PARAGRAPHE II : EVIDENCE EMPIRIQUE DES RESULTATS ET
SUGGESTIONS DE
POLITIQUE ECONOMIQUE
A- Pertinence des résultats et évidence
empirique antérieure
Les résultats de cette étude peuvent être
comparés à ceux obtenus par Hoarau (2006) ; Yougbare, (2007) ;
Djoufelkit , (2007) ; Yamb , ( 2008).
Ces auteurs trouvent que la zone Franc CFA notamment l'UEMOA
avait connu une surévaluation de son TCR entre 1986 et 1993. Nos
résultats infirment partiellement cette idée, car la
surévaluation s'est observée ici en début 1992 à
1993. De même, outre les phases récurrentes de distorsions
relevées dans l'après dévaluation, la
sous-évaluation l'emporte. Ce résultat infirme ainsi
l'idée généralement admise selon laquelle les changes
fixes seraient propices à une surévaluation de leurs TCR.
Au-delà de ce résultat, remarquons tout de même que la
différence entre ces études et la nôtre réside sur
l'ampleur voire la persistance de la distorsion.
Pour tirer quelques conclusions d'un exercice dont nous
percevons à la fois l'intérêt et les limites, la zone UEMOA
ne semble pas extrêmement surévaluer de manière
significative qui accréditerait un besoin de réajustement de la
parité envers l'euro. Nous rejoignons là, les conclusions des
études menées par Djoufelkit (2007) et Abdih et Tsangarides,
(2006). Toutefois, cette prise de position est à nuancer pour deux
raisons. Il s'agit du choix du modèle économétrique de
détermination du taux de change d'équilibre et la méthode
de calcul du TCR ( le système de pondération des partenaires dans
le calcul) qui devraient produire plus de sensibilité sur les
résultats.
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B -Suggestion de politique économique et
extensions I- Implication de politique économique
Comme précédemment évoqué, la
distorsion et le niveau d'équilibre du TCR au sein des pays de l'UEMOA
sont sensiblement affectés par les variables macroéconomiques que
sont : la croissance de la productivité, la position extérieure
nette, les flux financiers extérieurs, les termes de l'échange,
le développement financier et la politique monétaire. S'il est
admis que ces distorsions impactent la performance économique de
l'Union, il est opportun que les autorités en charge de la gestion de la
politique monétaire et de change de la zone veillent à un certain
nombre d'indicateurs.
Remarquons que les études empiriques ont permis de
soutenir l'idée selon laquelle, l'évolution du TCR est souvent
dictée par ses fondamentaux. Pour plus de stabilité des TCR, les
Etats sont appelés à intensifier les politiques allant dans le
sens d'un renforcement des fondamentaux de l'économie. S'inscrivant dans
cette démarche, les suggestions de politiques économiques seront
axées sur les variables qui ont une incidence significative sur la
distorsion du TCR. A cet effet, nous regroupons ces mesures autour de quelques
axes.
4 Cette étude a révélé que la
croissance de la productivité fait apprécier le TCR synonyme de
perte de compétitivité. Le canal par lequel cet indicateur
affecte le TCR est la forte attractivité des agents économiques
à consommer les biens importés à forte productivité
(demande d'importation qui dépend positivement du revenu) ; lesquels
sont issus du secteur des biens échangeables. Une politique de soutien
aux entreprises produisant des biens non échangeables pourrait inhiber
cette distorsion. Il s'agit de mettre en place des mécanismes de
facilitation à la production et à la consommation des biens
domestiques (accord de crédit aux conditions avantageuses, soutien aux
exportations à travers la maitrise des normes du commerce
international).
4 Les flux financiers contribuent à
l'appréciation du TCR. S'il est vrai que l'économie de l'UEMOA a
besoin de ressources externes pour son financement, son accumulation
au-delà de ses capacités d'absorption pourrait contribuer
à émousser ses performances. Par ailleurs, notons que l'une des
principales hypothèses qui entraîne l'appréciation du TCR
due aux FF, était le fait que l'offre était contrainte dans les
PED .Ceci donne une première piste de réflexion sur les moyens
d'éviter le syndrome hollandais qui serait de « libérer
» les contraintes d'offre par des
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investissements publics en infrastructures ou personnels
qualifiés. Ainsi, la politique fiscale incitative du gouvernement
apparaît être un instrument décisif pour lutter contre une
telle appréciation du TCR. Le second axe de réflexion vient du
fait qu'il y aurait appréciation du TCR parce que l'aide entraîne
une expansion des biens échangeables à prix relativement faible
par rapport aux biens du secteur protégé dans l'économie
au détriment des biens non échangeables. Un moyen d'éviter
ceci est de favoriser l'importation de biens riches en capitaux ce qui peut
augmenter à terme la productivité des biens du secteur
protégé par rapport à ceux du secteur exposé
(McKinley, 2005).
En outre, une réorganisation des FF de sorte à
éviter qu'elle surévalue les TCR s'impose. Il s'agit en fait
d'améliorer la productivité du secteur protégé de
sorte que les prix des biens échangeables augmentent relativement
à ceux des biens non échangeables. Soulignons tout de même
que la manière dont les FF impactent le TCR ou tout autre facteur,
dépend principalement de la manière dont elle est
utilisée. Sur le long terme, l'impact des FF dépend de sa
capacité à améliorer la productivité des biens
issus du secteur protégé et à libérer les
contraintes d'offre (Barder, 2006).
4 Les termes de l'échange affectent la distorsion du TCR
d'après nos résultats. Une politique de diversification des
cultures de rentes s'impose aux économies de l'UEMOA dans le but
d'inhiber l'effet des chocs externes sur la compétitivité de la
zone. De même, une spécialisation des économies à
l'intérieur de la zone basée sur les avantages comparatifs
devrait être encouragée.
4 La politique monétaire à travers une
croissance de la masse monétaire plus rapide que celle du PIB au cours
de l'année précédente fait apprécier le TCR. A cet
égard, nous réitérons le principe selon lequel, la
croissance de la masse monétaire doit autant que possible suivre celle
du PIB de l'année antérieure dans la conduite de la politique
monétaire.
4 Le développement financier à un effet positif
sur la compétitivité d'après nos résultats. A cet
effet, nous suggérons d'une part ; un assainissement du secteur
financier à travers les reformes visant à prémunir la zone
des crises financières et d'autre part la promotion à
l'accès à la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières) de l'UEMOA.
Au-delà de ces propositions, il est nécessaire
d'assurer un renforcement de la transparence des marchés de change dans
le but d'unifier les TC officiels et
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parallèles. En outre, l'augmentation des prix
intérieurs et la baisse des prix étrangers (en monnaie locale)
concourent inévitablement à l'appréciation du TCR. Sur ce,
la stabilité du prix à travers la lutte contre l'inflation est
à privilégier dans la gestion des distorsions du TCR.
Par ailleurs, à la lumière des enseignements
issus des causes de la distorsion (selon l'approche du
mesalignement28.), la politique de change d'ancrage nominal (PM qui
vise à rompre avec une forte inflation) fait apprécier le TCR.
Ceci engendre ainsi une perte de compétitivité qui se traduit
à son tour par une détérioration de la balance des
transactions courantes. Sur ce, nous admettons à l'instar de Mihigo,
(2004) ; Ondo Ossa, (2002) et Koulibaly, (2005) l'idée d'une
réorientation de la politique de change vers un régime de la zone
cible dotée d'une bande de fluctuation des cours de change au sein des
PAZF. Ceci, pour permettre une autonomisation de la politique de change et
amoindrissement de la persistance voire la dégradation du solde de la
balance courante.
II- Extension de la problématique
Au-delà des effets différenciés des
distorsions du TCR sur ses fondamentaux au sein d'une zone monétaire
(ZM), la question fondamentale qui se pose aux pays membres d'une ZM est celle
de la gestion des chocs asymétriques, de la convergence des
économies dépourvues des clubs de convergence.
De même la question de distorsion du TCR synonyme de
gain ou de perte de compétitivité peut être nuancée
au regard de l'approche développée par les fondamentalistes sur
cette thèse. Pour ces auteurs, une hausse du TCR n'est pas le signe
d'une distorsion et n'est pas non plus une perte de compétitivité
mais d'une appréciation du TCR d'équilibre. Une
détérioration du solde de la balance des transactions courantes
n'est pas due à une appréciation du TCR mais elle est due
à des changements structurels des fondamentaux du TCR et ceux de
l'économie (productivité technologie) ; notamment à des
changements du taux d'épargne et d'investissement. Ce faisant, vouloir
appréhender les déterminants du changement structurel des
fondamentaux de l'économie(ou du TCR) aura un regain
d'intérêt dans la maitrise des écarts entre le taux
d'épargne et celui d'investissement.
28 Confère Berthomien et Al, (2001)
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