CHAPITRE I : Le rapatriement de l'épargne par
les Burkinabéde l'étranger
Les études disponibles soutiennent que les
émigrés contribuent à la création de richesses dans
leur pays d'accueil par leur travail et les impôts qu'ils payent. Par
contre, à ce jour, aucune étude ne fait état de la
contribution exhaustive de l'émigration sur l'économie du pays
d'origine. Cependant, on n'ignore pas l'impact négatif que cette
émigration a sur l'économie dudit pays.
S'agissant du cas précis du Burkina Faso, on peut
observer que les émigrés sont en majorité jeunes et leur
départ constitue sans nul doute une diminution de la quantité de
travail disponible. En théorie, cette diminution de la maind'oeuvre
active va affecter négativement des agrégats comme le produit
intérieur brut et donc le revenu national et partant, la consommation et
l'épargne. La contraction de l'épargne et de l'investissement
entrave ainsi le financement de l'économie et par conséquent la
croissance économique.
Cette vision théorique de la migration contraste
cependant avec la conception classique de l'économie qui n'occulte pas
qu'il faille une utilisation rationnelle des facteurs de production que sont
notamment le travail et le capital dans le processus de développement.
Parlant du travail, la théorie classique dispose que la main-d'oeuvre se
déplace toujours des zones d'excédent d'offre vers celles qui en
expriment le besoin. Le Burkina Faso, pays sous-développé
à fort potentiel de main-d'oeuvre, où la jeunesse est
frappée par un inactivisme et un sous-emploi aux solutions difficiles
à trouver constitue une zone excédentaire d'offre de travail.
C'est pour cela que sa population se déplace dans l'espace en vue d'un
mieux-être économique, favorisée en cela par
l'environnement économique sous-régional. Autrement dit, le
facteur travail se déplace à la recherche d'une utilisation plus
rationnelle (emploi plus rémunérateur) ciblant les zones les plus
prospères. Par exemple le boom économique de la Côte
d'Ivoire dans les années 1970 offrait des perspectives d'emplois
salariés énormes et attirait de ce fait les populations rurales
voltaïques (90% de la population totale). D'ailleurs, celles-ci justifient
pour plus de 90% d'entre elles, leur migration par la recherche d'un travail
rémunéré.
Par cette mobilité, les émigrés
contribuent au développement du Burkina Faso de par les retombées
des emplois qu'ils exercent à l'étranger. Ces retombées
arrivent au pays sous forme d'épargne.
L'épargne emprunte des canaux divers (section I) et
porte des incidences énormes sur l'économie burkinabé si
on la compare à d'autres agrégats macroéconomiques
(section II).
Section I : Le rapatriement de l'épargne
On assimile l'épargne à la partie du revenu qui
n'est pas affectée à la consommation immédiate.
L'épargne que les Burkinabé de la diaspora rapatrient au pays
d'origine est constituée d'une partie des économies qu'ils font
sur leurs salaires et revenus, les salaires payés directement par les
employeurs et les transferts sociaux versés directement à ceux-ci
ou à leurs familles au Burkina.
Le transfert de ces fonds suit des canaux et mécanismes
divers avant d'être destiné à des emplois précis.
Cette section s'intéressera d'abord aux canaux de rapatriement de
l'épargne (paragraphe 1) et ensuite à l'évolution de
l'épargne dans le temps (paragraphe 2).
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