (annexe 1) : - le premier est destiné aux agriculteurs et/ou éleveurs4 sédentaires dans la zone riveraine du parc ; il vise la description des différentes activités socioéconomiques des ménages, l'appréciation des revenus qui en ont résultés (pour la période correspondant à la campagne agricole 2004-2005), la collecte d'informations sur les avantages et les inconvénients liés à la transhumance et le recueil des propositions de solutions aux problèmes évoqués ; - le deuxième est adressé aux transhumants ; son objectif est de préciser les informations sur les mobiles, les pratiques et les incidences de la transhumance dans la zone d'étude ; - le dernier a concerné les agents de l'administration et leurs collaborateurs dans la zone d'étude ; son but essentiel est d'explorer les pistes de solutions aux problèmes qui opposent l'élevage, particulièrement celui transhumant et les différents acteurs qui font des aires protégées du complexe du W un centre d'intérêt ; 1' fiches de recensement des animaux transhumants au niveau des postes frontaliers de contrôle (annexe 2) ; 4 Pour des besoins de simplification nous parlerons souvent d'agro-éleveurs à la place d'agriculteurs et/ou éleveurs. 1' carnet pour prendre des notes sur le terrain ; 1' moto YAMAHA YB 100 pour nos déplacements sur le terrain ; 1' appareil photographique pour la prise de vues ; 1' médicaments vétérinaires pour quelques soins mineurs ; ces médicaments ont été d'un grand apport pour la mise en confiance de certains éleveurs. En effet, dans ce contexte de conservation du parc W où les confrontations des éleveurs avec les forestiers sont devenues fréquentes, le vétérinaire est l'un des rares étrangers en qui l'éleveur Peul peut encore avoir confiance. 1.3. Méthodes de collecte des données La collecte des données sur le terrain a duré de novembre 2005 à avril 2006, soit six (6) mois. Les méthodes de collecte ont varié en fonction des types de données. 1.3.1. Données sur le mouvement transfrontalier du bétail transhumant Les fiches de recensement des animaux transhumants interceptés au niveau des postes de contrôle frontalier (annexe 2) ont servi à collecter lesdites données. Ces fiches ont été confiées à deux agents en service : - au poste frontalier du campement de chasse de la Mékrou : l'agent de la mairie de Banikoara chargé de percevoir des taxes auprès des propriétaires d'animaux entrant dans le territoire béninois ; - et au poste frontalier de Madécali : le chef poste élevage chargé du contrôle sanitaire des animaux au niveau des frontières avec le Niger et le Nigéria. Nous leur rendions périodiquement visite pour voir l'état d'avancement du recensement. 1.3.2. Données sur l'évolution des ventes et des prix dans les marchés de bétail Dans ces marchés, nous nous sommes adressés aux gestionnaires qui ont mis à notre disposition les souches des reçus de vente ou les registres de vente. Ces documents qui ne sont pas toujours au complet nous ont permis d'avoir des informations sur 1 à 5 ans. Carte 5 : Présentation de quelques villages riverains enquêtés ~v&p&~ts so~~~~~~~~~~~~~~~ ~~ Lc tr~~s~~~~~~~ tr~~sfrovtcL~~r~ cs Lc ov r v~rcth&~ ~~ ~~~~ W ~~ "~~~~ 1.3.3. Données sur les aspects socio-économiques et zoosanitaires de l'étude 1.3.3.1. Méthode d'échantillonnage Avant de choisir les lieux d'étude, nous avons procédé :
La méthode d'échantillonnage utilisée suivant les circonstances a été la méthode empirique ou raisonnée. Pour les foyers d'agriculteurs et/ou éleveurs sédentaires par exemple, un sondage à deux degrés ou two-stage sampling est adopté (ANCELLE, 2002 et GRAIS, 2003). Une liste de localités riveraines du W a servi de base de sondage des unités primaires constituées de campements, hameaux et villages, et des unités secondaires constituées de foyers d'agro-éleveurs sédentaires. Les unités primaires sont retenues selon un choix raisonné basé sur les critères d'accessibilité, de facilité de communication. Le choix des unités secondaires est fait de façon aléatoire et équitable selon un effectif de 82 agro-éleveurs sédentaires répartis comme l'indique le tableau II. Ces effectifs sont approximativement en rapport avec la taille de la population riveraine du W dans les différentes communes. Tableau II : Nombre et catégories des personnes enquêtées par commune
Les transhumants sont retenus lorsqu'ils sont rencontrés
et disposés à répondre à notre Irv:pacts soci-o-ecovomiztt,tes de La traiSltvSice travsfroita1We 0121/LS La ove riveraike du. Parc W du, B, ein.i.in, questions, nous n'avons pu remplir que 27 questionnaires avec les transhumants nationaux ou étrangers. Les agents de l'administration et leurs collaborateurs sont retenus lorsqu'ils sont censés avoir des informations utiles à nos investigations ; ce qui nous a permis de questionner 50 personnes. 1.3.3.2. Collecte des données socio-économiques Sur le terrain, nous avons développé deux méthodes d'enquête : la méthode qualitative et la méthode quantitative. La méthode qualitative a consisté en une collecte d'informations à travers des entretiens informels avec des acteurs directs ou indirects de la transhumance, des acteurs du développement rural, des agents forestiers et autorités du parc, des autorités traditionnelles et administratives et des personnes ressources de la zone riveraine du parc. Nous avons également effectué des observations et participé à des activités au sein de quelques communautés et structures de la zone d'étude (suivi au pâturage, participation à la campagne de vaccination de décembre 2005 dans la commune de Banikoara, gestion de conflits,...). La méthode quantitative a été conduite à travers des observations standardisées, en l'occurrence à l'aide de questionnaires. Ces questionnaires d'enquête ont été d'abord élaborés à partir de l'enquête exploratoire et de la collecte des données de base (données bibliographiques) ; ensuite, nous avons procédé à des visites de terrain pour une pré-enquête en vue de corriger les questionnaires et d'évaluer les éventuelles difficultés. Au cours de l'enquête proprement dite les questions ont été adressées aux éleveurs transhumants, aux agriculteurs et éleveurs sédentaires, aux agents de l'administration et collaborateurs (agents forestiers, agents d'élevage, agents AVIGREF, guides touristiques, pisteurs). Nous avons, en outre, exploité les laissez-passer détenus par certains transhumants, les registres de vaccinations des services d'élevage, les procès verbaux des délits forestiers liés surtout à la transhumance. Pour les enquêtes auprès de certains agro-éleveurs sédentaires et transhumants, il nous a été indispensable de recourir au service des guides qui ont joué, en même temps, le rôle de traducteurs. 1.3.3.3. Collecte des données zoosanitaires Les données zoosanitaires obtenues à partir des questionnaires d'enquêtes ont été complétées par celles du suivi épidémiologique réalisé par le Programme Africain de Contrôle des Epizooties (PACE) sur les animaux domestiques et la faune sauvage de la zone d'étude. 1.3.4. Collecte des données cartographiques En vue de réaliser des cartes, nous avons cherché à avoir dans la littérature les coordonnées géographiques de certains points spécifiques qui sont essentiellement : - des campements, hameaux ou villages échantillonnés ; - des infrastructures d'élevage. 1.4. Traitement des données Les données obtenues à partir de la série de questionnaires ont été codifiées, dépouillées puis soumises à une analyse statistique descriptive grâce au logiciel statistique « Statistical Package for the Social Sciences » (SPSS) 10.1. Ce logiciel a permis de calculer notamment des moyennes, des valeurs minimales et maximales, des écart-types, des fréquences, de faire des analyses de variances, d'avoir des tableaux croisés. Le tableur EXCEL a servi pour le traitement des données et le support de traitement de textes WORD, pour la présentation des résultats sous forme de tableaux et de graphiques. Des coordonnées géographiques obtenues à partir de la bibliographie ont été utilisées pour réaliser des cartes à l'aide du logiciel Arcview. Certains résultats tels que les produits bruts moyens et les charges moyennes obtenus avec les agro-éleveurs pour la campagne agricole 2004-2005 ont permis de calculer les revenus disponibles des ménages. Les valeurs calculées sont fondées sur la mémoire des agro-éleveurs interrogés ; prises dans ces conditions, il serait judicieux que les données présentées soient abordées avec précaution. Les différentes étapes pour calculer ces paramètres sont les suivantes :
5 Rente foncière, taxes et impôts liés à la production puis les intérêts des emprunts sont des paramètres inexistants ou négligeables dans ces milieux ruraux. Si la part des prélèvements familiaux destinés à couvrir les dépenses courantes, les investissements en biens de consommation durables et remboursements des emprunts liés à la consommation n'est pas connue, il est possible de calculer le RAD. Le RAD est la quantité d'argent dégagée au cours d'un exercice pour vivre et investir sur l'exploitation. _ RAD = RAN + Amortissements - Variations d'inventaire - Annuités de remboursement des emprunts supérieurs à 1 an (frais financiers exclus) |
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