III-Estimation des effets du mésalignement sur les
fondamentaux du TCR
La distorsion est l'écart du TCR courant à son
niveau d'équilibre rapporté à son niveau
d'équilibre. Les résultats sont consignés dans le tableau
ci-après et les valeurs des distorsions sont en pourcentage.
Tableau N°2 : Evolution du TCR courant et
d'équilibre puis de leurs distorsions
Années
|
TCR courant
|
TCRE
|
Distorsion (%)
|
1989
|
2,58
|
2,59
|
-0,38
|
1990
|
2,54
|
2,57
|
-1,16
|
1991
|
2,57
|
2,58
|
-0,38
|
1992
|
2,56
|
2,59
|
-1,15
|
1993
|
2,59
|
2,62
|
-1,14
|
1994
|
2,78
|
2,66
|
4,5
|
1995
|
2,7
|
2,7
|
0
|
1996
|
2,7
|
2,73
|
-1,09
|
1997
|
2,76
|
2,75
|
0,36
|
1998
|
2,76
|
2,77
|
-0,36
|
1999
|
2,78
|
2,8
|
-0,71
|
2000
|
2,85
|
2,81
|
1,42
|
2001
|
2,86
|
2,81
|
1,77
|
2002
|
2,83
|
2,8
|
1,07
|
2003
|
2,76
|
2,77
|
-0,36
|
2004
|
2,72
|
2,74
|
-0,72
|
2005
|
2,72
|
2,73
|
-0,36
|
2006
|
2,72
|
2,73
|
-0,36
|
2007
|
2,69
|
2,73
|
-1,46
|
2008
|
2,64
|
2,75
|
-4
|
Somme
|
-
|
-
|
? M =- 6.59
|
Source : réaliser à partir des
résultats de l'estimation
68
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
Toutefois, les résultats consignés dans ce
tableau méritent par ailleurs quelque interprétation. En effet,
durant la période d'étude, l'on retient qu'en 1995 la distorsion
du TCR est nulle. Ce qui stipule que le TCR courant correspond à son
niveau d'équilibre de long terme. De ce fait, l'on dira que la politique
de change adoptée a permis de ne générer ni une perte de
compétitivité (surévaluation), ni un gain de
compétitivité (sous-évaluation). Ceci permet de conclure
qu'en 1995 ; une politique de change optimale est menée au sein de
l'UEMOA. Ce résultat obtenu en 1995 pourrait être mis à
l'actif de la dévaluation et des mesures correctives prises en 1994,
dont les effets ont été sentis un an après notamment du
fait du délai d'ajustement de l'économie.
En outre, une estimation du modèle de la distorsion est
faite. L'objectif poursuivi dans cette nouvelle régression est de
pouvoir détecter les variables qui accentuent plus le mesalignement du
TCR qu'il soit une appréciation ou une dépréciation.
Ainsi, l'on pourrait en déduire une batterie d'indicateurs de
vulnérabilité à une crise de change spécifique au
PED notamment l'UEMOA.
A cet égard les tests de spécification nous
permettent de retenir le modèle à effets aléatoires (Test
de BP prob = 0.0052< 5%). Ainsi, cette régression donne le
résultat ci-après :
M = - 0,008*BCC + 0,002*CP + 0,003*DF + 0,0006*PM +
0,02*FF- 0,006*TE
La statistique de Wald (p-valeur 0.0005 < 5%) permet de
conclure que le modèle du mésalignement est globalement
significatif. Les variables explicatives du modèle expliquent à
59% les distorsions du TCR expliquées par ses fondamentaux
(confère tableau 5 ; annexe I).
Au regard des résultats de cette estimation, l'on admet
que la croissance de la productivité, les flux financiers et la
politique monétaire contribuent à accentuer la distorsion du TCR
en termes de d'appréciation au seuil de 5%. En revanche, il est à
noter que le développement financier, les termes de l'échange et
la position extérieure nette de l'UEMOA n'ont aucune incidence sur la
persistance de la distorsion. Par ailleurs l'analyse graphique de la dynamique
de la distorsion nous permettra de mettre en exergue la tendance de la
distorsion avant et après dévaluation. De façon globale,
l'on pourra déduire si les phases d'appréciation du TCR
l'emportent sur celles de dépréciation tout au long de la
période d'étude. La conclusion nous permettra de confirmer ou
d'infirmer la thèse de Hoarau (2006).
69
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
Graphique N° 6 : Evolution du mesalignement du TCR
de l'UEMOA
6
-6
-2
-4
4
0
2
1985 1990 1995 2000 2005 2010
Mes
Source : réalisé par l'auteur
à partir des données de l'estimation (en moyenne
pondérée)
L'observation de ce graphique nous renseigne sur le niveau de
distorsion du TCR de l'UEMOA. Pour rappel, l'on parlera de surévaluation
lorsque le mesalignement est positif. Par contre, il y aura
sous-évaluation dès que la distorsion est négative. Ainsi,
ce graphique nous renseigne que :
1- de 1980 à 1992, nous constatons que le TCR est en
période de sous évaluation (M <0);
2- remarquons que de 1993 à 1995, le TCR a connu une
phase de surévaluation (M >0). Toutefois, dès 1995, la zone
UEMOA a repris avec une sous -évaluation de son TCR jusqu'en 1999 ;
3- de 1999 à 2003, l'on retrouve une nouvelle phase de
surévaluation (M >0). Notons
que dès 2004 à 2008 la tendance à une
sous-évaluation semble se confirmer.
De façon globale, il est aisé de constater que
les phases de sous-évaluation (synonyme de gain de
compétitivité), dominent toute chose égale par ailleurs
celles de surévaluation (confère Tableau ci-dessus ; ? M = -6.59
< 0 ; ce qui signifie une sous-évaluation). Ce qui suppose que
l'UEMOA est globalement en phase d'amélioration de sa
compétitivité sur la période d'étude. Ce qui n'est
pas évident au regard des performances économiques (surtout celle
commerciale) de la zone. Ceci fait penser à l'existence des contraintes
structurelles pesantes sur les économies et qui handicapent
l'amélioration significative et dynamique de sa
compétitivité.
Notons que, ce résultat nous permet d'infirmer la
thèse de J-F Hoarau (2006) selon laquelle, les changes fixes seraient
propices à la surévaluation de leur TCR. Toutefois, contrairement
aux études antérieures qui surestiment le degré de
surévaluation du TCR, cette étude a révélé
une distorsion modérée du TCR sur la
70
Mémoire de DEA-Master Recherche, réalisé et
soutenu par HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré
période d'étude [respectivement + 4.5% et - 4% au
maximum de surévaluation et de sous-évaluation].
Néanmoins, ce résultat doit être pris avec beaucoup de
réserve.
En effet, l'estimation du mésalignement ne tient compte
que de la distorsion courante. Elle ne permet pas de prendre en compte les
écarts possibles de ces derniers par rapport à leur sentier de
croissance potentielle ; ce qui évacue ainsi une source non
négligeable de déséquilibre.
Toutefois, la distorsion modérée du TCR que
révèle cette étude peut être imputée au
mécanisme de contrôle de change instauré au sein de l'UEMOA
au lendemain de la dévaluation du Franc CFA. Ce qui a
atténué le niveau de distorsion par rapport aux études
antérieures.
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