INTRODUCTION
Depuis l'avènement des TIC dans les années 80,
on distingue plusieurs techniques d'information : la radio, la
télévision, le téléphone fixe, le
téléphone mobile, l'ordinateur et l'Internet. On peut classer ces
techniques en deux catégories : les anciennes technologies
numériques et les technologies numériques dites nouvelles telle
l'Internet.
Il existe des écarts dans l'accès et l'usage de
ces TIC entre les ménages, parmi les individus, les pays voire des
régions : on parle de fracture numérique.
Il faut noter ici que l'accès aux technologies de
l'information et de la communication suppose l'existence d'un certain nombre
d'infrastructures rendant possible cet accès. Il s'agit des
réseaux électriques fonctionnels et de bonne qualité et
des infrastructures en TIC. Toutefois, l'existence d'un secteur des
télécommunications concurrentiel et performant est requise pour
une meilleure pénétration des TIC dans l'ensemble du pays. En
effet, le nombre d'opérateurs présents par pays en Afrique est
faible par rapport aux autres pays ; ce qui n'a pas beaucoup favorisé la
concurrence du marché des télécommunications et du coup la
libéralisation du secteur. Cependant, il existe certains pays africains
au Sud du Sahara qui ont fait des progrès remarquables dans la diffusion
du téléphone mobile. Il s'agit par exemple de l'île
Maurice, de l'Afrique du Sud, du Botswana et du Kenya (United Nations, 2008).
Par contre, la diffusion des autres technologies numériques dites
nouvelles telle l'Internet accuse du retard par rapport aux pays
développés. Ainsi, en 2008, selon le rapport final de
l'enquête nationale sur le niveau de pénétration et
d'utilisation des TIC au Cameroun, enquête diligentée par le
MINPOSTEL, seulement 2% des Africains utilisent l'Internet et 0,3% sont
connectés à Internet à bande large contre 24%, 27% et 22%
dans les pays dits développés respectivement Europe, Asie et
Amérique du nord.
L'objectif de cette partie est de passer en revue les
déterminants de l'adoption de l'internet tel que observé dans la
littérature. Mais pour y arriver, il convient au préalable de
commencer par analyser le concept de la fracture numérique dans le
chapitre un, avant d'exposer l'adoption de l'Internet à domicile dans le
chapitre deux.
CHAPITRE
I
LA FRACTURE NUMERIQUE
L'expression fracture numérique ou fossé
numérique désigne l'écart qui existe entre les personnes,
les ménages, les entreprises et les régions géographiques
à divers niveaux socioéconomiques pour ce qui est de leur
possibilité d'avoir accès aux TIC et de leur utilisation
d'Internet. Dans la « nouvelle » économie, les technologies
qui permettent de diffuser rapidement et largement l'information sont
généralement considérées comme d'importants outils
de développement social et économique; ces technologies peuvent
aider des pays à se doter de nouvelles possibilités
économiques et améliorer l'éducation, les
compétences et la qualité de vie de leurs citoyens.
Depuis plusieurs années déjà la question
de fossé numérique fait l'objet d'une grande attention. Divers
organismes mondiaux comme l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE) et les nations unies ont examiné
la question et de nombreux pays ont déjà commencé à
mesurer l'étendu du fossé numérique et ses incidences
socioéconomiques et à chercher des moyens de lutte. Dans le
présent chapitre, nous analysons le concept de fossé
numérique. Ainsi, la première section examine la fracture
numérique dans sa généralité, dans la seconde
section nous présentons la vision du fossé numérique par
les théories de diffusion et d'appropriation des innovations.
SECTION I : Généralités
Depuis son apparition dans les années 90, la notion de
fracture numérique ou fossé numérique a
évolué et s'est révélée beaucoup plus
complexe qu'elle n'y parait. Elle met en perspective des enjeux de
société comme discrimination et démocratie ou encore
l'influence des TIC et particulièrement d'Internet dans la vie
sociale.
Dans l'esprit du grand public, les TIC sont associées
à Internet, ce qui peut créer une confusion. En effet, Internet
est le symbole de la société de l'information car d'après
Brotcome et Valenduc (2008) « Il y a quelques années encore,
l'information était le pivot des TIC ; Internet en était une des
applications (...) De nos jours, Internet est devenu le pivot des TIC.
L'informatique, le multimédia, le téléphone mobile,
l'imagerie numérique gravitent autour d'Internet. »
On le voit, Internet est à présent le point de
passage obligé concernant les TIC, même s'il en existe de
nombreuses autres applications. C'est pourquoi dans le cadre de cette section,
toute notre réflexion se fera autour d'Internet.
Dans l'accès à Internet et dans ses usages, il
existe aujourd'hui des écarts importants entre sous-groupes de la
population. Ces écarts peuvent être mesurés en fonction de
variables démographiques ou socioprofessionnelles (âge, genre,
composition familiale, niveau d'éducation, revenu, catégorie
professionnelle) ou de variables géographiques ou géopolitiques
(écarts entre zones urbaines et rurales, entre régions ou entre
pays, entre le Nord et le Sud). Ces écarts ne correspondent pas à
une fracture bien nette, mais plutôt à une série de
clivages qui se superposent.
C'est en 1998 que pour la première fois une distinction
est faite entre d'une part, les inégalités dans l'accès
aux TIC et d'autre part les inégalités dans les connaissances et
les compétences parmi les individus connectés. Dans la suite de
cet exposé nous allons nous attarder sur la présentation de la
fracture numérique du premier et du second degré.
§1- La fracture numérique du premier
ordre
La fracture numérique au premier degré (first
order digital divide) concerne la dimension matérielle de celle-ci. On
parle ici de déficits en termes de moyens, d'équipements et
d'accès. Dans ce cas, la distinction est claire entre deux groupes :
ceux qui ont accès aux TIC et ceux qui en sont dépourvus. La
littérature révèle que plusieurs facteurs sont
responsables de ce clivage notamment : le niveau de revenu, le niveau de
diplôme, l'âge, la zone de résidence et la catégorie
socioprofessionnelle (CSP). Au départ, la fracture
numérique a été pensée comme une
fracture géographique. Les coûts d'infrastructures conduisent
à ce que les zones denses ont été connectées en
premier. Aujourd'hui encore, l'accès au haut débit est plus
facile dans les zones denses ; les facteurs sociaux attribués à
un individu donné l'emportent sur les facteurs géographiques. Le
niveau de revenu, l'âge, la CSP et le niveau de diplôme sont les
indicateurs qui sont associés au plus fort clivage dans l'accès
à Internet.
Toutefois, disposer d'un accès à Internet ne
garantit pas une pratique pleine et entière, c'està-dire autonome
et efficace, pouvant ainsi déboucher sur des bénéfices
pour son utilisateur. Il devient vain de penser que la seule
démocratisation de l'accès aux TIC, et à Internet en
particulier, soit synonyme, de plus d'égalité : c'est la raison
pour laquelle le concept de fracture numérique du second degré
est apparu.
§2- La fracture numérique du second
ordre
L'expression « fracture numérique au second
degré » (second order digital divide) désigne une sorte de
fracture dans la fracture : les nouveaux clivages ne se situent plus au niveau
de l'accès à Internet, mais parmi les utilisateurs en fonction
des types d'usages qu'ils font, non seulement des technologies, mais aussi des
services et des informations accessibles en ligne.
§2.1. L'enjeu des compétences.
L'offre d'informations et de services en ligne devient non
seulement de plus en plus étoffée en quantité, mais aussi
de plus en plus diversifiée en qualité. Les
inégalités socioculturelles se retrouvent, à des
degrés divers, par rapport à tous les types de contenus. En
matière d'information et de loisirs, elles ne sont sans doute pas
très différentes de celles que l'on observe pour la
télévision ou la presse. C'est par rapport à
l'accès aux connaissances que les décalages sont les plus
importants. En effet, l'accès aux connaissances est sélectif non
seulement en termes de contenu, mais aussi à travers la procédure
de recherche. Plusieurs facteurs rendent l'information et les services en ligne
peu attractifs pour les groupes moins favorisés. D'abord, il y a sur
Internet trop peu d'informations locales, immédiatement pertinentes pour
la communauté dans laquelle les gens vivent : offres d'emploi local,
marché locatif et immobilier, activités et
associations locales, portails intégrés de services locaux, etc.
Dans des environnements multiethniques, l'information manque souvent de
diversité culturelle. Il est heureux de constater que de nombreuses
initiatives locales en faveur de l'inclusion numérique essaient de
résoudre en priorité ce problème de contenu.
Ensuite, l'information est souvent présentée
sous une forme qui requiert de bonnes compétences de lecture, ce qui
crée un seuil en faveur des gens lettrés. Enfin, la
prédominance de l'anglais reste, pour beaucoup, un facteur d'exclusion.
La facilité de consultation et d'accès à l'information en
ligne laisse entière la question des moyens cognitifs dont disposent les
individus pour replacer l'information dans son contexte et s'en servir. La
recherche d'informations numérisées nécessite de savoir
naviguer dans un univers conceptuel complexe, qui n'est pas structuré et
stable comme un livre mais infini et changeant, et de pouvoir trier et
synthétiser les informations obtenues. La maîtrise de
l'information numérisée nécessite des compétences
particulières que l'on peut regrouper en trois catégories :
- Les compétences
instrumentales. Elles ont trait à la
manipulation du matériel et des logiciels. La complexité de
l'outil informatique demande du temps et des capacités techniques, pour
faire face aux bogues répétés, aux virus et autres
aléas quotidiens.
- Les compétences
structurelles. Elles concernent la nouvelle
façon d'entrer dans les contenus : comprendre, évaluer, puis
choisir. Elles sont nécessaires pour utiliser des hypertextes, des
moteurs de recherche ou des sites de discussion.
- Les compétences
stratégiques. Elles permettent de rechercher
l'information de manière proactive, de l'utiliser dans son propre cadre
de vie, de prendre des décisions et d'agir sur son environnement
personnel et professionnel. Actuellement, l'enseignement et la formation
professionnelle se focalisent beaucoup sur les compétences
instrumentales, au risque de négliger les autres, qui jouent pourtant un
rôle clé dans la stratification sociale des usages.
Certains auteurs estiment que l'accès aux
compétences et leur répartition dans la société
sont les causes principales de la fracture numérique. Les
inégalités sociales ne sont pas en premier lieu une question de
posséder un PC ou d'avoir accès à internet. Aujourd'hui,
et plus encore dans l'avenir, les usages des TIC et le niveau de
compétences numériques
déterminent qui est en avance, qui suit et qui reste en
arrière dans la société de l'information. Plus
précisément, c'est l'influence des usages des TIC et des
compétences numériques sur divers domaines de la vie sociale qui
est au coeur du problème. L'importance croissante des TIC dans ces
domaines contribue à accroître les inégalités et la
marginalisation des exclus.
L'environnement professionnel, c'est-à-dire à la
fois les collègues, les outils de travail et leur contexte
d'utilisation, joue un rôle clé dans l'acquisition des trois
catégories de compétences décrites ci-dessus. Le fait de
se trouver en marge des circuits professionnels ou éducatifs est un
facteur d'exclusion considérable.
§2.2. Un décalage lié aux rythmes
différents de la technologie et d'apprentissage
Le rythme d'acquisition des compétences n'est pas aussi
rapide que le rythme du changement technologique. Plus l'expérience
d'Internet est longue, plus l'adaptation aux nouveautés est facile.
Lorsque la diffusion d'Internet s'étend à un public plus large et
plus diversifié quant à sa composition sociale, les nouveaux
venus rentrent dans un univers déjà structuré par les
pionniers et les innovateurs. Les écarts entre ceux qui jonglent avec
les TIC et ceux qui y font leurs premiers pas s'accroissent. De même, des
sites ou des services conçus pour le grand public sont parfois
jugés «désuets» par ceux qui se considèrent
à la pointe de la technologie. Le risque existe de voir se
développer un Internet à deux vitesses, créant de nouveau
clivages sociaux, liés à la capacité de suivre le rythme
des innovations et de mettre à jour ses compétences.
Il était question dans cette section qui
s'achève, de présenter le concept de fracture numérique
dans une perception générale. Dans la prochaine section, nous
allons exposer l'analyse que font les théories de diffusion et
d'appropriation des innovations de la fracture numérique.
SECTION II : La fracture numérique
à la lumière des théories de diffusion
et d'appropriation des innovations
Des concepts tels que la fracture numérique,
l'exclusion et l'inclusion numériques, peuvent être
interprétés dans un cadre plus large, qui est celui du processus
de diffusion et d'appropriation des innovations dans la société.
Trois courants d'interprétation théorique sont brièvement
présentés et commentés.
- La fracture numérique est une phase transitoire dans
la diffusion marchande des innovations liées à Internet, elle
peut s'expliquer par la théorie classique de diffusion des
innovations.
- L'exclusion et l'inclusion sont les manifestations d'un
déficit de connaissances, selon une réactualisation de
l'hypothèse du knowledge gap.
- L'exclusion et l'inclusion résultent d'un processus
de création, d'altération ou de renforcement de règles
sociales à travers les technologies de communication, selon diverses
variantes de la théorie d'Anthony Giddens sur la structuration de la
société.
§1- La fracture numérique en tant que
phénomène transitoire
Selon la théorie classique de diffusion des
innovations, une innovation est d'abord adoptée par des pionniers,
suivis par les utilisateurs avancés. La généralisation
à l'ensemble de l'économie ou de la société
résulte de rendements d'échelle croissants (et donc de
coûts décroissants) dans la production et d'une transformation de
la norme de consommation, sous la pression des marchés. Une courbe
sigmoïde bien connue décrit le processus de diffusion sous la forme
d'un taux d'adoption en fonction du temps (graphique1). Les analystes
distinguent habituellement quatre périodes successives : l'adoption
initiale par des pionniers et des utilisateurs avancés, assez
privilégiés ; le décollage, impliquant progressivement de
plus en plus d'utilisateurs, jusqu'à un taux d'adoption voisin de 50%,
et créant ainsi une culture des nouveaux produits et services ; la
démocratisation, qui permet d'étendre le marché à
une grande majorité d'utilisateurs potentiels ; la saturation, quand la
diffusion
atteint un plafond. La différenciation entre les
groupes d'utilisateurs commence dès le début. Elle s'amplifie
pendant la phase de décollage, si bien que des écarts de
diffusion s'observent entre différents groupes dans la
société, mais elle se réduit au cours de la phase de
démocratisation. Au stade de la saturation, seule une faible proportion
d'utilisateurs potentiels reste exclue ou marginalisée.
Selon cette interprétation, la fracture
numérique est un phénomène transitoire, qui va
disparaître progressivement au fur et à mesure que la diffusion
d'Internet s'approche de la saturation. L'enjeu n'est pas celui de la phase
transitoire, mais celui des individus et des groupes minoritaires
laissés de côté à l'approche de la saturation. Comme
ce problème ne peut pas être résolu par les
mécanismes du marché, il doit faire l'objet d'une intervention
des pouvoirs publics.
Graphique 1 Fracture numérique et
courbe en S dans l'approche classique
Source de graphique: Valenduc et Vendramin,
2004.
Plusieurs critiques sont adressées à cette
interprétation classique. Elles soulignent surtout que l'accès
à Internet et ses usages ne sont pas comparables à la diffusion
des biens de consommation matériels, car ce n'est pas seulement une
question de taux d'adoption,
mais aussi une question d'appropriation et d'apprentissage.
Or, l'appropriation et l'apprentissage se déroulent à des rythmes
plus lents - et plus différenciés selon les groupes sociaux - que
l'expansion des marchés liés à internet. Pendant la phase
de «démocratisation», certains écarts se
réduisent, d'autres s'accentuent.
D'autres auteurs expliquent que la
«démocratisation» - disons plutôt diffusion
étendue, pour éviter un terme ambigu - ne fait pas
disparaître la fracture numérique, elle la transforme. Au stade
initial, la fracture est liée à l'accès. Lors du
décollage, des clivages s'installent entre utilisateurs et non
utilisateurs. Avec la diffusion étendue, la fracture au second
degré apparaît et se superpose à la première, elle
est due aux différences dans les compétences, la culture et les
intérêts des utilisateurs. Elle est typique de la phase de
diffusion étendue et peut conduire à de nombreuses formes
d'inégalités. La fracture numérique n'est donc pas
transitoire, il s'agit d'un phénomène social persistant et
continuellement changeant.
§2-L'hypothèse du «knowledge
gap»
L'hypothèse de la polarisation des connaissances
(knowledge gap) a été
développée dans les années 1970 à propos de la
télévision et des médias en général. Elle
présume que, quand un progrès se produit dans l'information et la
communication, ce sont les groupes sociaux dont le niveau éducatif et
culturel est le plus élevé qui en tirent le maximum de profit
pour améliorer leur capital de connaissances. Même si le niveau
général des connaissances augmente pour tous, l'écart
s'accroît entre les groupes sociaux qui ont les niveaux
d'éducation les plus élevés et les moins
élevés, ce qui provoque une polarisation des connaissances. Un
certain nombre d'études sur Internet confirment que le niveau
d'éducation est un facteur discriminant non seulement pour
l'accès à Internet, mais aussi et surtout pour les usages qui en
sont faits. La question des usages devient d'autant plus importante que
l'accès se généralise. Elle est liée aux
compétences que possèdent les utilisateurs et à leur
capacité de les développer à travers leurs
activités en ligne. Telle est l'origine de la fracture numérique
au second degré.
§3- Exclusion et inclusion numériques selon
la théorie de la structuration
Selon cette approche théorique, les TIC sont
utilisées par les groupes sociaux qui les maîtrisent le mieux pour
renforcer leur influence sur l'organisation de la société. Elles
sont instrumentalisées pour servir les objectifs de ceux qui ont acquis
un avantage comparatif dès les premiers stades de leur diffusion. La
théorie de la structuration s'appuie sur les premiers travaux d'Anthony
Giddens, dans les années 1980, sur l'interactionnisme symbolique,
c'està-dire sur la façon dont les communicateurs créent
des systèmes sociaux qui répondent à leurs objectifs et
deviennent liés par leurs créations. Elle a été
reprise plus tard par d'autres auteurs, sous le nom de «théorie de
la structuration adaptative».
Les groupes qui réussissent le mieux à
s'approprier les ressources nouvelles d'une innovation dans la communication -
en l'occurrence, Internet - sont capables d'influencer de manière
décisive la société et ses règles. Ils sont
capables de façonner la technologie pour l'adapter à leurs
objectifs, ce qui n'est pas le cas des groupes qui adoptent plus tard
l'innovation. Une fois maîtrisée par ses premiers adoptants, la
technologie se développe selon les règles et les ressources qui
correspondent le mieux aux intérêts de ceux-ci en termes de
communication et d'interaction dans la société. La fracture
numérique n'est pas une question d'inégalité
d'accès ou de différenciation des usages, mais un fossé
entre ceux qui ont la capacité d'utiliser les TIC pour influencer le
développement de la société et les autres.
«L'évolution rapide des TIC rencontre la demande
croissante de processus de traitement de l'information toujours plus
compliqués et plus efficients, qui ont de la valeur pour ceux qui
négocient ce qui a de la valeur dans la société. Elle
garantit à ceux qui possèdent déjà des ressources
et des compétences pointues l'assurance de continuer à
façonner la technologie. Le résultat est que la technologie
rencontre d'abord les besoins de ceux qui l'ont adoptée les premiers ;
la conséquence non intentionnelle est que ceux qui sont en voie
d'exclusion font encore un pas en arrière.
A la fin de ce chapitre dont l'objet était de
présenter le concept de fracture numérique, il faut relever que
la fracture s'observe globalement à deux niveaux : la fracture
numérique du premier degré et la fracture du second degré
; la fracture du 1er ordre étant antérieure à
l'autre. Les politiques de diffusion doivent donc s'attaquer à ces deux
fractures. Dans notre contexte où on se situe au début du cycle
(à la phase d'initiation), il est important d'analyser les facteurs de
l'adoption de l'Internet à domicile en vue de combattre la fracture
numérique au 1er degré.
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