PARTIE I PHYSIONOMIE DE LA
DOUANE
CHAPITRE I- HISTORIQUE ET FONCTIONNEMENT DE LA DOUANE
Section 1- Historique de la douane
Lors de lancement de la célébration des 110
années de la douane contemporaine à Madagascar (1896-2006), le 26
Janvier 2006 à 19h30 à la Résidence Ankerana, le Doyen
RANAIVOSON Jean Roger, Président d'honneur de la Commission de cette
célébration a fait un exposé sur l'historique de la Douane
à Madagascar depuis 1896 dont nous livrons par la suite la teneur pour
décrire l'historique de la Douane de la Grande Île..
v Avant le 19ème siècle :
o Epître de l'Apôtre Paul aux Romains
écrite, d'après les connaisseurs, en l'an 56 de l'ère
chrétienne: chapitre 13 verset 7, exhortation à payer les
impôts et les droits de douane. Donc, la Douane existait
déjà à Rome au 1er siècle.
v Du 11ème siècle au 18è
siècle, Madagascar intéressait:
o les Arabes et les Boutres de l'Inde au
11ème siècle
o les Portugais au 16ème siècle
o Richelieu, Colbert, les Compagnies des Indes
Orientales » au 17ème siècle
o Louis XVI et Napoléon 1er au 18ème
siècle
v Au 19ème siècle jusqu'en 1896: la
Douane Royale existait déjà.
v De 1896 (loi d'annexion) à 1966 (malgachisation des
cadres) : la Douane était dirigée par des Français
v De 1966 à 2006 : la Douane était par contre
dirigée par des Malagasy
Sous la douane royale on parlait déjà de
répartition des recettes douanières au milieu du
XIXème siècle.
v Sous la reine RANAVALONA 1ère
o 10/120è : aux proches parents de la Reine et à
quelques favoris
o 11/120è : aux Officiers supérieurs
o 99/120è : à la cassette royale
Cette répartition tenait donc lieu de loi de Finances
!
v Le Roi RADAMA II décrétait le 20 août
1861 la suppression des droits de douane à l'importation
Le Roi espérait :
o voir le prix des marchandises baisser
o trouver une nouvelle source de revenus dans la Charte
Lambert
Conséquences:
o le coût des marchandises ne diminua pas pour autant
o un enrichissement croissant de quelques spéculateurs
avisés était observé
o les droits de douane furent vite rétablis
o des leçons méritent d'être retenues
v Sous la reine RANAVALONA III
o Après la déclaration du Protectorat
français le 17 Décembre 1885, les caisses de l'Etat
étaient vides. La Reine RANAVALONA III demanda alors aux Banques de lui
accorder un emprunt, dont le remboursement était garanti par les
recettes douanières.
o Le Comptoir National d'Escompte de Paris (CNEP),
ancêtre de la BTM et de la BOA, accorda un prêt et fut
autorisé à faire contrôler par ses employés les
recettes douanières dans les différents ports malagasy.
v Sous la douane française
o Il y avait de contrebande par boutres de 50 à 150
tonneaux venant de l'inde tous les ans à la même époque
circulant dans l'Océan Indien et dans la Mer Rouge. C'était la
première apparition des fraudes dont les formes étaient : du
départ officiel de Bombay avec un manifeste régulier :
chargement de denrées pauvres et peu taxées
(céréales, épices communes, sacs de jute, tissu de coton
écru, etc...) pour destination officielle déclarée
à Diégo-Suarez, Nosy-Be, et surtout à Majunga. L'Armateur
complétait clandestinement la cargaison par des denrées riches,
des tissus de soie, des vêtements brodés, des épices rares,
des bijoux en or, des pierres précieuses faciles à dissimuler.
Ces marchandises de fraude sont débarquées en contrebande dans
des endroits où les attendent leurs coreligionnaires. Ensuite, les
marchandises manifestées, régulièrement sont
débarquées normalement dans le Port prévu.
o En 1931, la Direction des Douanes à Tananarive,
parfaitement au courant des trafics par boutres venant de l'Inde, avait
demandé à être dotée d'une embarcation de haute mer
pouvant filer 10 à 12 noeuds. Cette demande fut rejetée sans
appel.
o En 1937, le Receveur des douanes de Diégo-Suarez put
saisir un boutre de 150 tonneaux suite à un délit de
débarquement frauduleux. Le produit de cette saisie aurait pu, à
lui seul, payer le prix de trois goélettes de surveillance. Mais, comme
en 1931, la question ne fut pas reconsidérée.
Il convient de noter cependant que Madagascar est une
île entourée de plus de 5 000 Km de côtes.
v Organisation de la douane a Madagascar
o Sous le Gouverneur Général GALLIENI :
Ensemble du personnel français sous les ordres d'un Inspecteur Principal
ayant le rang de Chef de service, installé d'abord à Tamatave,
et qui fut transféré ensuite par Gallièni à
Tananarive. Son autorité s'étendit sur les Ports malgaches et sur
ceux des Comores (Douanes de Madagascar et des Comores). Avec les premiers
Agents français, la Direction Générale des Douanes de
Paris envoya la documentation et le matériel nécessaire.
o En 1950, les Contributions Indirectes furent
rattachées au Service des Douanes et devenu « Service des
Douanes et des Droits Indirects »
o En 1966, à la suite de la malgachisation, le dernier
Directeur des Douanes français fut remplacé par le premier Chef
de Service des Douanes Malagasy
o Droit de sortie de 1895 a 1939
o Basé sur des valeurs arbitrées tous les trois
mois par une Commission centrale au vu des propositions des Commissions
provinciales: il s'agit des valeurs de consignation. Si la vente est ferme au
départ, cette valeur ferme est imposable à condition qu'elle soit
supérieure à la valeur arbitrée. Ainsi donc, dans les
commissions (centrales et provinciales) participent déjà des
Représentants du Secteur Privé : le 3P (Partenariat Public
Privé) était déjà mis en oeuvre.
v Quelques traits de la législation de 1948 a 1960
o 1948 : utilisation de la nomenclature tarifaire du GATT
o 1950 : rétablissement du Droit de Douane
suspendu en 1942, date du début de l'occupation anglaise. C'est la
deuxième fois que le droit de douane est rétabli.
o 1953 : utilisation de la nomenclature tarifaire de la
N.C.C.D. (Nomenclature du Conseil de Coopération Douanière) ou
Tarif de Bruxelles jusqu'en 1988, année d'entrée en vigueur du
Système Harmonisé (S.H.)
o 1960 : Code des Douanes rédigé depuis
1936 par 6 rédacteurs et 3 Directeurs des Douanes, et adopté par
le Parlement Malgache en 1960
v Les moyens humains :
o Après la déclaration du Protectorat
français le 17 Novembre 1885, les Douaniers malagasy furent
progressivement remplacés par des Douaniers français (Agents
« déflatés » avant l'heure)
o Plus tard, cependant, des cadres malagasy furent
recrutés: le cadre ordinaire (niveau Brevet élémentaire),
le cadre secondaire (à l'origine constitué de militaires à
la retraite, plus tard recruté au niveau du Certificat d'Etudes)
o Effectif total quelques années avant
l'Indépendance en 1960:
ï 382 agents dont 123 détachés du cadre
métropolitain
ï Motivation : les cadres métropolitains
touchaient la solde métropolitaine, un supplément colonial qui
varia entre 6/10 et 7/10 de la solde, une indemnité journalière
de zone dont le taux était fonction de la cherté de la vie et de
la salubrité du lieu, des remises sur perception, bénéfice
du sur classement après la guerre de 39/45 pour encourager la venue des
Agents Métropolitains assez réticents à s'expatrier:
chaque Agent détaché touchait la solde immédiatement
supérieure à la sienne. Les cadres malagasy, par contre, se
plaignaient d'être insuffisamment rémunérés. Il y a
lieu de rappeler que l'amélioration du système de motivation
était un des sujets importants ayant été discutés
au symposium de Janvier 2005 à Toamasina
v Evolution de l'organisation de la douane après la
malgachisation
o 1966-1982: Direction des Douanes devenue Service des Douanes
rattachée à la Direction des Impôts
o 1982-1992 : Service des Douanes devenu Service des Droits
Indirects Extérieurs rattachée à la Direction des Douanes
et des Droits Indirects
o 1992-1997: Direction des Douanes rattachée à
la Direction Générale des Ressources Fiscales
o 1997-1998: Direction des Douanes scindée en deux
Directions : Direction des Affaires Générales et Direction
de la Technique et des Enquêtes Douanières rattachées
à la Direction Générale des Régies
Financières.
o 1998-2006: Direction Générale des Douanes
v Sous la douane malgache 1966-2006. Le tableau
ci-après décrit la succession des responsables
Tableau n° 1 : Succession des
responsables
Période
|
Responsable
|
Fonction
|
Avant 1966
|
Bernard DESPAUX
|
Directeur des douanes
|
1966-1972
|
RATSIMBAZAFY Lala
|
Chef du Service des douanes
|
1972-1976
|
EMILSON Vincent
|
Chef du Service des douanes
|
1976-1982
|
ANDRIANAFETRA Robinson
|
Chef du Service des douanes
|
1982-1992
|
ANDRIANAFETRA Robinson
|
Directeur des douanes et des droits indirects
|
1992-1993
|
RAKOTOARIJAONA Eugène
|
Directeur des douanes
|
1993-1994
|
RAKOTONDRAZAKA Roger
|
Directeur des douanes
|
1994-1997
|
VOLA-RAZAFINDRAMIANDRA Ramiandrasoa
|
Directeur des douanes
|
1997-1998
|
RAMIANDRISOA Claude
|
Directeur des affaires générales des douanes
|
1997-1998
|
RASOAMAMPIONONA Lalao
|
Directeur de la technique et des enquêtes
douanières
|
1998 (Nov.-Déc.)
|
Général RABEMANANJARA Charles
|
Directeur général des douanes
|
1999-2002
|
RAMIANDRISOA Claude
|
Directeur général des douanes
|
2002-2003
|
RABEMANANJARA Fulgence
|
Directeur général des douanes
|
2003-2005
|
RAMIHONE Gérard
|
Directeur général des douanes
|
Depuis juin 2005
|
VOLA-RAZAFINDRAMIANDRA Ramiandrasoa
|
Directeur général des douanes
|
Source : Bureau de douanes de Toamasina, Janvier 2007
v Quelques traits marquants de la douane actuelle:
La douane malgache depuis les années 80 jusqu'à
ce jour est un champ de bataille des systèmes douaniers et plusieurs
partenaires s'associaient avec elle.
a) Conventions avec les SIAE (Sociétés
d'Inspection avant expédition) 1983-2006 :
o Mai 1983 à 1991 : SGS
/I (Société Générale de Surveillance) dont la
mise en oeuvre provoquait une grève de plus de 8 mois
o Décembre 1992 à Décembre 1998 :
BIVAC / I
o Décembre 1998 à Avril 2003 : BIVAC /II :
o Avril 2003 à Avril 2007 : Retour de SGS / II
d'après le contrat du 19 mars 2003, avec une possibilité de
tacite reconduction pour la 5ème année
b) La mise en place d'une structure opérationnelle pour
la sécurisation douanière caractérisée par une
implication des Forces de l'ordre (Douane, Police, Gendarme, Armée) dans
les contrôles effectués par la Douane. C'était l'objet du
Décret 97-1345 du 27/11/97
c) La mise en place de la Direction Générale des
Douanes par un Décret 98-915 du 28/10/98
Un symposium des agents des Douanes à Toamasina a
été organisée en Janvier 2005 pour
« réformer la Douane avec les douaniers et leurs
partenaires », au cours duquel ils se sont engagés
solennellement à acquérir une compétence professionnelle
et à respecter les règles déontologiques
douanières, tout en sollicitant des Dirigeants de tous les niveaux
l'aide nécessaire pour atteindre cet objectif.
Une Stratégie de l'Administration des Douanes Malagasy
a été élaborée et mise en oeuvre de Juin 2005
à Décembre 2007 pour que la Douane malagasy soit « au
service de l'Economie nationale,de la Société civile,et de
l'ouverture sur le Monde »
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