B - Cadre empirique d'analyse du TCR naturel
Le NATREX intègre les problèmes de convergences
structurelles à travers le différentiel de la croissance de
productivité (effet Balassa-Samuelson). L'auteur réhabilite
l'hypothèse de PPA comme relation d'équilibre en intégrant
des différences structurelles ou des changements de régimes. Ce
modèle nous renseigne sur l'existence de deux dynamiques
simultanées. En effet, en premier lieu, le TCR converge vers le NATREX
de moyen terme et celui-ci converge vers le NATREX de long terme. Par la suite,
le NATREX de moyen terme assimilé au TCRE n'est pas fixe. Il tend vers
le NATREX de long terme qui est déterminé par certains
fondamentaux de l'économie. Outre l'effet Balassa-Samuelson, ce
modèle retient d'autres variables macroéconomies telles que :
· la préférence pour le présent
à travers le rapport de la somme des consommations privée et
publique au PIB, qui détermine le comportement d'épargne de la
nation ;
· Le solde de la balance courante, ceci à travers la
position extérieure nette de la Nation.
Il est à noter que dans cette approche, l'ensemble des
effets qui agissent sur la balance courante cumulée à long terme
est censé influencer le TCR d'équilibre sous une double condition
d'équilibre interne et de soutenabilité de la position
extérieure nette. Au regard des fondamentaux du TCR que prône le
modèle NATREX, le TCR est défini comme étant ce taux qui
assure l'équilibre de la balance des paiements en absence de facteurs
cycliques (la production est à son niveau potentiel), des flux de
capitaux spéculatifs et de variations des réserves
internationales.
Equations du modèle NATREX
Soit une petite économie ouverte. Le modèle NATREX
s'écrit de façon synthétique :
r = r * (12)
L'équation 12 montre que, à moyen terme, le taux
d'intérêt réel (r) est égal au taux
d'intérêt réel mondial(r*) ;
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Y = y-rF (13)
L'équation 13 nous renseigne que le PNB est la
somme du PIB et des revenus de facteurs (positifs si F < 0 par
convention) ;
y = C+I+B (14)
Cette équation montre que le PIB est la somme de la
consommation, de l'investissement et de la balance commerciale(B) ;
C = cY -c*F (15)
La consommation (C) dépend positivement du revenu
(Y) et négativement de la dette extérieure(F) ;
dk I r k a
( , , )
(16)
L
=
dt
Cette équation renseigne que l'investissement par
tête dépend négativement du taux d'intérêt
réel(r), de l'intensité capitalistique (k), et positivement du
progrès technique (a) ;
dF dt
= BC Q B r F S I
( ) = - * = - (17)
La variation de la position extérieure nette (dF) est
égale au solde de la balance courante, lui-même égal
à l'écart entre épargne et investissement.
Les variables exogènes sont r* : le taux
d'intérêt réel mondial, c : la propension marginale
à consommer (appelée «préférence pour le
présent»), a : le progrès technique, L : la population. Les
variables endogènes sont Q : le TCR, r : le taux d'intérêt
réel national, y : le PIB, Y : le PNB, C : la consommation
(privée et publique), S : l'épargne, I : l'investissement, k : le
capital par tête, F : la dette extérieure nette (ou les actifs
extérieurs nets si F < 0), B : le solde commercial, BC : le solde
courant. Les flux de capitaux ne sont pas fixés de manière
exogène. Ils résultent directement des comportements
d'épargne et d'investissement, qui dépendent eux- mêmes des
déterminants explicites.
En somme, il existe principalement deux fondamentaux qui
influencent les flux de capitaux et par conséquent, le TCR
d'équilibre. Le premier est le taux de consommation ou
"préférence pour le présent", qui indique le comportement
d'épargne d'une nation et le progrès technique (effet
Balassa-Samuelson), dont l'accroissement élève le niveau
d'investissement : ici encore, à épargne inchangée, il
s'en suit une amélioration du solde de la balance des capitaux. Le
NATREX est un
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modèle dynamique. Du fait notamment des effets de
l'évolution de la position extérieure nette sur l'épargne
et sur le solde des revenus de facteurs, le TC d'équilibre évolue
en effet au fil du temps. Sa dynamique ne prend fin que lorsque la position
extérieure nette se stabilise, c'est-à-dire lorsque le solde
courant est nul. On atteint alors l'équilibre de long terme, stable,
déterminé par les deux fondamentaux du TCR que sont le taux de
consommation et le progrès technique. A long terme, les effets d'une
hausse de la préférence pour le présent sont donc les
suivants : hausse de la dette extérieure nette,
dépréciation du TCR. L'impact du progrès technique sur le
change d'équilibre de long terme apparaît a priori plus favorable.
La différence majeure avec une hausse du taux de consommation tient
à ce que les entrées de capitaux financent non plus la
consommation, mais la formation de capital. Cette accumulation va
générer un surcroît de production et donc de
l'épargne. Il est donc possible que le pays passe progressivement d'un
statut d'importateur à un statut d'exportateur net de capitaux,
accumulant ainsi des excédents extérieurs (comme le
révèle la théorie des étapes de la balance des
paiements), ce qui apprécierait le TCR à long terme.
Plusieurs études ont été menées en
s'inspirant de ce modèle. Ainsi, dans le but d'analyser les
éléments de réponse aux questions soulevées par
l'évolution du TCR dollar/euro, l'effet Balassa-Samuelson a
été intégré dans le NATREX12. Cette
approche a permis d'examiner dans quelle mesure l'évolution des
fondamentaux du TCR selon le modèle, explique les mouvements du TCR
dollar/euro au cours de la période récente.
En France, Joly et Al (1996) ont procédé
à une évaluation du TC d'équilibre du Franc
Français face aux monnaies européennes, en utilisant le
modèle NATREX.
Par ailleurs, le modèle de NATREX a été
appliqué au PED. Il ressort de cette étude qu'il y a deux
déterminants du TCRE. Les effets de moyen terme (termes de
l'échange, et croissance de la productivité) et les effets de
long terme (intensité capitaliste et endettement extérieur).
L'étude montre que la dynamique du TCR d'équilibre prend fin
lorsque le ratio dette extérieure sur PIB se stabilise à un ratio
jugé soutenable [Sène Babacar, (2005)]. De même, Kauf-Man
et Vannelle (1997) ont aussi adopté la démarche du NATREX pour
estimer les TCR d'équilibre des monnaies européennes dans la
perspective de la fixation des parités. Toutes ces
12 Confère Romain DUVAL (2002)
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études cherchent à capter les
déterminants structurels ou naturels des TCR pour repérer et
évaluer les distorsions des TCR courants par rapport à des TCR
d'équilibre estimés. Selon les résultats de ces
différentes études, dans le court terme, les ajustements
dynamiques font converger le TCR vers son taux d'équilibre. Toutefois,
la vitesse d'ajustement vers l'équilibre a été
passée sous silence dans ces différentes études. Par
contre selon les mêmes études, dans le long terme, les
déterminants structurels affectent le TCR d'équilibre. Dans
toutes les études, deux types d'influence sur le TCRE sont
combinées : l'évolution tendancielle du prix relatif du secteur
exposé par rapport à celui protégé puis, les
variables exogènes qui agissent sur le solde de la balance courante
[Aglietta, Baulant & Coudert, (1998)]. Notons que ces deux approches
définissent l'équilibre interne de la même manière,
par une pleine utilisation des capacités de production.
L'équilibre externe quant à lui repose sur la
soutenabilité de la balance des paiements, qui est à son tour
défini par un équilibre des paiements courants.
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