I.1.5.1. Les risques de la
dépense publique
Les détracteurs soulignent toutes les
conséquences économiques négatives qu'un excès des
dépenses publiques entraîne et ceci au trois points de vue
différents :
- elles pèsent sur le développement
économique ;
- elles ont des effets pervers sur la formation du
capital ;
- elles ne contribuent pas nécessairement à la
solution des problèmes auxquels elles sont censées apporter une
réponse.
En effet, elles peuvent freiner la croissance en favorisant
une allocation moins productive des ressources de la collectivité. Un
système monopolistique, faute de la concurrence est toujours moins
efficace qu'un système animé par la compétition.
Toute augmentation de la dépense publique risque donc
d'empêcher un emploi plus productif des ressources disponibles,
c'est-à-dire de constituer un obstacle au développement
économique.
Par ailleurs, l'excès des dépenses publiques
constitue un handicap parce qu'elles pèsent sur la formation du capital.
En effet, toute dépense supplémentaire doit être
financée, soit par de nouveaux prélèvements, soit par
l'emprunt. Dans le premier cas, la capacité d'épargne des
ménages et des entreprises est amputée ; dans le second cas,
une partie de l'épargne privée, déjà
constituée et en quête d'emploi, sera captée par la
puissance publique. C'est ce qu'on appelle effet d'éviction de
la dépense publique.
Enfin, elles ne contribuent pas nécessairement,
notamment en ce qui concerne les dépenses de transfert, à
résoudre des problèmes sociaux comme le chômage ou
l'exclusion. Certains économistes libéraux estiment, au
contraire, qu'il existe une corrélation négative entre la
création d'emploi public et le taux global d'activité. Ils font
remarquer, par exemple, qu'il existe, pour le Danemark un parallélisme
complet entre le taux des dépenses publiques par rapport au PIB et le
taux de chômage par rapport à la population active.
I.1.5.2. L'avantage de la
dépense publique
A l'inverse, les partisans d'une politique active des
dépenses publiques font valoir des arguments de sens contraire. La
dépense publique permet de soutenir la demande et elles ont un effet
contra-cyclique en période de stagnation ou de régression de la
demande privée interne ou externe. La consommation collective a une
fonction de substitution et de régulation.
La critique portant sur le caractère, par nature
improductive, des dépenses de fonctionnement est loin d'être
toujours convaincante car bon nombre de ces dépenses sont en
réalité des investissements immatériels, indispensables
pour assurer l'avenir.
Le rôle productif de certaines dépenses publiques
a été mis en évidence par la théorie de la
croissance endogène. Un surplus des dépenses publiques peut, dans
des secteurs stratégiques, contribuer à améliorer la
productivité des entreprises privées. Mais cette
rentabilité est difficile à mesurer puisqu'elle résulte
d'effets favorables qui sont exercés sur les autres agents
économiques (ce qu'on appelle externalités).
Enfin, l'existence d'un système social avancé,
même financé par des transferts, ne constitue pas fatalement un
handicap pour l'économie. Ce qui fait problème, c'est moins la
réponse publique destinée à renforcer une
solidarité sociale que les modalités d'une redistribution qui, se
voulant quasi-universelle, est nécessairement coûteuse, trop
lourde à gérer, parfois inefficace ou s'accompagnant même
d'effets pervers.
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