CHAPITRE III
LES PRATIQUES INTERTEXTUELLES DANS L'IVROGNE
DANS LA BROUSSE
3.1. La réécriture des héros
mythiques antiques
Dans L'ivrogne dans la brousse, les allusions
à la mythologie grecque sont nombreuses. L'auteur s'en inspire fortement
et l'intègre dans son texte par des procédés de
transformation et d'imitation. Dans le domaine de l'intertextualité, il
s'agit d'une production du texte à partir de textes préexistants
que l'écrivain se met à recréer en cherchant à son
tour le caractère esthétique de son oeuvre.
Dans le cas des relations hypertextuelles, le
phénomène de l'imitation fait intervenir celui de transformation,
en ce sens que transformer un texte suppose une part d'imitation qui exige par
contre que l'on en assimile le style. Chez Tutuola, les modifications
importantes s'opèrent essentiellement sur les mythes d'Orphée et
d'Héraclès. Ici et là apparaissent aussi les
légendes d'Ulysse et d'Europe. La plupart de ses modifications sont
d'ordre sémantique, parce que, si l'on se réfère à
la typologie de Genette, on constate qu'il s'agit d'une intervention au niveau
du sens ou de la forme qui transforme l'hypotexte. L'auteur
réécrit, en les transposant, ces récits antiques, aux
récits recueillis par les grands auteurs de la mythologie.
Pour mieux analyser les pratiques hypertextuelles
décelables dans le roman de Tutuola, nous allons poser comme hypotexte
ou texte premier les extraits des textes de la mythologie, et comme hypertexte
ou texte second le roman L'ivrogne dans la brousse. En posant ce roman
comme hypertexte, nous partons de la seule hypothèse que le mythe existe
depuis que l'homme existe ; il est le récit fondateur de l'histoire des
hommes. De
là, nous dirons par anticipation que le roman, qui
constitue le corpus de notre étude, retravaille les récits
mythiques.
3.1.1. Le mythe d'Orphée
Le roman de Tutuola revisite allègrement la mythologie
grecque, notamment le mythe d'Orphée. Ce prince de Thrace, poète
musicien, est le fils de la muse Calliope. Son génie était tel
qu'il charmait même les bêtes sauvages. Descendu aux Enfers pour
chercher Eurydice, Orphée charma les gardiens du séjour infernal
et obtint son retour dans le monde des vivants. Mais il ne devait pas retourner
ses regards vers elle avant d'avoir franchi le seuil des Enfers. Orphée
oublia la condition imposée par les dieux et perdit Eurydice pour
toujours.
Dans son roman, Tutuola emprunte ce thème de la
descente aux Enfers qui est le propre des récits antiques.
Orphée, mais aussi Ulysse, Héraclès, Thésée,
Énée et Psyché sont parmi les rares à avoir
entrepris de leur vivant le chemin périlleux et réservé
à quelques rares élus. La descente de l'Ivrogne a pour but
d'arracher un malafoutier au monde des morts. Les deux héros sont donc
comparables presque point par point.
Ils ont tous deux perdu les êtres qui leur
étaient chers. Eurydice est à Orphée ce que le malafoutier
est à Père-Des-Dieux. Leurs conditions de disparition ont des
points de ressemblance. Eurydice, «accompagnée d'une troupe de
Naïades, se promenait au milieu des herbages, elle périt,
blessée au talon par la dent d'un serpent.144» De
même, le malafoutier est mort dans la nature, précisément
dans la palmeraie : « [U]n dimanche soir,
144 Ovide, Les Métamorphoses, Paris, Gallimard,
1992, p. 320.
68 mon malafoutier se rend à la plantation pour me
tirer du vin de palme, mais, comme il était en train d'en tirer, il
tombe d'une façon imprévue et meurt de ses blessures au pied du
palmier.» (IB : 10)
Le héros-narrateur participe lui-même à
l'enterrement de son malafoutier : « Les deux amis qui m'avaient
accompagné à la plantation et moi, nous creusons alors au pied du
palmier, là où il était tombé, un trou pour lui
servir de tombe et nous l'enterrons là [...]» (IB : 10).
Orphée, triste, ne tarde pas non plus à ensevelir sa femme
bien-aimée : « [Il] enterra Eurydice, et, avec elle, toutes ses
chansons gaies.145» Depuis, la vie sans Eurydice devient
intenable pour le musicien chanteur qui se met à errer par le monde :
[A]près sa longue marche, il décida de descendre
sous terre, dans le monde inférieur où s'étendait l'ombre
de la mort [...]. Orphée voulait convaincre les dieux des Enfers de lui
rendre son Eurydice, de lui permettre d'enfreindre la loi de la mort en la
laissant revivre sur terre.146
De la même manière, l'absence du malafoutier ne
laisse aucun moment de répit à son maître. Le sens de sa
vie s'en trouve bouleversé. Comme Orphée, il décide
d'aller à sa recherche jusque dans la Ville-desMorts : « Un beau
matin, [...] je quitte la ville natale de mon père pour découvrir
où pouvait bien se trouver mon défunt malafoutier.» (IB :
11)
Après sept mois de voyage à travers la brousse,
Père-Des-Dieux atteint l'autre monde où il croise un vieillard
qui « n'était pas réellement un homme, [mais] un dieu, et il
était avec sa femme» (IB : 12). Ce dieu (le vieillard) peut
être facilement assimilé au souverain des Enfers, le dieu
145 Eduard Petiska, Mythes et légendes de la
Grèce antique, Paris, Gründ, 1971, p.21.
146 Ibid.
69 Hadès, que rencontre Orphée après sa
longue marche : « Au milieu de ce royaume, assis sur un trône noir,
on pouvait voir le roi du monde souterrain, l'impitoyable Hadès.
Perséphone, [sa femme], était à ses
côtés.147»
Hadès et Perséphone sont très
émus, charmés par le chant d'Orphée qui leur raconte son
amour pour Eurydice et la mort qui l'avait fauchée en pleine jeunesse.
Et pour cause ! Les effets de sa musique, même sur les
éléments de la nature, sont connus de tous :
Il s'accompagnait avec une lyre et chantait si
merveilleusement que personne ne pouvait résister à sa musique.
Les oiseaux euxmêmes l'écoutaient en silence et les animaux
quittaient la forêt pour le suivre. Le loup trottait à
côté de l'agneau, le renard suivait le lièvre, sans
qu'aucun animal cherchât querelle à un autre. Même les
serpents quittaient leurs trous et les pierres s'écartaient pour faire
un chemin devant Orphée. Ses chansons arrêtaient les cours des
rivières et les poissons sortaient de l'eau pour l'écouter. Les
hommes riaient ou pleuraient, selon que son chant était gai ou triste.
Ils oubliaient tous leurs soucis. Les dieux, attirés eux aussi par la
voix d'Orphée, se rendaient en suivant la Voie Lactée aux
endroits où il chantait. De même les naïades
quittèrent les vagues dès qu'elles entendirent les sons
mélodieux.148
Tutuola s'approprie presque entièrement cette
scène en parlant des êtres bienveillants que sont Tambour, Chant
et Danse, des musiciensdanseurs dont la musique fait tout bouger, voire les
morts :
[L]orsque Tambour se met à jouer de lui-même,
tous les gens morts depuis des centaines d'années se lèvent et
viennent regarder jouer Tambour ; et, lorsque Chant se met à chanter,
tous les animaux domestiques de cette nouvelle ville, les animaux de la
brousse, serpents, etc. y compris, sortent pour voir Chant en personne ; mais,
lorsque Danse commence à danser, les êtres de la brousse tout
entière, les esprits, les êtres des Montagnes, et aussi ceux de la
rivière , viennent dans la ville voir qui dansait. Quand ces trois
compagnons commencent à jouer et à danser en même temps,
tous les habitants de la ville, tous les gens qui étaient sortis de leur
tombeau, les animaux, les serpents, les esprits et les autres
147 Ibid., p. 22.
148 Eduard Petiska, op.cit., p. 21.
créatures sans nom, se mettent à danser ensemble
avec ces trois personnages. (IB : 95)
L'auteur exprime ici, par procédé d'allusion, la
puissance incommensurable de la musique. Il s'agit d'un emprunt
thématique : le thème de la musique. C'est avec cette musique
magique que Chant est mort tombé dans une rivière : « [Il]
chante jusqu'à ce qu'il tombe inopinément dans un grand fleuve et
nous ne l'avons plus jamais revu» (IB : 96). Ce fleuve peut être le
Hebros qui charrie la tête de l'aède et sa lyre, après
l'enterrement de son corps par les Muses : « Sa tête,
arrachée par les Ménades, flotta avec sa lyre au fil des eaux du
fleuve Hebros jusqu'à la mer, où elle atteignit l'île de
Lesbos.149»
Après maintes supplications dans le royaume des morts,
l'Ivrogne a pu trouver son malafoutier qui, pourtant, ne peut pas rentrer avec
lui, « parce qu'un mort ne pouvait vivre avec les vivants et que leurs
caractères ne sont pas les mêmes» (IB : 114). Le fils de
Calliope, insistant auprès des souverains des Enfers, retrouve aussi son
épouse. Cependant, il ne rentre pas avec elle, non « parce qu'un
mort ne pouvait vivre avec les vivants », mais parce qu'il n'a pas
honoré la consigne du dieu Hadès :
Orphée du Rhodope obtient qu'elle lui soit rendue,
à la condition qu'il ne jettera pas les yeux derrière lui, avant
d'être sorti des vallées de l'Averne ; sinon, la faveur sera sans
effet. Ils prennent, au milieu d'un profond silence, un sentier en pente,
escarpé, obscur, enveloppé d'un épais brouillard. Ils
n'étaient pas loin d'atteindre la surface de la terre, ils touchaient au
bord, lorsque, craignant qu'Eurydice ne lui échappe et impatient de la
voir, son amoureux époux tourne les yeux et aussitôt elle est
entraînée en arrière ; elle tend les bras, elle cherche son
étreinte et veut l'étreindre elle-même ; l'infortuné
ne saisit que l'air impalpable. En mourant pour la seconde fois elle ne se
plaint pas de son époux
149 Eduard Petiska, op.cit., p. 24.
71
(de quoi en effet se plaindrait-elle sinon d'être
aimée ?) ; elle lui adresse un adieu suprême, qui
déjà ne peut qu'à peine parvenir jusqu'à ses
oreilles et elle retombe à l'abîme d'où elle
sortait.150 Ainsi rentre bredouille Orphée, tandis que
Père-Des-Dieux reçoit
de son malafoutier un oeuf à conserver jalousement et qui
lui servira à obtenir tout ce dont il aura besoin :
[I]l me donne un OEUF. Il me dit de le garder aussi
précieusement que de l'or et que, si je retourne chez moi, je n'ai
qu'à le garder dans une boîte, et cet oeuf me servirait à
obtenir tout ce que je désirais au monde. (IB : 114)
Il apparaît clairement que les deux histoires
entretiennent une parenté presque directe. L'univers
diégétique demeure le même, bien que le dénouement
soit un peu différent. Il s'agit dans les deux récits,
rappelons-le, d'un manque à combler, de la perte
d'éléments précieux et irremplaçables qui
conduisent à la descente dans l'au-delà. Quoique le héros
de Tutuola ne rentre pas avec son malafoutier, l'oeuf qu'il reçoit de ce
dernier le remplace très valablement. La mission qu'il s'est
assignée est couronnée de succès, alors qu'Orphée
se heurte à un échec cuisant.
À côté des emprunts thématique et
diégétique, il est aussi possible de parler d'emprunt actantiel.
Les deux héros sont en quête d'un objet de valeur dont chacun est
l'unique bénéficiaire ; destinateur et destinataire se
confondent. Du point de vue narratologique, c'est à travers
l'intermédiaire d'un narrateur
extrahétérodiégétique que nous connaissons le
malheur d'Orphée, tandis que les aventures de l'Ivrogne sont
exposées par un narrateur intrahomodiégétique.
150 Ovide, op.cit., p. 322.
En somme, le texte de Tutuola se présente comme une
transformation du mythe d'Orphée, transformation qui appelle la
transposition comme pratique hypertextuelle. Quant aux pratiques
mimétiques, il s'agit d'un pastiche dans le sens où l'entend
Genette : «l'imitation d'un style [écriture et vision du monde]
dépourvue de fonction satirique.151» Il est donc
question de pastiche de genre, ici le mythe comme genre oral. La vision du
monde est bien partagée dans les deux récits : l'homme n'est pas
un être qui disparaît pour de bon ; la mort lui sert de tremplin
pour accéder à l'autre-monde et la vie continue dans
l'au-delà.
3.1.2. Père-Des-Dieux ou le héros «
aux douze travaux »
Le premier individu que rencontre le héros de
L'ivrogne dans la brousse au cours de son périple est un
vieillard, ou plutôt un dieu. Celui-ci lui fait la promesse de lui dire
où se trouve son malafoutier à condition qu'il remplisse deux
travaux : d'abord, « aller chez son forgeron personnel qui habitait dans
un endroit mystérieux ou bien dans une autre ville, et de rapporter
juste la chose qu'il avait dit au forgeron de faire pour lui » (IB :
12-13), et puis, « aller chercher Mort chez lui et de le ramener dans le
filet.» (IB : 14)
Ce second travail n'est pas sans rappeler le dernier des douze
travaux152 accomplis par le héros grec,
Héraclès, au profit d'Eurysthée, son
151André Lamontagne, op.cit., 1992,
p.34.
152Pour expier le meurtre de son épouse
Mégara et de ses enfants, Héraclès (identifié avec
l'Hercule latin) dut exécuter les douze travaux (travaux d'Hercule).
Ainsi: il étouffa le lion de Némée; il tua l'hydre de
Lerne; il prit vivant le sanglier d'Erymanthe; il atteignit à la course
la biche aux pieds d'airain, de Cérynie; il tua à coups de
flèches les oiseaux du lac Stymphale; il dompta le taureau de
l'île de Crète, envoyé par Poséidon contre Minos; il
tua Dyomède, roi de Thrace, qui nourrissait ses chevaux de chair
humaine; il vainquit les
73 cousin, roi de Mycènes, qui lui recommande de
descendre dans les profondeurs pour lui ramener Cerbère, le chien
gardien des Enfers.
En envoyant Père-Des-Dieux chercher Mort, le vieillard
croyait qu'il ne reviendrait pas : « [Il] pensait que Mort me tuerait si
j'allais chez lui, parce que personne ne pouvait revenir s'il allait chez
lui» (IB : 18-19). De même, Eurysthée voulait faire
périr son cousin dont il enviait la gloire en lui demandant d'aller
enchaîner le terrible Cerbère :
Ce chien à trois têtes gardait l'entrée du
monde des morts. Il laissait entrer les ombres des défunts mais ne
permettait à personne de ressortir. Eurysthée fut très
fier de sa nouvelle idée : jamais Héraclès n'avait eu
à accomplir de travail aussi dangereux.153
Néanmoins, grâce à sa ruse, le
héros d'Amos Tutuola a réussi à ramener Mort sur sa
tête, comme Héraclès, grâce à sa force, a pu
ramener Cerbère sur terre entre ses mains. C'est bien ce dernier exploit
qui lui a permis de recouvrer sa liberté : « [Eurysthée]
cria à son cousin [...] de ramener le chien où il l'avait
trouvé et de ne plus se présenter devant lui.154»
Quant à l'Ivrogne, la promesse n'a pas pu être honorée,
« parce que [le vieillard] lui-même et sa femme s'étaient
enfuis précipitamment de [leur] ville.» (IB : 19)
Comme on le voit, les extraits ci-haut font preuve du plagiat
thématique de la part de Tutuola, qui emprunte à la mythologie le
thème du départ à la capture de la mort. Cerbère
n'est-il pas la mort même ? Les transformations en régime
sérieux qu'il opère ne manquent pas d'inscrire la
Amazones; il nettoya les écuries d'Augias en y faisant
passer le fleuve Alphée; il combattit et tua Géryon, auquel il
enleva ses troupeaux; il cueillit les pommes d'or du jardin des
Hespérides; enfin, il enchaîna Cerbère.
153 Eduard Petiska, op.cit., p. 75.
154 Ibid.
74 présence du mythe d'Héraclès dans son
roman, comme nous le montrent toujours les extraits suivants :
Eh bien, va dans les profondeurs et rapporte-moi le chien des
Enfers, Cerbère.155
Il me dit d'aller chercher Mort chez lui et de le ramener dans le
filet. (IB : 14)
Dans sa rage, le chien se jeta sur son adversaire. Celui-ci
écarta les jambes et serra le monstre entre ses mains. L'animal se
secoua en essayant désespérément d'avaler un peu d'air.
Mais le jeune homme ne desserra pas son étreinte tant que la bête
infernale ne fut pas matée. Puis, il remonta avec elle sur la
terre.156
[Mort] tombe dans le trou. Alors, sans plus de façons,
je l'enroule dans le filet et je le mets sur ma tête et je m'en vais vers
la maison du vieillard qui m'avait dit de lui ramener Mort. Tandis que je le
transportais sur la route, il faisait tous ses efforts pour s'échapper
ou me tuer, mais je ne lui en donne pas la possibilité. (IB : 18)
Le peuple de Mycènes s'enfuit à la vue
d'Héraclès, tirant derrière lui sa proie maudite. À
ce bruit, poussé par la curiosité, Eurysthée sortit de son
palais. Voyant le monstre à trois têtes, il se mit à
trembler d'effroi. Il rentra précipitamment au palais, claqua la porte
avant de la verrouiller soigneusement et cria à son cousin à
travers ce rempart de ramener le chien où il l'avait trouvé et de
ne plus se présenter devant lui [...]. Il rendit l'animal aux
Enfers.157
Quand j'arrive devant la maison du vieillard, il se trouvait
à l'intérieur, alors je l'appelle et lui dis que je ramenais Mort
qu'il m'avait dit de ramener. Mais aussitôt qu'il m'entend dire que
j'avais ramené Mort et qu'il le voit sur ma tête, il est
absolument terrorisé et il est pris de panique [...], alors il me dit de
le reporter (Mort) chez lui immédiatement et il (le vieillard) retourne
en hâte dans sa maison et se met à fermer toutes ses portes et
toutes ses fenêtres, mais [...] je jette Mort par terre devant sa porte
[...] et Mort s'échappe. Le vieillard et sa femme se sauvent alors par
les fenêtres et tous les gens de cette ville s'enfuirent également
de terreur et ils laissent en plan toutes leurs affaires. (IB : 18)
155 Eduard Petiska, op.cit., p.75.
156 Ibid.
157 Ibid.
75
Les fragments ci-haut présentent deux récits
comparables aussi bien sur le plan thématique que
diégétique. Dans L'ivrogne dans la brousse, l'auteur
reprend le mythe d'Héraclès dont il modifie
légèrement le dénouement. En effet, si
Héraclès rend Cerbère aux Enfers, Mort, lui,
s'échappe et manque d'endroit stable où habiter ; d'où sa
présence partout dans le monde. C'est un dénouement bien voulu
par Tutuola, qui tente une explication de l'omniprésence de la mort dans
le monde, touchant ainsi à l'une des fonctions essentielles du mythe,
son caractère étiologique : expliquer l'origine des choses et des
institutions.
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