A. La mauvaise technique d'injection :
En retournant à notre 2ème
cas, le problème demeure que le siège de l'injection peut
être defectueux dans la majorite des cas, vu qu'il s'agit d'un enfant, ce
qui favorise la lesion du nerf.
Or une etude des pediatres Nantais a aboutit à une
conclusion formelle « il faut abandonner les injections
intra-fessières chez le nourrisson et le nouveau-ne, et plus
particulièrement chez l'hypotrophique ou le premature ». En effet,
chez le petit enfant, de nombreuses raisons font proscrire l'injection
intra-fessière, le faible volume des masses musculaires, la proximite du
nerf sciatique, la quantite relativement importante du produit injecte dont
simple concentration trop elevee au voisinage du nerf suffirait à
determiner une fibrose reactionnelle, enfin la motilite de l'enfant.
[3]
Il faut savoir qu'il s'agit toujours de la responsabilite
du personnel, du soignant en cas d'erreur du point d'impact de l'aiguille,
l'erreur de la direction de l'aiguille à partir d'un impact correct,
l'erreur de profondeur, en raison de la faible masse musculaire de la fesse de
l'enfant. [3 conjugue]
Dans notre 2ème affaire,
l'imputabilite de la paralysie à l'acte d'injection est evidente surtout
que l'enquête rapporte un manque de prudence et d'attention dans la
conduite de l'infirmière.
Dans la 3ème affaire, l'expertise avait
conclu à un trajet normal du nerf sciatique qui a ete blesse par
l'injection IM.
Kpadonou et al. a rapporte que 51% des patients ont
presente ou relate une symptomatologie immediate à type de douleur, de
paralysie. Ces signes sont en rapport avec un traumatisme direct du nerf
sciatique. Ce qui pose d'emblee un problème medico-legal, impliquant la
responsabilite de l'agent executant. Pour les symptomatologies survenues dans
les 24heures (32%), il pourrait s'agir d'une atteinte par diffusion du produit.
Dans ces cas, l'injection est supposee être proche du nerf.
[7]
B. Malformation de la hanche :
La hanche est une pièce articulaire dont le
rôle est privilégié dans l'organisation motrice. C'est un
élément déterminant de la station et de la
marche.
L'articulation de la hanche est composée de
l'extrémité supérieure du fémur (la tête du
fémur) qui s'emboîte sur le bassin au niveau d'une cavité
ostéocartilagineuse : la cotyle. [17]
Les déformations de la hanche peuvent être
parfois à l'origine d'une faute dans l'administration des
médicaments. Il sera rapproché à l'infirmier le manque de
prudence s'il ne tient pas compte de cette malformation quand elle est
visible.
6. Faute de surveillance :
L'injection en IM exige une surveillance pour la
détection d'un choc ou une réaction anaphylactique et la
remédier, vu que la survenue d'un accident anaphylactique aigu de nature
médicamenteuse est encore actuellement souvent imprévisible. Les
manquements essentiels habituellement soulignés sont :
> L'absence de recherche d'antécédents
allergiques chez le malade.
> L'absence de prise en charge immédiate de
tout incident ou accident survenant à la suite d'injection de
médicaments. Il s'agit du reproche essentiel qui est toujours
considéré comme constitutif d'une faute.
Il faut rappeler que la forme habituelle d'un accident
anaphylactique est celle où prédominent les signes de collapsus
cardio-circulatoire (ou choc anaphylactique), forme qui peut rapidement aboutir
au décès. [1]
Tout ceci implique une prise en charge urgente et une
conduite bien précise. Pour sauver la vie du patient, il faut assurer
une prise en charge rapide des réactions anaphylactiques, en prodiguant
les actes suivants :
Arrêter l'administration du médicament en
cause.
Maintenir la perméabilité des voies
respiratoires : en cas de détresse respiratoire grave.
Administration de l'adrénaline : en sous
cutanée, en IM ou en IV (des protocoles préétablis par le
médecin sont nécessaires).
Administration des antihistaminiques : ces agents
peuvent prévenir la récurrence ou diminuer l'intensité de
réaction, mais leur action est tardive.
Administrer des corticostéroïdes : ces
agents peuvent diminuer l'intensité de la réaction, mais de
façon tardive.
· Suivre de prés la pression
artérielle : au besoin, administrer des liquides et/ ou des
vasopresseurs. (un protocole peut être prévu par le
médecin).
· Inscrire la réaction dans le dossier du
patient. Lui recommander de porter constamment sur lui une pièce
où cette réaction est mentionnée (ou faire cette
recommandation à ses proches). [5 conjugué]
Dans la 4ème affaire, les manoeuvres de
réanimation qui peuvent être réalisées par
l'infirmier telles que : la mise en place d'une voie veineuse,
l'oxygénothérapie et le massage cardiaque, n'ont pas
été prodiguées et il n'y a pas eu de surveillance
après la réaction à l'injection.
Il est évident, pour prévenir cette
réaction allergique, d'injecter au malade lentement le produit en le
surveillant pendant et après l'injection. L'étude de Saidi
Néji a noté une négligence de cette précaution de
surveillance dans 71% des cas.
Monya Mdaini, a rapporté dans son
mémoire de fin d'étude que 93.75% de la population
enquêtée (infirmiers exerçant dans un CSB) injecte le
produit rapidement, et la surveillance des malades après l'injection est
tout à fait absente car les patients quittent le centre des soins juste
après l'injection.
II. Aspect légal :
Avant de présenter l'aspect légal des affaires en
question, je me trouve motivée
pour rapporter une citation de Lelievre Nathalie (2008): «
toutes les fois, il sera recherché les conditions de
réalisation des soins et tout particulièrement si des mesures de
préventions des risques sont bien mises en place dans l'équipe
pour limiter ces accidents. Le risque zéro n'existe pas. Cependant,
l'erreur est, malheureusement bien la conséquence d'une faute
».
Et comme c'est généralement dans
l'exécution des soins que l'infirmier engage sa responsabilité,
il convient ainsi, de rappeler qu'il existe essentiellement 4 types de
responsabilité et que la responsabilité est toujours individuelle
et qu'en aucun cas une personne ne peut `couvrir' une autre.
Les différents types de responsabilité sont
:
> La responsabilité administrative :
s'applique en secteur public de santé. Elle consiste à solliciter
du juge administratif l'indemnisation d'un préjudice subi
consécutivement à une faute commise dans le cadre de service
public.
Généralement, il y a absence de
responsabilité administrative personnelle de l'infirmier car c'est
l'hôpital qui répond, sur ses propres derniers, des fautes
commises par chacun de ses agents.
> La responsabilité civile :
s'applique en secteur privée de la santé. Il y a, en principe,
absence de responsabilité personnelle de l'infirmier salarié. Ce
dernier n'est pas personnellement responsable des fautes commises à
l'occasion des soins. C'est la clinique (l'établissement de soins
privé), ou le médecin employeur, qui assume les
conséquences financières des fautes commises par les membres du
personnel paramédical. En cas d'exercice libéral dans une
infirmerie, cette responsabilité est personnelle mais pouvant être
couverte par une assurance.
> La responsabilité pénale :
consiste à prendre une sanction personnelle à l'encontre d'un
individu qui s'est rendu coupable d'une infraction pénale, et ce, afin
de protéger les intérêts de la société et la
sécurité des personnes. Ce type de responsabilité
s'applique de la même manière dans les secteurs public et
privé. Dans l'hypothèse d'un procès pénal, le
soignant n'est plus protégé par l'hôpital public ou la
clinique. Il peut être déclaré personnellement coupable
d'une infraction et doit exécuter seul la peine infligée par les
tribunaux répressifs.
> La responsabiité disciplinaire :
elle revêt une sanction prononcée par l'employeur. Il s'agit
généralement de blâme ou d'avertissement mais elle peut
conduire à la révocation. [4 conjugué]
En effet, les blessures involontaires sont parmi les
principales infractions sanctionnées en milieu hospitalier, et sont
également, le cadre de notre étude.

PREMiERE AFFAiRE juDiciAiRE : LA suRvENuE D'uN
ABcEs suiTE A uNE iNjEcTioN EN MI.
Les recommandations acquises en matière de soins
infirmiers ont identifié des normes que l'infirmier doit respecter dans
sa pratique. Pour l'injection IM, l'infirmier est appelé à
réaliser les taches suivantes:
« Il doit tout d'abord vérifier et
respecter la date de péremption et le mode d'emploi des produits ou
matériels qu'il utilise. Il s'agit d'une obligation première dans
la distribution des médicaments, ce particulièrement dans le
cadre institutionnel, la gestion de la pharmacie échappant au quotidien
à la surveillance d'un pharmacien. Un
défaut de surveillance de l'état du stock
renvoie donc à la responsabilité infirmière. »
[11]
L'infirmier est un exécuteur qui doit appliquer la
prescription médicale, en respectant la posologie, la dilution, les
effets secondaires du médicament..., toute en assurant la
sécurité et le confort du patient.
Or, toute faute au cours de la réalisation d'un
acte infirmier engage ainsi la responsabilité professionnelle de ce
dernier. Sur le plan pénal, il s'agit souvent de coups et des blessures
involontaires pouvant même entraîner la mort. Il ne peut y avoir de
condamnation que si le praticien de l'art infirmier a commis une faute. Si une
faute est commise par défaut de prévoyance et de
précaution, le juge pénal évalue le degré de
négligence.
Dans cette affaire, l'action était civile pour
indemnisation du dommage subi.
Le juge cantonal a retenu la faute et l'entreprise
médicale avait évalué le dommage subi. L'assurance de
pharmacie était condamnée à indemniser le
patient.
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