II.2.4. L'investissement au
Burundi
Certaines économies, surtout du Tiers-monde, ne
disposent pas encore d'un secteur privé financièrement
développé pour participer aux activités d'investissements
de grandes importances. Cela étant, il revient au secteur public de
prendre en charge le financement de beaucoup de projets d'investissements pour
stimuler l'activité économique. Cela se remarque
particulièrement pour l'investissement en infrastructures
socio-économiques comme les routes, les écoles, les
hôpitaux, la télécommunication, la distribution d'eau et
d'électricité, etc.
L'évolution simultanée des investissements du
secteur publique et ceux du secteur privé s'appréhende en terme,
soit d'effet d'entraînement, soit d'effet d'éviction. Au Burundi,
le secteur privé investit dans le secteur directement productif tandis
que l'Etat s'intéresse aux travaux du secteur non directement productif
comme les infrastructures de base et d'importance socio-économique.
La politique générale du gouvernement en
matière d'investissement depuis le début des années 1990
était caractérisée par une volonté de soutien et
d'encouragement à l'investissement privé. La crise
socio-économique a coupé l'élan déjà
amorcé et le secteur privé ne parvient pas à prendre son
envol. La figure suivante donne l'évolution des investissements tant
publics que privés en Million de BIF.
Figure 7 : Evolution
de l'investissement du Burundi par agent en millions de BIF (1987-2006)
Source : Nous-mêmes à
partir des données de l'annexe 2.
Pour le cas du Burundi, le constat est que la part des
investissements du secteur public dans les investissements globaux est
dominante. Sur toute la période d'étude, les investissements
publics restent toujours supérieurs aux investissements privés.
En effet, les investissements du secteur public restent
prépondérants avec plus de 80% des investissements totaux alors
que ceux du secteur privé demeurent à un niveau moyen de 18,1%.
Les investissements privés ont atteint 25,1% et 24,7% respectivement en
1990 et en 2003. Toutefois, la prédominance toujours croissante de
l'investissement public s'observe.
Le gouvernement a poursuivi sa politique d'encouragement des
investissements privés au Burundi au cours de l'année 1990. Les
investissements totaux réalisés en 1990 s'élèvent
à 25,1 Mrd de BIF ; alors qu'ils étaient de 29,3 Mrd de BIF
l'année précédente. Durant la même période,
la mesure de soutien à l'investissement privé a provoque une
augmentation de l'investissement privé passant de 5,3 à 6,3
respectivement pour 1989 et 1990. En 2003, le secteur privé a
représenté 24,7% du total des investissements contre 22,2% en
2002. Il y a eu donc une petite accélération de l'investissement
privé grâce essentiellement à des structures de promotion
de ce secteur important dans le développement économique mais
aussi à l'amélioration de l'état sécuritaire. En
2004, le secteur public est resté le principal investisseur avec 77,2%
du total, en dépit de l'existence d'encouragement des investisseurs
privés combinés à l'amélioration de la
sécurité.
Pour ce qui est des investissements publics, la plus grande
accélération s'observe en 2005 où elle a été
de 39,7% par rapport à l'année précédente. Par
contre la plus grande décélération s'observe entre d'une
part, l'an 1994 suite à la crise qui a secoué le pays où
elle a été de 48% et d'autre part pour l'an 1997 où elle a
été de 52,3% suite à l'embargo. En effet,
l'évolution en «dents de scie » observée, montre
que les investissements publics connaissent un problème dans leurs
financements. Ceci du fait que les investissements publics sont financés
en grande partie par l'emprunt et l'aide étrangère et ces
derniers ne sont favorables que lorsque le pays est stable.
Les investissements publics en général sont
financés à plus de 70% par les ressources extérieures.
L'analyse globale des investissements publics réalisés entre 1990
et 1993 montre que ces investissements sont financés à hauteur de
26,5% par les ressources intérieures et 73,4% dont 43% sous forme
d'emprunts et 29% sous forme de dons.
Pour ce qui est des investissements privés, nous avons
trois types de fluctuations : la décroissance, la stagnation et la
croissance.
La décroissance vient directement après la
période de crise comme 1987-1988 et 1993-1997. Cela s'explique par le
fait que les investisseurs privés sont beaucoup sensibles au climat
d'incertitude.
Nous observons aussi une stagnation durant les périodes
de 1990 jusqu'en 1992 où l'investissement est resté à 6,3
Mrd de BIF. La croissance la plus grande s'est observée les
années 1989, 1999 et 2001 où elle a été de
37,7% ; 35,4% ; et 35,2% respectivement. Cette augmentation
enregistrée en 1999 s'explique par l'augmentation de 36,12% des
crédits à LT octroyés au secteur privé par les
Banques commerciales locales. Cette situation a eu un impact sur l'importation
des biens d'équipement qui ont enregistré une nette progression
de 87,2% la même année.
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