Conclusion
Conformément aux données collectées, la
spéculation est rentable de manière instable, plus
particulièrement à court terme mais de manière
suffisamment récurrente à long terme pour perdurer et attirer des
capitaux. Ce gain s'obtient tant par des processus de décision
fondamentaux que sur ceux plus comportementaux. Si cette rentabilité
microéconomique relève de la qualité individuelle du
spéculateur, macroéconomiquement elle contribue positivement au
jour le jour au fonctionnement des marchés en contribuant activement
à leur liquidité et au transfert de risques.
Si l'incitation à spéculer réside a
priori dans l'inefficience informative des prix de marchés comme le
démontre le paradoxe Grossman-Stiglitz, la spéculation ne
contribue pas à pallier cette déficience qui, au contraire,
l'alimente. L'approche microstructurelle apporte dans cette perspective de
nouveaux facteurs nourrissant la spéculation à savoir la
présence d'agents non informés et la formation des prix dont les
mouvements volatiles auxquels elle contribue activement, constituent une
opportunité supplémentaire de rendement spéculatif.
En revanche, comme le démontre la finance
comportementale, il existe un risque de marché structurel qui
réfute l'arbitrage neutre en risque en raison de l'imparfaite
substituabilité des titres et les écarts d'horizon
d'investissement entre les catégories d'investisseurs. La
présence persistante d'acteurs irrationnels ou incompétents
prolonge le bruit de marchés au point d'avoir raison des arbitrageurs.
Ces derniers se fondent alors dans des mouvements spéculatifs qui se
trouvent tout autant affectés par la présence de ces agents. Eu
égard aux impératifs de performance de la spéculation pour
bénéficier d'afflux de capitaux, la présence d'acteurs
irrationnels constitue un véritable frein à la prise de risque.
Les anticipations de mouvement ne sont pas nécessairement retranscrites
en paris actifs ou de manière amoindrie par un souci de diversification.
Seules les situations de moindre incertitude ou une interaction
stratégique continue des agents conforme à la théorie des
jeux, peut permettre une prise de position progressivement plus agressive.
Toutefois, le jeu de la spéculation est aussi celui de l'interaction
avec les autres agents.
De plus, cette prise de position peut être
affectée par le concept de convention autoréférentielle
défini par la finance cognitive. Au-delà de leurs vues
individuelles, les agents cherchent à déterminer les mouvements
des marchés dans un cadre qui n'est pas strictement fondamental. Ce
dernier n'est qu'un facteur de décision parmi d'autres. Ainsi,
résultant d'une confrontation de vues divergentes dont les prix de
marchés ne sont que la sommation relative de ces dernières, les
marchés produisent un consensus, convention maîtresse autour
duquel se cristallisent les opinions. Ce phénomène crée
une viscosité des anticipations capables dès lors de se
déconnecter de l'économie réelle au point d'évoluer
en bulle. Ceci rend donc la spéculation intrinsèquement porteuse
d'un risque économique en contrepartie d'un fonctionnement plus souple
des marchés au jour le jour et d'une rémunération de
l'épargne.
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