CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ANALYSE DESCRIPTIVE
DES DONNEES 40
Section I : Approche méthodo logique
40
Section II: Analyse exp loratoire des données
44 CHAPITRE IV : FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE
L'INTERNET DANS LES MENAGES 56
Section I : Estimation du modè le 56
Section II: Impacts des variables exp licatives sur
l,adoption de
10
l,~nternet a domicile 58
CONCLUSION GENERALE 67
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69
TABLE DES MATIERES 71
ANNEXE 75
INTRODUCTION GENERALE
Lancées à partir du milieu des années
soixante dix, les Technologies de l'Information et de la
Télécommunication (TIC) ont connu un essor mondial
particulièrement rapide. Fondamentalement, ce sont des outils de
maniement de l'information, c'est-à-dire un ensemble varié de
produits, d'applications et de services qui sont utilisés pour produire,
stocker, traiter, distribuer et échanger l'information.
Les TIC ont connu un essor dans les domaines les plus divers
de la société, ce qui a notamment amené certains à
prédire l'avènement d'une «nouvelle économie»,
une économie non pas soumise comme jusqu'ici à des fluctuations
conjoncturelles, mais marquée par une croissance continue (OFS,
2006).
Toutefois, cette évolution sans précédent
des TIC dans l'histoire des technologies, fait craindre que les
différences en adoption et en usage numérique risquent de
marginaliser une classe de personnes d'un point de vue économique et
social : c'est le fossé numérique.
Apparue dans les années 90, la notion de fracture
numérique est difficile à appréhender dans la mesure
où elle est souvent trop peu définie sur le plan conceptuel
puisqu'elle a peu de contenu tant elle en a trop. Son contenu n'est en effet
jamais clairement défini d'où la question légitime :
derrière le terme générique de fracture numérique,
de quelles inégalités parle-t-on vraiment ?
Alors que l'OCDE (2001) définit la fracture
numérique comme « l'écart qui existe entre les personnes,
les ménages, les entreprises et les régions géographiques
à divers niveaux socioéconomiques pour ce qui est de leur
possibilité d'avoir accès aux TIC et de leur utilisation
d'Internet». Pour ELIE MICHEL (2001), la fracture numérique ou
fossé numérique « peut être définit comme une
inégalité face aux possibilités d'accéder et de
contribuer à l'information, à la connaissance et aux
réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités
majeures de développement offertes par les TIC ». BROTCOME et
VALENDUC (2008) la définissent comme le fossé séparant
ceux qui bénéficient de l'accès à l'information
(« les info riches ») et ceux qui demeurent privés des
contenus et des services
que ces technologies peuvent rendre (« les info pauvres
»). Bref le concept de fracture numérique renvoie à des
inégalités tant dans l'accès aux TIC (fracture de niveau
un) que dans leurs usages (fracture de niveau deux).
La fracture numérique apparaît ainsi comme un
problème à multiples dimensions. Pour Kling (1998), elle a deux
aspects : un aspect technique qui fait référence aux
disponibilités de l'infrastructure, du matériel et du logiciel ;
un aspect social faisant référence aux compétences
à exiger pour manipuler toutes ces ressources techniques. Pour Noris
(2001), dans une perspective plus comparative, la fracture numérique
décrit un fossé global qui révèle des
capacités différentes entre les nations industrialisées et
celles en développement, un fossé social qui fait
référence aux inégalités dans une population
donnée et un fossé démocratique. Dans le même ordre
d'idées, Keniston (2003) distingue quatre catégories sociales :
ceux qui sont riches et puissants et ceux qui ne le sont pas ; ceux qui parlent
l'anglais et ceux qui ne le parlent pas ; ceux qui vivent dans des
régions où la technologie est bien établie et ceux qui
vivent dans les autres régions ; et enfin ceux qui sont techniquement
biens informés et ceux qui ne le sont pas.
Avant de rencontrer le problème
d'inégalités liées aux usages des TIC, il se pose d'abord
le problème de possibilités d'accès à ces TIC
(fracture numérique au premier degré).
En effet, un clivage séparerait les connectés
(have) des non connectés (have not). Les individus qui disposent des TIC
peuvent alors bénéficier d'une meilleure information et surtout
des externalités positives associées. En revanche, les non
équipés admettent une information moins riche et ne
bénéficient pas des externalités liées aux TIC. Les
connectés se trouveront ainsi inclus dans les réseaux
relationnels, de savoir, de connaissances, d'éducation...alors que ceux
qui ne le sont pas risquent d'être exclus.
Cette fracture se présente sous deux formes
complémentaires :
Au « sens large », la fracture numérique au
premier degré est définie par l'accroissement de l'écart
des équipements en TIC entre deux zones géographiques, entre deux
catégories d'individus donnés. Au « sens strict » la
fracture désigne les inégalités d'accès à
Internet.
Maintes études ont été
réalisées ces dernières années dans les pays
développés comme dans les pays en développements sur les
déterminants de l'adoption des TIC compte tenu de leur potentiel dans
l'accélération du développement économique. Les
facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet ont été les plus
cités parce que plusieurs travaux ont montré qu'Internet est la
technologie la plus porteuse d'espoir en matière de développement
économique (Renaud et Torrès, 1996 ; Le Guel, Pénard, et
Suire, 2002).
En France par exemple, nous pouvons citer l'étude
menée en 2002 par : Le Guel, Pénard et Suire, « Adoption et
Usage Marchand de l'Internet : une Etude Econométrique sur
Données Françaises». Pour ces auteurs, il
était question de déterminer les facteurs qui sont responsables
de l'adoption et de l'usage de l'Internet par les ménages
français. Pour y arriver, ils ont estimé trois modèles
logistiques. Les résultats de ces estimations montrent que : dans le
premier modèle, la tranche d'âge moins de 20 ans qui est
principalement composée d'étudiants, possède la plus forte
propension à s'abonner à Internet. De la même
manière, le fait d'appartenir à la catégorie
professionnelle des cadres et professions intermédiaires
supérieures influence positivement la probabilité d'adopter
Internet à domicile. Par ailleurs, plus le niveau d'étude du
répondant est élevé et plus le ménage auquel
appartient le répondant a de chance d'avoir un accès à
Internet. Au final, les estimations mettent bien en évidence les
variables freins à l'adoption d'Internet (Ménage de plus de 65
ans, niveau d'étude inférieur au bac), tout en montrant qu'il
n'existe pas un profil socio-économique unique pour les ménages
internautes.
Le second modèle lié au style de vie rend compte
de l'existence de complémentarités assez fortes entre l'adoption
d'Internet et la possession de nombreux équipements de haute technologie
comme un appareil photo numérique, un lecteur DVD, un
téléphone portable ou un ordinateur de poche.
En ce qui concerne l'impact de la localisation (modèle
M3), ces auteurs constatent que le fait d'habiter dans une zone urbaine influe
positivement sur la probabilité de s'abonner à Internet.
Nous pouvons citer plusieurs autres travaux qui se sont
penchés sur l'adoption de l'Internet avec pour méthodologie
les modèles économétriques à l'instar de :
l'article « Adoption,
Usage d'Internet et Apprentissage : une Comparaison
Bretagne/Luxembourg » (Lethiais et Poussing, 2004) et de l'article «
les Déterminants de l'adoption de l'Internet en Afrique : cas de 17 Pays
» (Diagne, Birba et Maazou, 2008).
Au Cameroun, il existe certains travaux sur les TIC comme
l'article « Fracture Numérique du Genre : Quelle Ampleur ? »
(ANAÏS, 2005) et l'enquête nationale sur le niveau de
pénétration et d'utilisation des TIC au Cameroun (Minpostel,
2006). Cependant, peu de ces travaux intègrent l'aspect
économétrique : ce ne sont pour la majorité que des
travaux portant sur les caractéristiques descriptives. D'où la
nécessité d'utiliser la modélisation
économétrique pour faire des analyses sur la situation au
Cameroun en vue de ressortir des conséquences en termes des
implications, de mesures à prendre pour vulgariser l'adoption et l'usage
des TIC dans notre pays : c'est la raison pour laquelle nous nous sommes
intéressés au problème de l'adoption de l'Internet
à domicile.
Précisément, notre étude vise à
répondre à cette question : quelles sont les
caractéristiques propres aux individus et aux ménages qui
favorisent ou au contraire qui freinent l'adoption de l'Internet chez les
ménages camerounais? En s'intéressant particulièrement aux
ménages, elle a pour finalité de contribuer à
éclairer les décideurs sur une politique nationale de
développement des TIC au Cameroun.
A la lueur de cet objectif, il nous est plausible de formuler
l'hypothèse principale selon laquelle l'adoption de l'Internet à
domicile est conditionnée par plusieurs facteurs.
De cette hypothèse principale découlent les
hypothèses secondaires suivantes :
H1- le niveau d'étude de l'individu influence
positivement l'adoption de l'internet à domicile ;
H2- les ménages technophiles adoptent plus l'internet.
Afin de répondre à la question posée plus
haut, nous disposons d'une base de données issue de l'enquête
diligentée en 2008 par l'Université de Douala sur un
échantillon de 2650 personnes dans les villes de Douala, Buéa et
Limbé. Nous utilisons l'estimation économétrique qui
consiste ici à mettre en avant l'adoption de l'Internet à
domicile et
certaines variables explicatives que nous allons tester afin de
déceler les plus pertinentes en utilisant l'économétrie
des variables qualitatives.
Notre étude s'articule autour de deux parties : La
première partie fait l'analyse des différents facteurs
rencontrés dans les travaux lus susceptibles d'influencer l'adoption de
l'Internet à domicile. La deuxième partie de ce travail
s'intéresse à une application économétrique au
Cameroun sur l'estimation visant à ressortir dans le cadre de cette
étude l'influence des différents facteurs explicatifs dans
l'adoption de l'Internet à domicile. L'intérêt étant
d'aboutir à des recommandations sur les mesures à prendre visant
à favoriser l'adoption de l'Internet à domicile.
Première Partie
ANALYSE DES CONCEPTS
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