I.1.4.3. Approche Ricardienne
L'approche ricardienne repose sur le principe de
l'équivalence. La question principalement évoquée est la
possibilité de substituer l'emprunt par l'impôt. Ceci est
justifié par le fait que lorsque l'impôt nécessaire au
financement des dépenses publiques est affecté aux
dépenses productives, l'emprunt qui est utilisé aux mêmes
fins est enlevé du capital.
L'impôt prélevé plus tard pour rembourser
les intérêts et le principal n'affecte pas la richesse de la
nation. C'est dans ce contexte que RICARDO reprend l'argument de J. F. MELON
qui stipule que : « les dettes de l'Etat sont des
dettes de la main droite à la main gauche dont le corps ne se trouve pas
affaibli ».
Dans sa version initiale, BARRO (1974) démontre qu'il y
a équivalence entre un financement des dépenses publiques par la
dette et l'impôt (supposé forfaitaire). Les agents privés
compensent cette baisse de l'épargne publique par la dette publique par
une hausse de l'épargne privée (pour être à mesure
de payer les impôts futurs). Le multiplicateur est unitaire. Avec des
impôts proportionnels au revenu, une hausse temporaire des
dépenses publiques compensée par une baisse future de ces
dépenses n'a pas d'effet. Mais une hausse des dépenses publiques
compensée par une hausse future des impôts réduit le revenu
permanent. Le multiplicateur fiscal est négatif.
En tout état de cause, la productivité des
dépenses publiques importe, puisque c'est elle qui va déterminer
si la dette publique est un transfert intégralement supporté par
les générations futures.
Les hypothèses nécessaires à la stricte
validité du principe d'équivalence sont plutôt fortes. On
peut montrer que dans de nombreux cas, ce principe sera violé, horizons
limités, anticipation non parfaite, contrainte de liquidité,
imperfection du marché du capital et altruisme limité.
La perspective initiale du principe d'équivalence est
que l'emprunt comme l'impôt est un prélèvement sur les
moyens productifs du pays et de ce point de vue rien ne les distingue. Quant
aux intérêts nés de l'emprunt, leur paiement n'affecte en
rien la richesse de la notion. Ils sont prélevés sur les profits
accumulés. Quant aux critiques adressées à l'impôt
lorsqu'il influe la consommation, RICARDO admet la possibilité d'une
échappatoire tout en admettant que l'emprunt est une solution à
laquelle on ne peut entièrement faire recours.
I.1.5. Les dépenses
publiques et leurs évolutions
La dépense publique est, avec la fiscalité, l'un
des principaux instruments de l'action financière de l'Etat. Elle est
aussi l'objet de controverses multiples. Le libéralisme tend à
considérer que tout accroissement de la consommation publique se fait au
détriment de la consommation privée. Le réflexe
libéral est fondé sur une présomption de
méfiance : tout ce qui est collectif est poids mort. La
dépense publique est, pour ainsi dire par nature, improductive à
l'exception limitée des dépenses dites régaliennes. La
consommation de l'Etat équivaut à une destruction réelle
ou potentielle de richesse.
A cette conception s'oppose la conception inverse :
l'idée que la dépense publique est, par nature, plus conforme
à l'intérêt général que ne l'est l'emploi des
mêmes ressources lorsqu'il est librement décidé par les
personnes privées ou les entreprises. Les dépenses publiques dans
cette optique a une double fonction, sociale et économique : elle
permet d'assurer une certaine forme de solidarité sociale et elle joue
le rôle de stabilisateur économique. C'est l'optique
keynésienne.
La tendance à dépenser est une tendance
fondamentalement inscrite dans le fonctionnement de l'Etat. Mais cette
dynamique de la dépense n'est pas conforme : elle varie non
seulement selon les Etats, mais aussi selon les types de collectivités
publiques concernées et la nature de la dépense.
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