II.2.5. Le taux
d'intérêt au Burundi
L'intérêt est un revenu ; c'est la
rémunération des services qu'un prêteur rend à un
emprunteur en lui prêtant une somme d'argent, appelé capital, pour
une certaine durée. Cette rémunération versée par
le débiteur (celui qui a une dette envers son créancier)
représente un pourcentage du capital prêté appelé
« taux d'intérêt » (Jean-Yves LAPUL et Olivier
GARNIER (1996)).
Ainsi, les taux que nous avons mis en évidence sont de
deux catégories :
- Les taux d'intérêt débiteurs : ce
sont des taux appliqués aux crédits consentis par les
institutions financières aux agents non financiers.
- Les taux d'intérêt créditeurs : il
s'agit de la rémunération qu'une banque paie à ses clients
qui ont mis de l'argent à sa disposition (peut être sous forme de
dépôts ou en achetant des bons de caisse).
Dans la théorie classique, le taux
d'intérêt est le facteur déterminant pour la demande
d'investissement. En effet, en supposant que le taux d'intérêt ne
change pas, la firme maximise sa valeur en investissant dans des projets ayant
une valeur actualisée supérieure au taux d'intérêt
du marché. Ce qui est illustré mathématiquement
par :
Avec Ct : coût de
l'investissement ;
Vt : valeur
actuelle ;
Rt,
Rt+1, ..., Rt+n :
revenus nets respectivement en t, t+1, ..., t+n
i : le taux d'intérêt
supposé constant pendant la période.
Nous voyons que la valeur actuelle est inversement
proportionnelle au taux d'intérêt. Certains de ces taux sont
librement débattus entre les institutions financières et les
déposants, d'autres sont administrés et fixés par les
autorités monétaires pour deux raisons opposées :
- éviter une surenchère des banques dans la
collecte de l'épargne liquide ;
- assurer une rémunération minimale à
certains titulaires ou à certains emplois d'autre part.
La conséquence de la hausse des taux
d'intérêt est de rendre onéreux le crédit pour les
créateurs d'entreprises, ce qui limite le degré de
rentabilité de nouveaux projets d'investissements financés par le
crédit bancaire, comme le montre le schéma ci-après :
Schéma 1. Politique monétaire et taux
d'intérêt
Politique de relance
|
Politique de rigueur
|
Baisse du taux d'intérêt
Stimulation de la demande des ménages et des
entreprises
Baisse du chômage
|
Hausse du taux d'intérêt
Baisse de la demande des ménages et des entreprises
Baisse de l'inflation
|
Source : COLLIS, J. et YVES, B.,
Dictionnaire économique et financier, Paris, Edition Seuil,
1989, p. 296.
Ainsi, dans la fixation des taux d'intérêt, il
est nécessaire de parvenir à concilier deux exigences
contradictoires :
- d'une part, il faut que le taux d'intérêt
créditeur soit suffisamment rémunérateur pour attirer
l'épargne, en tenant compte notamment de l'inflation ;
- d'autre part, compte tenu du taux de rendement interne des
projets d'investissements, il faut fixer le taux d'intérêt
débiteur de telle sorte que l'investissement ne soit pas
découragé.
La figure suivante montre l'évolution du taux
d'intérêt débiteur et du taux d'intérêt
créditeur au Burundi.
Figure 8 : Evolution
du taux débiteur et créditeur au Burundi en % (1987-2006)
Source : Nous-mêmes à
partir des données de l'annexe 3.
La mesure prise par le gouvernement en 1990 visant
l'encouragement des investissements privés n'a pas été
accompagnée par une mesure de réduction du taux
d'intérêt débiteur pour favoriser l'investissement
privé. Ainsi, nous avons enregistré une augmentation de 22,7% du
taux d'intérêt débiteur l'an 1991 et c'est la plus
grande augmentation qu'on enregistre durant toute la période. De plus,
de 2000 jusqu'en 2006, le taux débiteur est resté à un
niveau supérieur à 20%, ce qui ne donne pas espoir à
l'investisseur privé burundais face à cette situation
financière. Notons que le taux d'intérêt débiteur a
baissé entre 1994 et 1995; ce qui représente une diminution de
2,5% en 1994 et 3,2% en 1995 respectivement par rapport aux années
précédentes. Il y a eu d'autres diminutions du taux
d'intérêt débiteur en 2002, 2004 et 2005 où ces
derniers ont chuté de 3%, 1,4% et 1,5% respectivement par rapport aux
années précédentes.
Le taux d'intérêt débiteur étant un
taux appliqué aux investisseurs qui s'adressent aux banques pour
demander des crédits d'investissement, nous voyons que ce taux reste
élevé et ne permet pas aux investisseurs privés de
réaliser leurs projets d'investissement.
En ce qui concerne le taux d'intérêt
créditeur qui est un prix payé au déposant de l'argent
à la banque, nous voyons que ce taux reste très faible qui tend
à défavoriser l'épargne au Burundi. En effet, durant toute
la période, il est de 9% en moyenne.
Ainsi, de 1987 jusqu'en 1992, nous voyons une
amélioration de ce taux, de même que pour la période de
1995 jusqu'en 2003. Nous observons une baisse du taux d'intérêt
créditeur en 1993 et en 1995 où ce dernier a baissé de 5%
et 4,8% respectivement par rapport aux années antérieures. La
période de 2004 jusqu'en 2006 a été marqué par une
diminution du taux d'intérêt créditeur et c'est durant
cette même période qu'on observe une forte diminution, 30,6% en
2005.
|